Cannes 2016 : avec « Café Society », Woody Allen ouvre de belle manière une édition très prometteuse

Bien que toujours réfractaire à l’idée même de compétition dans le cinéma, Woody Allen est un habitué du Festival de Cannes puisque « Café Society », qui fait ce soir l’ouverture de l’édition 2016, est son quatorzième film à être présentée sur La Croisette. Déjà l’an dernier avec « L’Homme irrationnel », Woody Allen avait démontré que son retour aux Etats-Unis, après quelques escapades en Europe pour y tourner plusieurs films, lui avait plutôt bien réussi. Un sentiment renforcé avec « Café Society » dans lequel il retrouve aussi sa ville fétiche : New York avec une histoire se déroulant dans les années 30.

New York versus Los Angeles

New York, une ville que, lassé de travailler dans la bijouterie de son père, commence par quitter le héros du film pour tenter sa chance à Los Angeles où son oncle, un puissant agent de stars, finit par l’engager comme coursier. Même s’il se voit confier des missions de plus en plus importantes, Bobby Dorfman (Jesse Essenberg) comprend vite que la vie à Hollywood n’est pas faîte pour lui et il propose à Vonnie (Kristen Stewart), l’assistante de son oncle dont il est tombé amoureux, de repartir avec lui à New York pour mener une vie de bohème à Greenwich Village. Il y retournera bien, mais seul car même si elle l’aime, Vonnie n’a pas su résister à son ancien amant qui s’est enfin décidé à quitter sa femme pour l’épouser.

L’univers de la Café Society

De retour à Manhattan, il travaille dans une boite de nuit dirigée par son gangster de frère, où il ne tardera pas à se rendre indispensable et à attirer les membres les plus éminents de la « Café Society », ces hommes politiques, riches entrepreneurs, stars et séducteurs qui firent le succès des clubs new yorkais à la mode. Fasciné par cet univers qui fût la marque de l’une des périodes les plus exaltantes de la ville, Woody Allen s’y attarde pour brosser à travers elle le portrait d’une époque. Conçu comme un roman, le film est aussi une saga familiale qui permet au cinéaste d’exceller comme toujours lorsqu’il dépeint avec humour les caractéristiques d’une famille juive.

Des choix qui font basculer une vie

Mais « Café Society » est également une histoire d’amour douce- amère dans laquelle les personnages s’interrogent sur leurs choix et la voie qu’ils ont empruntée. Le film pose la question de savoir ce qui aurait pu se passer si Vonnie avait pris une autre décision et avait choisi de suivre Bobby à l’avenir encore incertain, plutôt que son ancien amant déjà bien installé dans la vie. Lumineuse, Kristen Stewart donne corps à ce dilemme qui pour Woody Allen reflète bien des choix qu’on est tous amené à faire fréquemment dans la vie. Si Vonnie avait opté pour Bobby, quand il était temps, ils seraient ensemble alors qu’ils ne peuvent plus être réunis qu’en rêve.

Au final, « Café Society » est une belle réussite et Woody Allen nous a livré un film pétillant digne de l’âge d’or des comédies américaines. Si le Festival de Cannes 2016 est dans la lignée de son film d’ouverture, il s’annonce sous les meilleurs auspices malgré les prévisions météo qui risquent de perturber ce soir la première montée des marches.