Huit propositions pour l'avenir

Posté ven 20/08/1999 - 00:00
Par admin

Voici le second volet du texte de Pierre Laffitte sur l'Institut du futur.'Quel est donc le type d'effort stratégique qui correspond à ce que j'appelle une action en profondeur ? Quels seront les éléments d'un programme intelligent permettant de mieux construire notre avenir ?Outre les programmes intégrés dans les projets de plan Etat / Région et U3M déjà évoqués, il faut un symbole fort, emblématique.Doter la technopole d'un Institut du FuturLa Cité Internationale de la Sagesse, des Sciences et des Techniques a besoin de ce que les Américains appellent un 'Think Tank' et que nous concevons comme un Institut du Futurde caractère national et européen.Voici quelques actions qui trouveraient leur place au sein de cet Institut du Futur, ou qui seraient animées par un réseau d'organismes, à l'initiative de cet Institut.Celui-ci sera :- piloté par un comité scientifique international,- rassemblera des initiatives diverses d'hommes et de femmes de bonne volonté,- s'appuiera sur l'ensemble des institutions concernées et sur des entreprises entraînées à prévoir et désireuses de sponsoriser certaines actions.Parmi les programmes de cet Institut ou menés à son initiative, citons :Programme 1 : le prix 'Sophia'- Concevoir et organiser des prix annuels 'Sophia'consacrés aux diverses formes d'innovation.L'objectif, dans ce domaine, n'est pas de concurrencer le prix Nobel qui vise la science et ses progrès. Il s'agit de compléter, par un prix de même niveau de notoriété et qui vise l'application des sciences au développement économique ou culturel de l'humanité.Bien sûr, un comité international ad hoc est nécessaire. Les documents recueillis pour définir ces prix peuvent donner lieu à une publication dont les effets médiatiques peuvent devenir aussi considérables pour la France que les effets médiatiques du prix Nobel pour la Suède dans les milieux concernés.- Définir des actions culturelles de haut niveau (Master class, coopération avec des grands maîtres mécènes, nouvelles formes d'art, etc.).Programme 2 : renforcer l'internationalisationUn partenariat international des universités, écoles d'ingénieurs, de gestion, instituts de recherche, institutions artistiques, doit s'intensifier.Le caractère international de notre technopole est un atout majeur. L'internationalisation massive déjà largement amorcée grâce au Centre International de Valbonne (C.I.V.), aux écoles bilingues privées, à la volonté de l'Université, à la reconnaissance internationale de nos équipes de l'INRIA, du CNRS, de l'Ecole des Mines, d'Eurecom, etc. et aux appuis européens, doit encore être développée.Il faudra cibler les actions en fonction des besoins futurs de la société et des entreprises. A titre d'exemple, en télématique et logiciels, le manque de mathématiques appliquées nous conduit à des liaisons particulières avec des séries cibles prioritaires de coopération. La Silicon Valley et la Silicon Alley de New York, Montréal et Toronto bien sûr. Mais aussi Moscou et Hyderabad aux Indes (les compétences mathématiques y excellent). Autres exemples, pour le design, nos amis de Turin, de Milan, de Cologne, et aussi le design marocain ou égyptien.- Il nous faut associer l'Europe, l'Etat, les collectivités locales et les entreprises à un vaste programme international pour des stages et bourses.- Il faut aussi, en même temps, créer un Club d'accueilpour personnalités extérieures. Attirer des personnalités, c'est aussi bien les accueillir. Les grands centres universitaires anglo-saxons ont leur Faculty Club. Sophia Antipolis et la Côte d'Azur peuvent, bien sûr, héberger dans les hôtels de luxe. Mais il faut prévoir un lieu convivial spécifiquement conçu pour nos objectifs de développement culturel et économique, une ou des villas Médicis du XXIe siècle.Tout ceci ne sera pas matériellement hébergé dans un Institut. Mais la préparation, la conception, les instances de réflexion devraient être liées à l'Institut du Futur.Programme 3 : tête de réseau d'incubateursOrganiser et animer une tête de réseau pour incubateurs européensavec l'appui de la Région. Construire une base de données 'projets innovants'. Tous les investissements potentiels seront concernés au premier chef cela conduit, en liaison avec les préoccupations des autres programmes, à alimenter la dynamique entrepreneuriale en Europe, et évidemment en liaison avec les autres pôles d'innovation mondiaux où qu'ils se trouvent.Programme 4 : croissance rapide et management innovant- Il s'agit de développer l'appui aux sociétés à croissance rapide autour d'un club déjà préparé à partir des réflexions initiées par la Route des Hautes Technologies, la Fondation Sophia Antipolis et le Ceram.- Initier les structures et réseaux spécialisés qui s'avèrent utiles, à l'écoute des sociétés, en organisant des cycles d'entretiens avec des partenaires qui réussissent dans d'autres pays et des business angels. Nous pouvons devenir le lieu où le capitalisme créatif prend un nouveau visage européen et multiculturel.- Un centre de réflexion et de consultation sur le management innovant du XXIe siècle déjà initié par Théseus, le Ceram à Sophia Antipolis et, à Paris, par l'Ecole de Paris, résultant de l'action conjointe d'équipes de l'Ecole des Mines et Polytechnique, est un complément utile à cette action en faveur des entreprises à croissance rapide.Programme 5 : cognitiqueLes nouveaux langagesmultimédia méritent une recherche et des actions. Les sciences humaines de plus en plus conditionnent l'économie, en particulier en matière pédagogique, éditoriale et publicitaire. Elles doivent être associées à l'avancée de la Société de l'Information.Faire se rencontrer, en école d'été, les spécialistes divers (artistes, éditeurs, informaticiens, sociologues, neurologues, philosophes, pédagogues). Il ne faut pas ici oublier la nécessaire interaction entre arts, philosophie, spiritualité et technologie.Programme 6 : formation à distanceMettre en place un cœur de réseau de formation à distance. Le réseau des opérateurs compétents pour du multimédia éducatif est très vaste. Il recouvre l'ensemble du système éducatif à tous les niveaux ainsi que les secteurs de la formation professionnelle. Nombre d'actions sont déjà en cours pour les mettre en réseau, notamment à Sophia Antipolis et de multiples opérateurs en France et à l'étranger.C'est ainsi qu'existent déjà les projets d'Institut virtuel des métiers, mais aussi les diverses parties du projet MEDSAT déjà plébiscité par 60 organismes de plus de dix pays d'Europe et de Méditerranée.Programme 7 : veille technologique et intelligence économiqueVeille technologique et intelligence économique, en liaison avec des organismes nationaux (ADIT, Ambassades, Conseils de la recherche, etc.) sont indispensables pour une concentration de compétences telles que réunies à Sophia Antipolis. L'évaluation des données recueillies est indispensable et peut se faire en réseau avec diverses institutions de Sophia Antipolis ou de la Région et, notamment, le programme IDEFI du CNRS sur l'innovationet le projet de la Fondation en intelligence économique.Cette veille et évaluation concerneraient les tendances sociales, culturelles, scientifiques et technologiques.Programme 8 : intégration et politique des villesLancer projets et études concernant le problème de l'intégration des 'sauvages urbains' pour reprendre l'expression du futurologue Thierry Gaudin. Intégration par le sport, la culture, les nouvelles technologies. Ce projet peut constituer un axe dont, malheureusement, la nécessité ne fera que se développer et pour lequel nombre d'Etats et de collectivités locales sont concernés.Bien entendu, cette liste de programmes n'est pas limitative. On peut construire un pôle de réflexion 'Ethiques et développement' ou un pôle 'Diversité culturelle et avenir', ou encore un pôle 'Droit et Espace', etc.La liste doit être souple et évolutive.Les priorités d'action se détermineront en fonction de la détermination et des moyens des participants, notamment tous les programmes pluridisciplinaires pointus dans le secteur des technologies nouvelles du vivant, de la communication, des nouveaux matériaux, de l'environnement.L'Institut du Futur n'est pas un lieu statique avec un programme pluriannuel figé. Au contraire, il s'agit, et c'est une originalité, d'un lieu d'accueil national et européen pour tester les idées d'un réseau de partenaires scientifiques, industriels, culturels.Ceux-ci s'impliqueront en fonction de leurs propres compétences, de leurs besoins, de leurs stratégies et trouveront dans la synergie qu'offre l'Institut du Futur, les raisons de leur participation.C'est aux forces vives de construire l'avenir basé sur la matière grise, le rêve, l'enthousiasme, avec comme partenaires, collectivités locales, Etat, Europe et tous les réseaux de relations économiques, scientifiques et culturelles.Une mondialisation réussie et respectueuse des valeurs humanistes nécessite des pôles forts, diversifiés, innovants et ouverts. Nous voulons et pouvons constituer un de ces pôles.'Pierre Laffitte

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