Emploi high tech : bientôt la pénurie

Posté mar 14/03/2000 - 00:00
Par admin

Dans les Alpes-Maritimes, le secteur des nouvelles technologies ne connait pas la crise. Les entreprises s'arrachent certains profils, de plus en plus courtisés.

L'Agence nationale pour l'Emploi a un peu de mal à identifier et à classifier les nouveaux métiers de la Net Economie. Ils sont regroupés dans les catégories 'professionnels de l'informatique', c'est à dire 'informaticien d'exploitation', 'informaticien d'étude', 'informaticien expert' et 'organisateur informaticien'.'Dans toutes ces catégories,note Michel Lesné, chargé de mission au sein de l'ANPE Alpes-Maritimes, on note une forte croissance des offres d'emplois entre 1998 et 1999. Le nombre d'offres est généralement supérieur au nombre de demandes, et ce phénomène s'accentue.'Le plus grand nombre d'offres comme de demandes se trouve dans la catégorie 'informaticien d'étude' (696 offres, 352 demandes en 99).'Les secteurs qui recrutent le plus dans le département sont d'une part l'informatique, d'autre part l'intérim. Pour les emplois dans l'informatique, 70% des demandeurs ont un niveau de formation de Bac+2 minimum. A noter également, la part importante du département des Alpes-Maritimes concernant ce secteur dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Il arrive second (31%) derrière les Bouches-du-Rhône (41%).'Cherche webmaster...'On note une forte demande d'emplois spécialisés liés à la communication et à Internet', ajoute Jean-Paul Baudoin, directeur de l'Espace Cadres de l'ANPE. 'Par exemple des métiers comme webmaster, ou des formations spécifiques à des outils comme Linux. Tous les emplois qui concernent l'animation on line de sites et le développement de téléphones portables de troisième génération sont très prisés. Dans ces emplois, une bonne maîtrise de l'anglais et une grande aisance dans la pratique de l'informatique sont bien sûr indispensables. La plupart des entreprises qui recrutent sont basées à Nice, notamment à l'Arénas, et à Sophia Antipolis.'Selon ces deux experts, on va vers une pénurie de main-d'oeuvre pour certains types de postes : 'On n'en n'est pas au stade des Etats-Unis,fait remarquer J.P Baudoin, où l'on assiste comme dans la Silicon Valley à une surenchère des salaires, où les entreprises rivalisent d'avantages offerts pour séduire et garder leurs salariés (primes, crèches, assurances santé, stock-options...). Mais pour certains postes, les salaires se négocient de plus en plus à la hausse, les emplois sont de plus en plus à durée indéterminée et le débauchage inter-entreprises devient monnaie courante. Ne trouvant pas forcément localement les perles rares recherchées, les entreprises vont les chercher dans toute la France, voire à l'étranger.'La tranche des 25-45 ans est celle qui tire le mieux son épingle du jeu : 'Les start-ups ont tendance à recruter des gens jeunes, naturellement ceux qui sont le plus 'branchés' high tech. Si la plupart des embauchés ont un niveau de qualification élevé, il existe des opportunités à niveau Bac+2 pour des jeunes qui font preuve d'une grande habilité dans le maniement des outils informatiques et multimédia.'Le high tech pas machoLa parité règne-t-elle dans le monde high tech ? Il serait moins 'macho' que des secteurs plus traditionnels : 'La sous-représentation des femmes tient au fait que les jeunes femmes choisissent encore en minorité des formations techniques et scientifiques. Les entreprises sont souvent demandeuses de cadres féminins, dans un souci d'équilibre des sexes.'Même son de cloche positif chez Alexandre Tic, l'un des grands cabinets français spécialisé dans le recrutement ( /www.alexandretic.com">Alexandre Tic). 'L'emploi se porte bien dans le domaine des nouvelles technologies', remarque Eric Pereira, du bureau de Nice.'Le profil le plus recherché est celui de développeur, en informatique de gestion ou de réseaux comme dans les télécom. De nombreuses demandes portent sur des compétences spécifiques, comme en informatique la connaissance du langage orienté objet, pour des applications liées aux réseaux ou à la banque, ou encore le design en micro-électronique pour des entreprises comme Philips-VLSI, Siemens ou Texas Instruments. Parler anglais est souvent une condition sine qua non.' 'On remarque dans l'ensemble une forte demande sur des postes proposés à des gens jeunes, où le niveau d'expérience est faible. Cela s'explique par la présence ici d'une majorité de centres de développement : les sièges sociaux se trouvent souvent ailleurs, il y a moins de besoins concernant des postes de haut management, de marketing ou de communication.'Certains cherchent à profiter de la pénurie : 'On voit des jeunes sans expérience faire preuve d'exigences déraisonnables.'Eric Pereira confirme les chances des femmes : 'Au contraire, à compétence égale une femme trouve plutôt plus facilement un emploi.'Autre tendance du secteur, le développement d'Internet comme outil de recherche d'emploi et de recrutement : 'Internet facilite l'internationalisation des embauches et la rapidité des contacts, même s'il ne dispense pas d'un processus normal de recrutement'.Les start-ups recrutent à tout vaDe nombreuses start-ups de la région sont en phase de recrutement. Metrix, par exemple, société spécialisée dans la gestion de réseaux implantée à Sophia Antipolis, compte doubler son effectif d'ici la fin d'année. 'Nous sommes vingt-cinq pour l'instant,explique Sonia Talamelli, responsable des ressources humaines. Je suis en train de recruter une dizaine de personnes : deux ingénieurs, deux techniciens bac+2 pour notre hot-line, deux commerciaux basés dans la région et un commercial pour l'Allemagne... Pour des postes-clés comme notre futur directeur commercial mondial, nous travaillons avec un cabinet de recrutement. Pour les autres postes, je passe des annonces, souvent sur Internet.'La moyenne d'âge est de trente ans, et Metrix compte 7 femmes sur 25 : 'Je m'efforce de rétablir l'équilibre, mais dans la population d'ingénieurs on trouve encore une majorité d'hommes'.Les critères d'une start-up sont souvent différents de ceux d'une grande entreprise. 'Au-delà du diplôme et de l'expérience demandée, la personnalité compte beaucoup pour nous. Nous recherchons des gens autonomes, flexibles, capables de s'intégrer. Dans une petite équipe, c'est important de partager le même état d'esprit. Notre exigence globale, c'est la maîtrise parfaite de l'anglais, car notre clientèle est surtout américaine. Nous avons diverses nationalités dans l'équipe, et nos réunions se font en anglais.'Depuis que Metrix a quitté le Luxembourg pour la Côte d'Azur, le recrutement est plus facile : 'A la fois parce que nous attirons facilement ici des gens venus du monde entier, et parce que nous trouvons localement les profils qui nous intéressent. Par exemple nous avons l'intention d'embaucher un étudiant de l'ESSI qui a fait son stage chez nous.'Cherche créatif multimédia...Les jeunes sont manifestement attirés par un emploi dans une start-up : 'Tous nous disent préférer l'ambiance d'une petite structure à celle d'une grosse. Ici chacun est responsable de son travail et libre de gérer son temps, avec des périodes d'activité intenses et des possibilités de temps libre. Il n'y a pas de pointeuse !'Chez Realviz, le recrutement bat son plein. 'Nous recrutons des ingénieurs spécialisés dans le développement de logiciels et des commerciaux', témoigne Dominique Pouliquen, le pdg. 'Nous recrutons beaucoup localement : des diplômés de l'Essi, de l'Isia, des doctorants de l'Inria... Il y a un bon vivier local d'ingénieurs généralistes. Nous avons également embauché des diplômés du Ceram. Ce n'est pas facile en revanche de trouver des bons créatifs multimédia. Nous recherchons quelques 'moutons à cinq pattes' : un chef de projet qui connait à la fois le support technique et la 3D, un rédacteur technique...'Avis aux candidates : 'On ne demanderait pas mieux que d'avoir plus de femmes dans l'équipe !'

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