Fondation Maeght : Eros figuratif, Eros abstrait

Posté mar 22/08/2000 - 00:00
Par admin

Une soixantaine d'artistes majeurs réunis jusqu'au 30 octobre autour du thème du 'Nu au XXème siècle'. Une exposition dont la qualité a enthousiasmé Jean-Claude Courdy.

La /www.musexpo.com/france/maeght/index.html"> Fondation Maeghtà Saint Paul de Vence présente jusqu'au 30 octobre prochain une exposition thématique : Le Nu au XXème siècle, au total 150 oeuvres, peintures, sculptures dessins réparties entre une soixantaine d'artistes majeurs. Jean-Louis Prat, le directeur de la Fondation, a su provoquer un rassemblement d'un niveau de qualité tel qu'on ne peut espérer en voir un semblable quelque part dans le monde, plus d'une fois en dix ans.Une vision sensuelle et personnalisée du corpsLes oeuvres présentées pourraient apparaître quelque peu disparates si leur agencement dans les salles ne suggérait habilement parentés et oppositions. Il semble toutefois exagéré de prétendre qu'il existe une vision du nu propre au 20ème siècle, alors que le seizième et le dix septième, au delà d'un certain académisme, font ressortir une unité de représentation d'un corps humain banni dans son impudicité.Les bouleversements esthétiques que suggèrent surtout à la fin du 19ème et au début du 20ème des peintres comme Cézanne, Matisse, Chagall, Bonnard ou Modigliani ou des sculpteurs comme Rodin ou Maillol correspondent à une révolution dans les mentalités avec l'affleurement à un niveau de conscience d'un Eros 'tapi au fond de nous comme un serpent au fond d'une source'. L'écrivain Japonais Mishima Yukio s'exprimait ainsi en déplorant la mise en sommeil de l'Eros au moment de la transition entre le monde antique et le monde chrétien.Voilà donc une résurrection avant-gardiste de la part de ces artistes qui ont précédé l'évolution de la société européenne après le premier conflit mondial et les combats des femmes pour la conquête de leurs libertés. La sensualité des oeuvres va se faire plus présente plus tard chez Balthus, Picabia, Van Dongen ou Magritte. Nous sommes ici à une charnière: celle de la transition d'un Eros collectif qui s'accommodait plus ou moins d'un certain académisme à un Eros individuel plus suggestif des rêves et phantasmes de chacun de nous, tels que Freud et la psychanalyse tentaient de les interprêter.La nudité médiatrice du destinPierre Daix explique que cette prédestination de la nudité n'est que la conséquence de sa banalisation et de sa vulgarisation au cours du siècle; or, l'art se doit de violer la banalité... 'A quoi est nécessaire,écrit Daix, le culot de Rebeyrolle nous assénant son hommage à Courbet. Il ramène Courbet en notre changement de siècle...'Voici donc la transition qui nous amène aux représentations de Francis Bacon ou de Picasso. L'Eros abstrait ouvre l'esprit à tous les phantasmes et loin d'atténuer la sensualité de l'oeuvre, la magnifie, la décuple, la rend sans doute plus palpable que la chair nue. Ces images d'un corps inconnu, la déconstruction des formes, pour reprendre la formulation de Jean-Louis Prat, transforment notre perception de nous-mêmes et nous conduisent à faire exploser notre personnalité cachée, celle qui s'obstine à refuser l'altérité.Les oeuvres regroupées pour cette exposition proviennent de collections privées, ainsi que des grands musées internationaux : Museum of modern art, New York, Guggenheim museum, New York, Hirshhorn museum Washington, the Menil collection, Houston, Musée des Beaux-Arts du Canada, Ottawa, Astrup Fearnley Museum of modern art Oslo, Nationalgalerie, Berlin, Museum Thyssen-Bornemisza, Madrid, Fundacio Joan Miro, Barcelone, Musée Picasso, Paris, Musée National d'Art Moderne, Centre Georges Pompidou, Paris, Musée d'Orsay, Paris, Musée d'art moderne, Saint-Etienne, Musée Matisse, Nice, Musée Maillol, Paris.

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