Bernard Kleynhoff : un industriel à la barre de la CCI Nice Côte d'Azur

Posté jeu 22/09/2011 - 10:41
Par admin

Il a pris l'an dernier, à 57 ans, la présidence de la CCI Nice Côte d'Azur. Avec lui, c'est un industriel qui désormais pilote la Chambre de Commerce…et d'Industrie. Spécialiste de l'image et du management, Dominique Perron Rousset dresse dans un de ses "Entretiens Privés", le portrait d'un homme de conviction, au parlé direct et axé en priorité sur l'action.

Bernard Kleynhoff : un industriel à la barre de la CCI Nice Côte d'Azur

Avec Bernard Kleynhoff, c'est un industriel qui a pris l'an dernier la barre de la CCI Nice Côte d'Azur. Un industriel "engagé" pourrait-on ajouter. Car il ne s'est pas contenté de développer à Carros deux entreprises industrielles (Berkley Packaging, pour tôlerie et caissonnage et Berkley Peintures, pour thermo laquage). Homme de conviction, au parlé direct, axé en permanence sur l'action, il s'est attaché à la redynamisation de l'industrie azuréenne en participant dès 1996 à la création de l'APPIM (Association des Partenaires pour la Promotion Industrielle Méditerranée), association qu'il a ensuite présidée.

Une action qui s'est intensifiée quand Christian Estrosi a été ministre chargé de l'Industrie. Bernard Kleynhoff a alors piloté dans les Alpes-Maritimes les Etats-Généraux de l'Industrie, faisant de la Côte d'Azur l'un des laboratoires français de cette opération, ainsi que la rédaction d'un Livre Blanc de l'Industrie Azuréenne. Autant d'initiatives qui lui ont apporté une connaissance approfondie du tissu industriel et économique régional mais également de la sphère politique. Fondatrice de Tara Communication, cabinet conseil en image et management spécialisé en communication financière, Dominique Perron Rousset livre dans sa série des "Entretiens privés", un portait de ce décideur azuréen. Elle s'est attachée bien sûr à l'image du président de la CCI, mais d'autres angles sont abordés à travers son parcours, ses réponses aux questions d'actualité ou au traditionnel Questionnaire de Proust.

 

L’ENVIRONNEMENT

Nice. Le temps est superbe, la barrière se lève et je me gare à côté de la voiture du président. J’entre dans le magnifique hall d’entrée de cet ancien palais qui est devenu la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Côte d’Azur. Sol en marbre, huit colonnes majestueuses au rez-de-chaussée, grand escalier décoré par un vitrail; au 1er étage sol en mosaïque colorée, huit autres colonnes et une très élégante balustrade en fer forgé.  

Bernard KLEYNHOFF vient m’accueillir. Son bureau est frais ce qui contraste avec la coursive empruntée. Dans cette belle pièce carrée chaleureuse de couleur jaune, trois espaces sont bien délimités : son meuble de bureau fonctionnel, le salon en cuir bordeaux et une table de réunion où nous nous installons. Quand je lui demande s’il a fait effectuer quelques aménagements personnels, il me montre le beau parquet de bois ciré et me dit qu’il le préfère à la moquette.

AU  SEIN  DE  LA  CCI

Comment pensez-vous être perçu ?

Je pense être perçu comme quelqu’un qui veut réaliser des « choses » et qui est près de ses collaborateurs. Je veux, vraiment, faire évoluer cette belle maison qu’est la CCI, lui donner une nouvelle dynamique vers son cœur de métier, c'est-à-dire le développement économique des entreprises et l’attractivité du territoire.

Comment êtes-vous vraiment ?

Exactement, comme vous me voyez ! (rires). En fait, je crois que ce qui me caractérise le plus, c’est que j’aime travailler en équipe. J’aimerais, également, voir aboutir les objectifs ambitieux définis pour 2015.

Comment souhaiteriez-vous être perçu ?

Comme je le suis, en fait. Un mot  est important pour moi : « LE  TRAVAIL » …, alors je donne l’exemple. Je suis dans mon entreprise de 7h à 12h30 tous les jours sauf lorsque j’ai une obligation par ailleurs. Après, je suis à la CCI avec toutes les réunions du bureau, les comités sectoriels et bien d’autres tâches, exactement comme dans le fonctionnement classique d’une entreprise de  410 personnes.

AUPRES  DE  SES  PAIRS

Quelle image les entrepreneurs ont-ils de vous, à votre  avis ?

C’est plutôt à eux qu’il faut poser cette question mais, sans aucun doute, je pense qu’ils me perçoivent comme un homme ayant une grande capacité d’entraînement. J’aimerais bien qu’ils me voient, également, un peu moins abrupt dans une « certaine » communication, il est vrai que je ne parle pas avec « la langue de bois » et cela ne plait pas à tout le monde (rires).

Qu’aimeriez-vous changer ?

Rien car, comme dirait Coluche « On se trouve toujours bien puisque c’est nous même qui nous jugeons avec nos critères ». Evidemment, ce n’est pas une preuve d’autocritique (rires). En y réfléchissant, peut-être, améliorer ma communication comme je l’ai dit toute à l’heure, j’aimerais vraiment beaucoup avoir plus de temps dans les échanges avec les entreprises,  cela me permettrait de favoriser le partage de toutes nos ambitions.

SON  PARCOURS

Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous présenter à la présidence de la CCI ?

Ce que l’on pouvait y faire. Conduire de vrais projets et une véritable ambition pour la CCI, pour qu’elle soit l’acteur économique incontournable du territoire, comme elle l’a souvent été. Les lois de décentralisation ont donné de l’appétence aux collectivités territoriales pour intervenir dans le développement économique avec des compétences acquises depuis deux siècles. Cela ne se met pas en route tout seul.  Sur cette lancée, nous nous appuyons sur nos différents observatoires avec une vision globale du territoire. Je souhaite accentuer le  développement et les services de la CCI pour nous faire connaître et donner envie aux entreprises de nous solliciter bien plus souvent.

Nous avons un défi à relever : réussir la mise en œuvre de la reforme des réseaux consulaires (CCI territoriales, métropolitaines et de régions).

Qu’en attendez-vous et que souhaiteriez-vous apporter aux entreprises ?

L’aide et l’appui qu’elles sont en droit d’attendre de la part de notre Institution. Je pense aux actions collectives d’accompagnement telles que la gestion de l’énergie, la gestion des déchets, le développement à l’international, la veille de la réglementation et technologique et aussi de nombreux autres sujets.

Quel challenge, souhaiteriez-vous relever, pour vous-même ?

De réussir dans la mission qui m’a été confiée, du moins en partie. En partie parce que nous sommes dans un système d’établissement public, avec une structure qui a son poids (plus de 400 personnes) et nous n’avançons pas aussi vite que nous le souhaitons. Si je devais citer un seul projet, que je désire voir à tout prix réussir, ce serait : le campus de l’apprentissage. A ce jour, je suis sûr que l’apprentissage à tous les niveaux du CAP au BAC + 5 est le meilleur moyen d’intégrer les jeunes dans la vie professionnelle

Dans les moments difficiles, que faites-vous ?

Dans tous les cas que se soit à titre privé ou à titre professionnel, je travaille d’abord et ensuite je dors (rires). Je dors parce qu’il est nécessaire que les idées fassent leur chemin dans notre esprit. Les décisions à chaud sont rarement les bonnes. J’ai besoin, également, de parler avec mes proches, cela me donne la possibilité d’exprimer la problématique le plus clairement possible. Ne dit-on pas qu’un problème bien posé est à moitié résolu ? En fait, mes proches me servent de miroir.

LES  QUESTIONS  D’ACTUALITE

Vous avez contribué à la mise en œuvre des états généraux de l’industrie (voir le Livre Blanc de l’industrie azuréenne), cela va-t-il se poursuivre sur la côte d’azur ?

Oui, tout à fait. Dans le livre blanc des Alpes Maritimes nous avons a fait 35 propositions et il nous appartient de les mettre en œuvre. Je citerais comme exemple :

La maison de l’industrie (tout est clair dans le livre blanc) avec 2 points particuliers :

  • La revalorisation de l’image de l’industrie manufacturière qui est loin d’être morte (55 % des emplois créés en France en 2010 ont été créés dans l’industrie).
  • Le made in Côte d’Azur. En effet, sur la Côte d’Azur, il y a de très nombreux produits fabriqués localement (MECATRONIC), il est impératif de le faire savoir et de l’encourager d’avantage.

Maintenant à la tête de la CCI, allez-vous pouvoir continuer le mouvement qui a été initié ?

Oui, non seulement le continuer mais l’amplifier car au sein de notre CCI, nous avons l’ensemble des compétences pour mettre en œuvre toutes les propositions du livre blanc de l’industrie des Alpes Maritimes.

Il y a une recrudescence de la crise, pensez-vous que cette conjoncture générale a déjà impacté notre région et comment voyez-vous notre avenir dans les Alpes Maritimes ?

Quelle crise ? S’il s’agit de la crise "virtuelle", qui touche la sphère financière, c'est de la politique et ce n’est pas franchement mon truc. Quant à la crise de l’économie réelle, il y a un écart entre la réalité et sa perception. Nous devons remettre l’entreprise et le travail au centre de nos préoccupations. Pour aller dans ce sens, j’ai envie de citer Tony Blair « Vous devez aimer vos chefs d’entreprises comme vous aimez vos footballeurs ».

En ce qui concerne, les Alpes Maritimes, bien sur que cette crise nous a impacté même si cela se fait avec un petit décalage dans le temps. Nous le retrouverons d’ailleurs, au moment de la reprise. Si dans certains cas c’est un inconvénient, c’est la petite taille de la majorité de nos entreprises qui nous permet une réactivité plus importante. En période de crise cela peut devenir un sacré avantage.

La CCI est, par essence, un organisme politiquement neutre. Comment vous situez-vous et que faites-vous dans ce sens ?

Nos partenaires que sont toutes les collectivités territoriales peuvent en témoigner mieux que moi puisque nos actions sont conduites en partenariat indépendamment  des colorations politiques. Notre ligne politique se développe en 3 mots, Commerces, Industries et Services.

Là encore, je vais citer Tony Blair « Il n’y a pas de politique de gauche ou de droite, il y a une politique qui marche ou qui ne marche pas ». Le développement ne se fait pas avec des dogmes.

 

Le questionnaire de Proust

Les thèmes

Le principal trait de mon caractère : la volonté

Mon principal défaut : la volonté

Ce que j’apprécie le plus chez mes amis : la fidélité

Mon rêve de bonheur : ma famille

La couleur que je préfère : le bleu parce que c’est la couleur de l’industrie (rires)

La(es) fleur(s) que je préfère : celles que j’offre à ma femme

Mes auteurs favoris : Je ne lis pas assez mais cela intéresse-t-il quelqu’un ?

Un livre que j’ai beaucoup aimé : "La confrérie des éveillés" de Jacques ATTALI

Mon compositeur préféré : Jacques BREL

Mon(es) peintre(s) favori(s) : ma femme

Ce que je déteste par dessus tout : le mensonge

Qu’aimeriez-vous avoir réussi dans votre vie ? : éviter le décès des gens que j’aime

A ce jour, qu’auriez-vous aimé changer dans votre vie ? : rien

 

Les impressions de DPR

Ce que j’ai aimé

  • Sa sensibilité qu’il cache si bien derrière une communication « abrupte » et qui lui donne sa volonté féroce (rires) et sa force.
  • Sa  pudeur toute en nuance.

Ce que j’ai moins aimé

  • Le manque de climatisation dans l’espace d’attente.

+ d'infos

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