Italie : une réforme territoriale à marche forcée

Posté mar 16/08/2011 - 15:48
Par admin

Le nouveau plan d’économies, qui sera soumis en urgence au parlement à partir du 22 août, afin de retrouver l’équilibre budgétaire dès 2013, propose la suppression des communes de moins de 1000 habitants et d’une trentaine de provinces (sur 110). Ligurie et Piémont figurent parmi les régions qui seront les plus touchées. La réforme ne sera pas sans impact sur la coopération transfrontalière au sein de l’euro-région Alpes-Méditerranée.

Italie : une réforme territoriale à marche forcée

 

En Italie comme en France, la réforme territoriale soulève bien des grincements de dents. Mais outre Alpes, la crise financière pourrait précipiter un processus qui n’avait jusqu’ici  jamais abouti. Profitant d’un ras le bol des Italiens qui vilipendent les situations de rente dont bénéficient certains élus politiques, le gouvernement vient de faire de nouvelles propositions  intégrées dans  le plan d’économie de 45,5  milliards d'euros (dont 20 Mds € en 2012) visant à réduire une dette publique qui atteint  120% du PIB. Imposé par l’Europe, qui exige de l’Italie un retour à l’équilibre budgétaire dès 2013 (pour un déficit de 3,9% en 2011), ce nouveau plan, qui intervient après un premier train de mesures adoptées en juillet, porte à plus de 90 milliards d’euros les économies à réaliser d’ici à 2014.

 Les collectivités locales seront mises à contribution via la baisse des transferts réalisés par l’Etat (6 milliards d’euros dès 2012) et par la diminution du nombre de communes et  des provinces (l’équivalent de nos départements), plus une réduction du nombre de conseillers régionaux. Le projet, qui doit être validé par le parlement à partir du 22 août, vise les communes de moins d’un millier d’habitants et les provinces de moins de 300 000 habitants (sauf si leur territoire dépasse la superficie de 3000 km2). Au risque de disparaître, ces collectivités locales n’auront d’autre choix que de se regrouper pour mutualiser administrations et services.

Piémont et Ligurie parmi les régions les plus touchées

Ligurie et Piémont font partie des régions qui seraient les plus impactées si la réforme est menée à son terme, le Val d’Aoste, qui compte moins de 300 000 habitants, est préservé par son statut de région à statut spécial, mais 43 de ses 73 communes comptent de moins de 1000 habitants.

Quatre des huit provinces du Piémont pourraient ainsi être rayées de la carte : Asti (221 687 h), Biella (185 768h), Vercelli (179 562h) et Verbano/Cusio/Ossola (163 247h), du côté des petites communes, cela serait une véritable hémorragie avec la perte de 597 unités, ce qui représente près de la moitié des 1206 communes piémontaises, pour la plupart situées en zone de montagne.

Pour la Ligurie, ce sont 97 communes et surtout trois des quatre provinces qui sont sur la sellette : Imperia (222 648h), frontalière avec les Alpes-Maritimes, Savona (287 906h) et La Spezia (223 516h). Ne subsisterait que Gênes dont le territoire cumulerait alors les fonctions de commune, province et région.

Si pour certains partis comme l’Italie des Valeurs de l’ancien juge « Mains propres » Antonio di Pietro, la réforme doit aller au-delà et carrément supprimer l’échelon provincial  - mais cela suppose une réforme constitutionnelle - nombre d’élus locaux sont bien décidés à monter au créneau pour défendre leur territoire. En Ligurie, certains préconisent la fusion des provinces d’Imperia et de Savone, ainsi que le regroupement de La Spezia avec une partie du territoire de la province de Gênes, il Tigullio ou avec les voisins de Massa-Carrare en Toscane, également menacés, pour préserver l’échelon provincial.   

Nouveaux retards dans la coopération transfrontalière ?

La réforme pourrait être rapidement mise en place pour les communes mais pour les provinces, elle ne pourra pas intervenir avant la fin des mandats en cours ce qui laisse augurer d’âpres négociations dans les mois à venir. La nouvelle donne risque de ralentir encore davantage une coopération déjà réduite au minimum au sein de l’euro région Alpes-Méditerranée (Ligurie, Piémont, Val d’Aoste, Paca et Rhône-Alpes) et de mettre à mal des instances comme la conférence des trois provinces (Alpes-Maritimes, Cuneo et Imperia), lancée en 2007 pour mener une politique d’aménagement concertée mais dont les travaux, il est vrai, sont restés limités.

Christiane Navas

Ajouter un commentaire