LGV des Métropoles : un "délire absolu" pour Yves Crozet

Posté mer 11/05/2011 - 08:14
Par admin

Rien de rassurant pour le projet de LGV Côte d'Azur. Dans une enquête de Libération sur le financement du schéma de développement du réseau à grande vitesse, Yves Crozet, directeur du Laboratoire d’économie des transports (LET), estime que "Marseille-Nice, envisagé dans le Snit relève même d’un délire absolu !"

LGV des Métropoles : un "délire absolu" pour Yves Crozet

Les deux options de trajets qui avaient été initialement envisagées pour la LGV Côte d'Azur. Face à la mobilisation de Marseille et de Toulon, Nice s'était rallié au projet dit des Métropoles du sud. Une option dont le poids financier hypothèque aujourd'hui lourdement la réalisation.

Alors que 2020 approche tout doucement (la date initialement annoncée pour l'arrivée de la LGV à Nice), encore aucune réponse concrète aux attentes de la Côte d'Azur en matière de désenclavement ferroviaire n'est apparue. Pire, le projet s'embourbe après le choix désastreux qui a été fait du tracé le plus cher à réaliser, celui des Métropoles. En traversant Marseille et Toulon, la ligne à grande vitesse explose les coûts, et devient d'autant plus difficile à envisager aujourd'hui que l'on se trouve en pleine période de restriction budgétaire. Libération dans son édition du lundi 9 mai revient sur le sujet à travers une enquête de Catherine Maussion sur le financement du schéma de développement du réseau à grande vitesse. Et ce qui en ressort n'a rien de rassurant pour l'avenir du projet de LGV Côte d'Azur.

Citant Yves Crozet, le directeur du Laboratoire d’économie des transports (LET), la journaliste note que "le plan LGV du Grenelle butte surtout sur la fin d’une époque ". Pour Yves Crozet, "le modèle français du TGV, qui a fait ses preuves jusqu’à aujourd’hui, est basé sur des lignes de 400 à 450 kilomètres, soit deux à trois heures de trajet, avec deux grandes métropoles à chaque bout. Et un réseau en étoile, à partir d’une ville très attractive, Paris." Et d'ajouter que "les LGV vers Lyon, Nantes ou Strasbourg répondent à ce modèle révolu. Même les prolongements vers Bordeaux ou Rennes, dont l’intérêt n’est pas discutable, nécessitent des artifices, comme le recours à des financements publics-privés".

Mais pour Yves Crozet, "Marseille-Nice, envisagé dans le Snit, le schéma national d'infrastructures de transport, relève même d’un délire absolu !" Hervé Mariton, député UMP de la Drôme et rapporteur du budget des transports pour la commission des finances, interrogé lui aussi par la journaliste surenchérit : "les recettes ne vont couvrir que 10% du coût de l’infrastructure ! Ce n’est pas raisonnable" à propos d'un projet évalué à 15 milliards d’euros et presque quatre fois plus cher au kilomètre que Tours-Bordeaux.

Des propos que le député de la Drôme a répétés à France Bleu Provence mardi matin. Pour Pierre Boucaud, fondateur du site marseillais Marsactu.fr, "voilà qui risque de jeter comme un froid pour les partisans de la LGV des métropoles, et apporter de l’eau au moulin de ceux qui ne veulent pas en entendre parler comme l’ex-préfet de Paca Michel Sappin". Conclusion de Marsactu.fr : "le débat a au moins le mérite de souligner une question : si la LGV Paca doit, pour ses partisans, libérer de la place pour le trafic TER, pas sûr que dépenser 15 milliards d’euros pour mettre Nice à un peu plus d’une heure de Marseille ne facilite le déblocage de crédits pour améliorer le réseau de proximité (train mais aussi urbain). Histoire que Luminy-Saint Antoine se fasse en moins de temps que St Charles-Nice TGV…" On le voit : côté France, rien de rassurant pour le prolongement de la LGV sur Nice.

Lire dans Liberation.fr : "TGV, des lignes lancées trop vite ?"

Lire sur Marsactu.fr : "Le coût de la LGV Marseille-Nice fait à nouveau tousser"

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