7ème Symposium Hitachi-Eurécom : la révolution mobile "ad hoc"

Posté jeu 13/11/2003 - 00:00
Par admin

Le thème "Technologies Mobiles pour la Société", tournera autour des réseaux "ad hoc", le "Peer to Peer" du monde mobile (27 novembre, CICA, Sophia Antipolis). Le Dr Stéphane Amarger, Hitachi (photo Une) et le professeur Christian Bonnet, Eurécom en expliquent les enjeux.

"Technologies Mobiles pour la Société - Présent et Futur" : c'est le thème du 7ème Symposium Hitachi-Eurécom qui a lieu le 27 novembre à partir de 8h30 à 17 heures au CICA de Sophia Antipolis (2229, route des Crêtes). Depuis sa première édition, ce Symposium s'est chargé d'explorer l'impact des technologies mobiles sur notre vie quotidienne, sur la vie en société. Cette année, l'accent sera mis sur les services que ces systèmes, conçus d'abord pour les besoins de l'individu, peuvent apporter à un groupe, une communauté, voire une société. Avec en vedette les réseaux mobiles ad hoc, une technologie qui est au mobile ce que le "peer to peer" est au PC. Christian Bonnet, responsable du Département de communication mobile d'Eurécom et le Dr Stéphane Amarger, directeur du laboratoire Hitachi Sophia, nous expliquent en quoi ce Symposium est original dans son organisation et surtout dans les thèmes et démonstrations qui seront développés cette année.- SNcom : Pourquoi un symposium Hitachi-Eurécom ?Christian Bonnet : Il y a sept ans, Hitachi est entré dans le groupement d'Eurécom. Les thèmes du symposium que nous avons alors lancé en commun reflétaient bien et reflètent toujours les préoccupations d'Eurécom : positionner les communications mobiles du point de vue technique et du point de vue de leur impact sur la société. En bref savoir ce que les communications mobiles changent dans la société. Ce séminaire offre également l'occasion de montrer les fruits de la collaboration entre Hitachi et Eurécom. La participation d'Hitachi au GIE (Groupement d'Intérêt Economique) n'est pas dormante. Elle se traduit par une stratégie de recherche commune. Hitachi a d'abord cherché à faire un banc d'essai pour voir si l'implantation d'un laboratoire sur Sophia Antipolis était possible. Cela s'est fait en octobre 2000. Le laboratoire compte actuellement 10 personnes. Aujourd'hui, ce partenariat est pour nous une "success story". Hitachi est partenaire dans le cadre de recherches, dans la formation donnée aux étudiants par des collaborateurs d'Hitachi dont certains sont issus d'Eurécom et bien sûr dans l'organisation de ce séminaire.- SNcom : Quels seront les thèmes dominants cette année du Séminaire? Christian Bonnet : traditionnellement les communications mobiles ont été positionnées au service de l'individu. Nous voulons montrer, à travers ce Symposium, qu'il existe une autre dimension : un positionnement au service d'un groupe d'individu, groupe qui peut être élargi à la société entière.- SNcom : Des exemples ?Stéphane Amarger : Il est possible d'offrir des moyens de rester connecté à son entreprise, d'être en liaison permanente avec des services d'information, de distribuer des informations à un certain nombre de personnes. Nous travaillons notamment sur les services d'urgence. Comment faire en sorte que des gens qui ont à se parler sur un même lieu puissent y arriver facilement. Lorsqu'ils viennent sur les lieux d'un sinistre, les sapeurs-pompiers, la police, les hôpitaux sont équipés chacun de leur propre système de communication. Des systèmes qui ne sont pas connectés entre eux. Pompiers, policiers, médecins ne peuvent donc pas communiquer entre eux en temps réel. Un problème de ce type s'est posé lors des incendies de forêts de cet été : les sapeurs-pompiers français ne pouvaient pas communiquer sur le terrain des incendies avec leurs homologues italiens appelés en renfort.- SNcom : Quel thème tiendra la vedette cette année ?Stéphane Amarger : les réseaux ad hoc avec des démonstrations de services appliquées à la société.Christian Bonnet : Le concept de réseau ad hoc (réseau "exprès", qui se créé spontanément dans un but donné), c'est le "peer to peer" du monde PC transposé dans le monde mobile. Quand on commence à offrir des services de communication qui ne réclament pas d'infrastructures, il est possible de concerner tout groupe d'individus cherchant une communication spontanée que ce soit sur un même lieu (l'exemple des différents services de secours intervenant sur un sinistre) ou en déplacement (l'exemple d'une flotte de taxis). On gagne ainsi en flexibilité et en spontanéité par rapport aux réseaux structurés et hiérarchisés. J'ajoute que les réseaux ad hoc ne sont pas concurrents mais complémentaires aux réseaux traditionnels.- SNcom : Concrètement, pouvez-vous nous aider à visualiser ce qu'est un réseau ad hoc ?Stéphane Amarger : Nous organisons une réunion dans un hôtel et nous devons échanger de la documentation sur des portables. S'il faut passer une heure pour configurer chaque portable et procéder aux échanges, cela ne se fera pas. Si l'on passe en mode ad hoc, il est possible de créer presque instantanément un réseau exprès et partager des dossiers sur portables, PDA ou mobiles. Une couche logicielle rajoutée permet de définir le groupe, d'accueillir de nouvelles personnes, etc. Certes, ces échanges de documents pouvaient être faits auparavant par infrarouge. Mais ce système ne fonctionne que de point à point. C'est à dire que dans notre exemple, à partir du portable sur lequel se trouve la documentation, il faudrait charger, un par un, chaque autre portable. Avec les réseaux ad hoc, le portable "source" peut fournir en même temps, tous les autres portables.Christian Bonnet : une différence aussi avec Wi-Fi qui joue aussi les réseaux ad hoc (appelés d'égal à égal en français). La carte Wi-Fi de votre portable peut en effet entrer en relation avec d'autres cartes Wi-Fi. Mais elle ne peut pas servir de relais. Dans le cas des réseaux ad hoc mobiles, votre appareil, s'il est bien sûr en veille, peut servir de relais pour atteindre un autre appareil trop distant pour être atteint directement. Ainsi, pour des flottes de taxis, le réseau se reconfigure en permanence, chaque taxi pouvant atteindre d'autres taxis que la distance ne lui permettrait pas de joindre en direct mais que un ou plusieurs relais mettent à sa portée. Dans le cas du Wi-Fi, c'est votre terminal qui est ad hoc; dans le cas des réseaux mobiles, c'est le réseau lui même qui est ad hoc.- SNcom : Sur ce thème, qu'est ce qui sera présenté lors du symposium ?Christian Bonnet : nous allons présenter des services pour la société autour de la sécurité civile et de la sécurité publique. Seront notamment mis en avant tous les produits de recherche sur les technologies ad hoc. Des produits qui doivent être instantanés. Nous allons parler également de la gestion de ces technologies. Nous faisons communiquer des gens qui ont des appareils différents, des systèmes de sécurité différents. Il faut gérer de manière transparente cette hétérogénéité du réseau. Sur un LAN (Local Area Network), les équipements sont en effet identiques. Mais sur un réseau ad hoc, chacun vient avec ce qu'il a.- SNcom : Y aura-t-il des démonstations ? Stéphane Amarger : Il y aura des démonstrations techniques. Nous montreront des systèmes qui fonctionnent déjà. Une démonstration vient du Japon sur un processus multimédia permettant de gérer des images et du son. Ce qui nous permet d'imaginer des visioconférences sur réseau ad hoc. Une autre démonstration, conjointe Hitachi et Eurécom, montrera comment un réseau ad hoc se créé, comment diffuser des données, comment un terminal se connecte ou se déconnecte au réseau sans casser l'ensemble.Christian Bonnet : Ce qui nous intéresse dans les réseaux ad hoc, c'est ce qui permet à un groupe de personnes de communiquer d'une manière spontanée, d'entrer et de sortir sans perturber le réseau. Chaque élément du réseau ici fait office de récepteur et transmetteur et peut relayer l'information. Si une machine tombe, le réseau se reconfigure automatiquement. On peut bien sûr se demander à quoi sert cette technologie. C'est là le but de notre symposium. Quels types d'applications, de services pour les réseaux ad hoc ? La réflexion sera ouverte le 27 novembre.

Jean-Pierre  Largillet

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