Air Littoral : le scénario de la reprise vire au noir

Posté ven 28/11/2003 - 00:00
Par admin

Seven Group, le repreneur, n'a toujours pas injecté les 6 millions d'euros promis. Alors que des doutes apparaissent sur sa capacité financière, le secrétaire d'Etat aux transports a lancé un ultimatum, déclarant qu'il était prêt à aller jusqu'à la suspension de la licence d'exploitation.

Tout semblait bien ficelé pour une reprise sinon exemplaire, tout au moins viable et porteuse de promesses pour l'avenir. Quand début novembre Seven Group se voit accorder la reprise d'Air Littoral par le tribunal de commerce de Montpellier, des ouf de soulagements sont poussés. Même si ce passage de relais laisse près d'un tiers des effectifs sur le carreau. La solution Seven Group semble d'autant plus intéressante qu'une synergie est possible (notamment sur l'aéroport de Nice Côte d'Azur) avec la compagnie aérienne italienne Azzura que le fonds d'investissement britannique vient d'acquérir. Une synergie qui a d'ailleurs commencé à jouer puisque c'est Azzura qui a repris les vols d'Air Littoral au départ de Nice vers la Corse.Dominique Bussereau se dit prêt à se fâcher très vite et très fortAir Littoral, dans la foulée, reçoit sa licence d'exploitation. Le problème semble désormais réglé : la catastrophe industrielle et sociale a pu être limitée; cette remarquable compagnie aérienne au coeur même par son hub régional de la stratégie de l'aéroport international azuréen n'allait pas connaître le triste sort d'Air Lib ou plus récemment d'Aeris, deux sociétés qui ont disparu corps et bien. Reste qu'en début de semaine, ce scénario semi rose a commencé à s'obscurcir. Première alerte qui a franchi le cercle des initiés avant-hier quand Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat aux Transports, a haussé le ton pour demander à Seven Group de respecter l'accord financier.Le fonds d'investissement s'était engagé à mettre 11 millions d'euros au capital d'Air Littoral. Il avait, à la mi-novembre obtenu un délai : 6 millions d'euros de suite et le reste "le plus tôt possible". Mais les 6 premiers millions d'euros n'ont toujours pas été versés. Dominique Bussereau, hier soir, a poussé la menace un peu plus loin. A l'occasion d'une rencontre avec l'Association des journalistes ferroviaires, il a déclaré qu'il était prêt à "se fâcher très fort", si les 6 millions d'euros n'étaient pas versés "dans les heures qui viennent". Très fort et rapidement. Le secrétaire d'Etat ajoutait qu'il pourrait décider de renvoyer dès ce soir vendredi ou au plus tard lundi matin, le dossier devant le tribunal de commerce de Montpellier et aller même jusqu'à une suspension de la licence d'exploitation. Ce qui signifierait qu'Air Littoral devrait suspendre ses vols.Dissensions internes sur la stratégie d'Air Littoral-AzzuraSimple péripétie ? Pas forcément. Car désormais une question semble se poser avec plus d'acuité : Seven Group a-t-il seulement les moyens de verser l'argent ? Quelques éléments recueillis ces derniers temps sèment le doute. Seven Group est bien à la Bourse de Londres mais l'action est suspendue depuis le 29 septembre. Le quotidien Libération, souligne aussi que "l'actionnariat de 7 Group n'est pas connu" comme le notait d'ailleurs fin octobre le rapporteur du Conseil supérieur de l'aviation marchande. Enfin, il semble que des dissensions aient surgi au sein même du fonds d'investissement sur la stratégie à suivre pour bâtir une "compagnie aérienne régionale de dimension internationale" à partir d'Air Littoral et d'Azzura. Mario Palmonella, le Pdg, qui avait été l'artisan de la reprise et de la stratégie de synergie aurait été écarté, tandis que Dominic Attard, directeur général d'Azzurra et administrateur d'Azzurra-Air Littoral, "est hospitalisé à Malte pour une syncope."Ce sont là autant d'incertitudes qui ne portent pas à l'optimisme. D'autant plus que tout le monde a en mémoire le désastre d'Air Lib, volant vers le mirage du repreneur hollandais. En attendant, les licenciements sont lancés à Air Littoral. Le fait que Seven Group ait annoncé qu'ils ne porteraient que sur 230 équivalents temps avec une proposition de 61 reclassements internes, contre 350 initialement annoncés n'a plus aujourd'hui l'impact d'une bonne nouvelle. De nouveau, c'est l'ensemble des salariés qui craint pour son emploi. A Nice, Air Littoral représente à elle seule 350 emplois direct et une centaine d'emplois indirects, emplois qui risquent de se retrouver de nouveau dans la tourmente.

Jean-Pierre  Largillet

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