Cannes 2016 : Marion Cotillard irradie le « Mal de pierres »

Si, malgré quelques prestations remarquables comme dans « De rouille et d’os » de Jacques Audiard ou « Deux jours et une nuit » des frères Dardenne, elle n’a jamais récolté de lauriers sur la Croisette, Marion Cotillard devient une habituée du Festival de Cannes puisqu’avec « Mal de pierres » de Nicole Garcia, présenté hier, c’est la cinquième année consécutive qu’elle joue dans un film en compétition, sans compter d’autres venues hors compétition dans des films de Woody Allen ou de Guillaume Canet. Elle remontera d’ailleurs de nouveau les marches cette année puisqu’elle est également à l’affiche du film de Xavier Dolan « Juste la fin du monde ». De quoi multiplier ses chances de figurer au palmarès, qui sont déjà grandes si l’on en juge par sa prestation éblouissante dans « Mal de pierres ».

A la recherche de « la chose principale »

Le film de Nicole Garcia raconte l’histoire de Gabrielle (Marion Cotillard) qui, dans les années 50, a grandi en Provence au sein de la petite bourgeoisie agricole où son rêve de passion absolue fait scandale. Elle dérange et on la dit folle au point que sa mère, qui dirige le domaine agricole d’une main de fer, souhaite la faire interner. Pour échapper à ce triste sort, elle accepte un mariage arrangé avec un ouvrier saisonnier chargé de faire d’elle une femme respectable. Elle n’abandonne pas pour autant sa quête du grand amour qu’elle nomme « la chose principale », d’autant plus que, lorsqu’elle part en cure pour soigner des calculs rénaux (le « mal de pierres »), celui-ci semble se présenter sous les traits d’un beau Lieutenant (incarné par Louis Garrel), revenu gravement blessé de la guerre d’Indochine et rongé par la maladie. L’amour, le vrai, est enfin à portée de mains, mais n’est-ce pas qu’un rêve ?

Marion Cotillard éblouissante

Marion Cotillardincarne à merveille cette femme prête à mourir si elle n’est pas en mesure de vivre un amour quasi mystique. Nicole Garcia a eu raison d’attendre qu’elle se libère de ses projets américains pour tourner son film car, sans en faire des tonnes, mais au contraire tout en retenue et en fragilité, Marion Cotillard parvient avec sensualité à donner corps à son personnage à la fois sauvage et habité d’une folie destructrice. Même si elle est omniprésente dans le film, Marion Cotillard est très bien entourée par ses deux partenaires masculins : Louis Garrel, tout en sobriété dans le rôle d’un militaire désabusé qui a rendu les armes face à la maladie, mais aussi l’acteur espagnol Alex Brendemühl, parfait en mari prêt à accepter beaucoup de choses par amour pour sa femme qui pourtant le lui rend bien mal.  

Rendons aussi justice à Nicole Garcia qui a su tirer le meilleur parti de son trio d’acteurs pour livrer un beau film émouvant qui déjà a reçu un bien meilleur accueil que « Selon Charlie » lors de sa dernière venue en compétition au Festival de Cannes en 2006. Pour elle, et surtout pour Marion Cotillard, le jury présidé par George Miller a encore la possibilité de faire beaucoup mieux dimanche lorsqu’il dévoilera le palmarès de l’édition 2016.