Georges Dao, le visionnaire du bâtiment

Posté lun 08/09/2008 - 10:55
Par admin

Il est omniprésent dans la vie économique azuréenne, Georges Dao, Pdg de CARI, ex société Carillion qu'il a reprise en octobre 2004 avec une quinzaine de cadres. Polytechnicien et diplômé des Ponts et Chaussées, il est ainsi à la tête d'une entreprise de BTP d'origine régionale désormais bien implantée sur le territoire national. Dominique Perron Rousset dresse un portrait aux multiples facettes de celui qui s'est révélé comme un visionnaire du bâtiment.

Georges Dao CARI

 

Légende : Georges Dao photographié par  N.Oundjian-Guréghian

Il est omniprésent dans la vie économique azuréenne, Georges Dao, Pdg de CARI, ex société Carillion qu'il a reprise en octobre 2004 avec une quinzaine de cadres. Polytechnicien et diplômé des Ponts et Chaussées, il est ainsi à la tête d'une entreprise de BTP d'origine régionale désormais bien implantée sur le territoire national. Une entreprise qui réalise plus de 400 M€ de chiffre d'affaires annuel et emploie 2.400 personnes dont 850 à Carros, le siège social. Mais Georges Dao s'est aussi beaucoup investi dans la vie associative. On le retrouve à l'union patronale (UPE 06), dans le Club des dirigeants de Sophia, à l'IMS Côte d'Azur sur le thème de l'entreprise sociétale, dans PACA Entreprendre pour le soutien à l'entreprenariat et dans les différentes associations professionnelles du BTP.

Parallèlement Georges Dao a joué les nouvelles technologies. Il a posé un pied à Sophia en rachetant l'Agora Einstein à France Télécom et y organise des salons dans lesquels le bâtiment est lié aux hautes technologies, au développement durable, à la diversité dans l'entreprise, aux énergies nouvelles. Sans oublier ses initiatives pour l'emploi dans le bâtiment. C'est cet homme aux multiples facettes, ce visionnaire du bâtiment, que Dominique Perron Rousset a rencontré pour le quatrième de ses Entretiens Privés. Fondatrice de Tara Communication, cabinet conseil en image et management spécialisé en communication financière, elle a cherché comme pour les précédents portraits à apporter une touche supplémentaire à travers son regard de spécialiste de l'image. Flash sur Georges Dao (voir aussi, ci-contre ses réponses au questionnaire de Proust).

 

L’environnement

Il fait beau et chaud. J’entre dans l’imposant hall d’entrée de CARI.

Béton brut, œuvres d’art et photographies de métiers colorées constituent le décor de cet espace.

Après m’être fait annoncer à l’accueil, l’assistante de Georges Dao vient me rejoindre. Elle me présente différentes œuvres et je remarque la monumentale sculpture d’Arman faite de marteaux piqueurs ainsi qu’une sorte d’horloge, très originale, en bois conçue par le CRP (centre de reclassement professionnel)- Le coteau - de La Gaude.

Georges Dao revient de son déjeuner et je le suis, à l’étage. Il me fait découvrir plusieurs autres tableaux, avant d’entrer dans son bureau.

Très sobre, de taille modeste, aucune œuvre d’art exceptée une création de sa mère qu’il est heureux de me montrer.

Ses meubles design sont en bois clair. Des citations sont accrochées aux murs, il les utilisera, d’ailleurs, lors de son interview.

 

L’image de Georges Dao et de son entreprise

DPR- Au sein de votre entreprise comment pensez-vous être perçu ?

GD - Comme quelqu’un tourné vers l’avenir, vers une certaine vision et vers l’innovation mais, aussi, proche des personnes.

Comment êtes-vous, vraiment ?

GD - Assez fidèle à cette image, je crois. Parfois je n’écoute pas assez, il est vrai, et cela s’amplifie car, en fait, j’«écoute» le non-verbal.

Comment souhaiteriez-vous être perçu ?

Je ne réfléchis pas, particulièrement, à la façon dont je voudrais être perçu. Je souhaite, simplement, que mes messages produisent, le plus efficacement possible, leurs effets.

Nous sommes dans une période de grande mutation, il me paraît essentiel de ne pas gaspiller notre énergie et, donc, d’optimiser la réception de ces messages.

Auprès de vos clients, comment pensez-vous que CARI est perçue ?

Notre slogan : « Notre plaisir, votre satisfaction ». La satisfaction du client est, pour nous, très importante.

Nous (dans le secteur du bâtiment) ne réalisons que des prototypes et nous n’avons pas, souvent, de clients sur de longues périodes. C’est, donc, un combat permanent. Si nous avons du succès, c’est que le client est satisfait, nos enquêtes «qualité» nous le prouvent. Mais il faut être humble.

Je parle de nos clients du secteur privé (50 %) car dans le public, nous répondons à des appels d’offres.

 

A votre avis, sur quel point votre entreprise, devrait-elle s’améliorer ?

En général, on n'est jamais assez proche du client et c’est pourtant un devoir. Pas seulement avec ceux que l’on souhaite conquérir, d’ailleurs, mais aussi avec ceux qui nous font confiance depuis longtemps.

Quant à moi, qui ne suis pas un opérationnel, je suis le recours possible que le client peut toujours appeler, s’il n’est pas satisfait. Ma volonté est de faire en sorte que CARI reste une entreprise humaine.

Mon envie, aujourd’hui, est d’être encore plus proche des maîtres d’ouvrage par rapport à la dimension Haute Qualité Environnementale qui est complexe et qui nécessite des échanges pertinents ( répondre au mieux aux nouveaux besoins de chaque client ).

Selon vous, comment vos fournisseurs perçoivent-ils CARI ?

En général, je pense que la perception est assez bonne car nous avons très peu de litiges. Notre préoccupation est de régler, les factures, dans les délais. Nous essayons, également, de privilégier des partenariats, en amont, source de créativité et de confiance.

Auprès de vos pairs, quelle image, personnellement, pensez-vous transmettre, à l’extérieur de votre entreprise ?

Je pense que l’on me voit comme quelqu’un qui communique beaucoup. Il est vrai que plus je communique et plus je me rends compte que le monde économique ne communique pas assez. Il est important, pourtant, de tenter de peser sur les mutations et les évolutions, à venir. En particulier, sur la nécessité et sur la rapidité de l’adaptation à ses évolutions.

Exemples : les logements pour les actifs, l’enseignement et la formation HQE - Haute Qualité Environnementale.

Ce qui me motive, c’est l’action et les projets. Compte-tenu de la complexité et de la rapidité dans lequel nous évoluons, toutes les formes de partenariats et les réseaux sont, à mon avis, sources d’efficacité.

Qu’aimeriez-vous changer ?

Il serait souhaitable que tous les responsables en entreprise s’impliquent plus dans l’aspect sociétal afin d’intéresser les jeunes et, ainsi, rendre le monde économique plus attractif. Alors, je m’implique le plus possible…

 

Parcours de l’entreprise

Quelle a été ou quelle est votre plus grosse difficulté ?

L’interruption du stade de Nice a été pour nous, au delà de tous les aspects « passion », une grande déception.

Elle a mis l’entreprise dans une situation de doute sur les conséquences concernant sa santé financière, en particulier, mais aussi auprès des fournisseurs, des assureurs et des financiers, en général.

Nous avons dû (au delà de la réorganisation liée à la perte brutale de cette activité, en terme d’exploitation) consacrer beaucoup de temps à rassurer nos partenaires sur le fait que cette annulation de marché, bien que significative, ne portait pas atteinte aux capacités d’action d’une entreprise de taille nationale.

Il y avait plus de 40 entreprises impliquées et, pas moins, de 100 personnes déjà mobilisées, au moment de l’arrêt de ce projet. CARI a dû malheureusement, aussi, stopper le centre de formation, prévu sur le site et dédié aux ouvriers.

Quelle est votre plus belle réussite ?

En 2004, le fait d’avoir transformé la difficulté que représentait le départ de l’actionnaire principal – Carillion – en opportunité.

C’est une grande satisfaction d’avoir réussi à prendre en mains notre avenir en y associant les cadres et le personnel de l’entreprise et d’avoir constaté que l’ensemble de nos clients et fournisseurs nous avait fait, immédiatement, confiance. Cela s’est traduit, très rapidement, par une croissance significative.

Le fait, également, d’avoir pris le développement durable comme ligne directrice de la démarche économique de CARI et ceci depuis 2004. Cette année-là, nous avons, aussi, obtenu la triple certification QSE – Qualité, Sécurité, Environnement.

Plus récemment, avoir reçu le prix spécial du jury « Bâtir au féminin », de la FFB – Fédération Française du Bâtiment -, pour le recrutement de 65 femmes, sur nos chantiers.

Vous avez fêté vos 60 ans, l’année dernière. Comment envisagez-vous l’avenir ?

Il y a une phrase de mère Teresa : «Je vis comme si je devais mourir demain et je pense comme si j’étais éternelle » et, j’en ai fait ma philosophie.

Cela veut dire que je me mobilise pour m’entourer de collaborateurs capables de faire face à toutes les situations. Je dirige, aussi, mon énergie sur la meilleure « vision » afin de faire face, également, avec succès, aux profondes mutations qui s’annoncent dans la société.

 

La question d’actualité

Face à la crise des marchés financiers, de l’énergie et de l’immobilier, quels sont les réactions et les atouts de CARI ?

Le rôle d’un responsable d’entreprise est de s’adapter à la conjoncture, très rapidement, pour pouvoir assurer la pérennité de l’entreprise. C’est une question de survie.

Il y a déjà eu des périodes difficiles et nous les avons surmontées. Elles ont été et sont l’occasion d’opportunités pour l’entreprise (efficience énergétiques, économie d’énergie, énergies nouvelles). C’est aussi un formidable aiguillon pour chaque collaborateur : pouvoir progresser et s’impliquer davantage. Dans ces situations on redonne de l’importance «aux tripes» sans lesquelles rien n’est possible.

Autrement dit : « C’est au pied du mur que l’on voit mieux le mur » (Coluche) .

A mon niveau de responsabilité, il faut être en permanence dans l’anticipation et imaginer plusieurs solutions possibles.

Dominique Perron Rousset

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