Italie : la Ligue du Nord minée par les affaires

Posté lun 09/04/2012 - 18:53
Par admin

Parti populiste et séparatiste, la Ligue du Nord, vient de perdre son leader charismatique, Umberto Bossi, qui a dû démissionner après la révélation d’une série de malversations impliquant des proches et l’état-major du parti.

Umberto Bossi, fondateur et secrétaire général de la Ligue du Nord,  a donné sa démission. Le parti populiste, longtemps allié de Silvio Berlusconi, et pourfendeur de « Rome, la voleuse », de la corruption et des affaires,  est au cœur d’une série d’enquêtes judiciaires pour détournement de fonds, escroqueries et même blanchiment d’argent.

Comptabilité parallèle, investissements en Tanzanie et mouvements financiers avec Chypre, utilisation à des fins personnelles de remboursements des dépenses électorales, relations suspectes entre le trésorier du parti, Francesco Belsito et des hommes d’affaires déjà poursuivis pour associations mafieuses avec la Ndrangheta (mafia calabraise qui a gagné le Nord de l’Italie), les révélations se succèdent dans la presse italienne.

Francesco Belsito, trésorier du parti, l’homme par qui le scandale est arrivé, n’est pas seul en cause. Rosi Mauro, vice-présidente du Sénat, est directement impliquée à travers le syndicat Sinpa, affilié à la Ligue. Quant à Umberto Bossi, c’est au sein même de sa famille, que l’on trouve des brebis galeuses. Les enfants et l’épouse du leader de la Ligue du Nord ont confondu les finances du parti avec le budget de la famille, voitures, études etc. auraient été payées en puisant dans les caisses, à l’insu (de son plein gré ?) d’un Umberto Bossi, qui pour protéger son parti a choisi de quitter le poste de secrétaire général mais reste président à titre honorifique.

La déconfiture de la Padanie

Les tenants d’une Padanie, qui affirmait haut et fort vouloir laver plus blanc que blanc, sont KO. Si les militants, incrédules, restent fidèles à leur leader charismatique, au sein de l’état-major du parti, l’heure des règlements de compte a sonné. Un triumvirat a été mis en place autour de Roberto Maroni, l’ex ministre de l’intérieur de Berlusconi et opposant au sein de la Ligue du Nord à Bossi. Mais il n’est pas dit que les électeurs seront dupes. Et la sanction pourrait tomber lors des prochaines municipales, en mai 2012.

Après la démission du président du conseil, Silvio Berlusconi, sous la pression de l’Europe, avec Bossi, c’est un adversaire acharné du gouvernement Monti qui met genoux à terre. La révélation des affaires qui minent une Ligue du Nord, populiste et chantre d’une Padanie séparatiste, vient confirmer les compromissions d’une caste politique, tous partis confondus, qui a perdu la confiance du citoyen et s’en remet à un gouvernement technique pour réaliser des réformes qu’elle n’a pas le courage de mener en attendant l’échéance électorale des législatives de 2013.  

La piteuse déconfiture de la Padanie, version Bossi, est-elle une chance pour l’euro-région Alpes-Méditerranée ? La collaboration entre les 5 régions (PACA, Rhône-Alpes, Piémont, Ligurie et Val d’Aoste) est au point mort depuis l’élection, en 2010, à la présidence du Piémont de Roberto Cota, élu de la Ligue du Nord et proche d’Umberto Bossi.  Les élus Piémontais, pourtant épargnés par le scandale, ont été marginalisés dans les nouvelles instances de la Ligue du Nord. Si Roberto Cota continue à jouer la carte de l’autonomie régionale, pragmatique, il reconnaît dans le quotidien « La Repubblica » (7 avril), qu’il faut moderniser l’action de la Ligue du Nord, « nous devons prendre en compte certaines réalités, la globalisation, l’Europe en font partie ». L’ouverture est timide, mais elle pourrait sonner le glas de la politique du repli sur soi.

Christiane Navas

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