Antibes : la marche sans fin de l'humanité

Posté ven 25/08/2000 - 00:00
Par admin

C'est au musée Picasso à Antibes qu'il convient de se rendre, de préférence à pied, jusqu'au 15 octobre pour se voir dans la position du marcheur à travers le regard d'une pléiade d'artistes incontestés. Un premier volet qui s'est ouvert le 30 juin dernier va de Rodin à Giacometti. Puis du 4 novembre au 14 janvier 2001, un second volet sur le même thème passera de Warhol à Nauman.Marcher, une étape décisive du progrèsQu'on ne s'y méprenne pas. La fonction de marcher a représenté une étape décisive de l'évolution de l'humanité, plus précisément dans le passage de l'homo erectus à l'homo sapiens. La vision de l'artiste au 20ème siècle comme précédemment dans l'antiquité ou pendant la période très féconde de la Renaissance, va bien au delà d'un art simplement descriptif ou d'une représentation. Comme le souligne un texte de Patricia Falguières mis en exergue par les organisateurs de l'exposition, 'il y a entre l'art et la marche et en général toutes les formes de mouvement, une relation qui ne relève pas de la 'représentation' mais de l'homologie et qui touche à la question de la technique ou du mode humain de reproduire'.La marche évoque un trajet avec son environnement qui fut jadis essentiellement un environnement rural comme en témoignent les dessins du vénitien Jacopo Bellini. Daniel Arasse dans son 'Esquisse pour une histoire de la marche' citée dans la présentation de l'exposition, y voit l'expression de la différence de classe sociale entre le militaire qui se déplace à cheval et les paysans qui marchent à pied. Selon Arasse, la marche serait ainsi devenue à travers l'art, l'expresssion d'une condition terrienne et non plus terrestre.La marche, concept philosophiqueQu'il s'agisse de l'homme de Néanderthal, de celui de Pékin ou de Java, ou encore de l'australopithèque, leur représentation à partir des restes fossiles mis à jour par les paléontologues, évoque irrésistiblement les sculptures de Germaine Richier ou de Giacometti. Il est vrai que tous ces artistes ont été marqués par les découvertes de leur époque dans la première moitié du 20ème siècle.Les développements cinétiques de gravures rupestres comme on en trouve par exemple dans le Larzac, évoquent la marche. Il n'est donc pas étonnant qu'à partir de ces gravures, la paléontologie ait reçu une traduction artistique, cordon ombilical de notre existence par delà les siècles.

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