Logement : des chiffres qui masquent l'aggravation de la crise

Posté lun 06/10/2003 - 00:00
Par admin

Le bilan du premier semestre 2003 fait état d'une forte augmentation des mises en vente et du nombre de transactions. Mais, comme le note l'Observatoire de l'Immobilier, ce résultat est dû à une abondante mise sur le marché de produits de type loisir.

Loin de s'améliorer, la crise du logement qui frappe les actifs continue de s'aggraver. Les chiffres donnés dans les locaux de la CCI NCA, à Nice, lors de la réunion de bilan du premier semestre 2003 sont en ce sens trompeurs. Certes, l’offre nouvelle a progressé de manière conséquente. Ainsi les mises en vente durant le premier semestre 2003 ont plus que doublé par rapport au premier semestre 2002 : elles sont passées de 1.043, un niveau il est vrai particulièrement bas, à 2.334, un chiffre semestriel record de ces dernières années (voir graphique des ventes, mises en ventes et stocks dans les Alpes-Maritimes). Mais, comme le note l'Observatoire de l'immobilier, ce résultat est obtenu à la faveur d’une abondante mise sur le marché de produits de type loisir, sur le secteur de Cannes notamment. Les actifs repasseront...Logement neuf : tout pour le loisir, rien pour les actifsLa demande pour ce type d'immobilier loisir est il est vrai soutenue. En témoignent des délais d'écoulement très courts qui dopent les statistiques de ventes sur la période concernée. Le petit trou d'air rencontré au premier semestre 2001 dans les ventes de logements neufs en raison d'une faiblesse de l'offre (1614 transactions) est loin. Depuis, la courbe a repris son ascension avec un plus haut pour ce premier semestre 2003 depuis le début du siècle : 2.159 ventes. Mais là aussi ce sont des chiffres en trompe-l'oeil en ce qui concerne le logement des actifs."Si ce type de logements s’écoule dans un délai très court, conduisant à une progression globale des ventes sur la période considérée, il n’en reste pas moins que la demande des actifs de notre département n’est pas servie. Avec 16% seulement des mises en vente au dessous de 2.600 € m2, et un prix moyen de 3.482€ m2, l’offre de logements ne correspond pas en majorité aux possibilités financières d’une grande partie des actifs des Alpes-Maritimes", note l'Observatoire.Revente : prix moyen en hausse de plus de 50%en 4 ans!Quant au marché de la revente, traditionnellement plus propice pour les actifs que celui du neuf, il n'offre pour l'instant aucun recours. L’augmentation des prix sur le marché de la revente ne permet pas non plus d’offrir une alternative satisfaisante aux actifs locaux. Le mètre carré en moyenne est passé en quatre ans dans les Alpes-Maritimes de 1.669 (premier semestre 1999) à 2.524 € (premier semestre 2003). Une augmentation de plus de 50% ! Ce qui explique que, même si une clientèle étrangère est toujours présente sur ce secteur, le volume des transactions est en très léger retrait en un an : 7.030 transactions au premier semestre 2002 et 6.796 au premier semestre 2003.Conclusion de l'Observatoire ? "Le rythme des ventes soutenu dans un contexte d’augmentation des prix peut laisser penser que la situation est favorable pour l’Acte de Bâtir dans son ensemble. Mais si la tendance actuelle se poursuit, les actifs seront de moins en moins nombreux à pouvoir vivre et travailler dans notre département. Dans un contexte où la loi de l’offre et de la demande ne suffisent pas à répondre aux besoins en logement des actifs, les PLH (Plan local de l'habitat) initiés par les Communautés d’agglomérations, qui associent dans leurs réflexions les professionnels, doivent engager des plans d’actions en faveur du développement d’une offre plus importante destinée aux actifs. Ces démarches permettront d’apporter en partie des solutions mais doivent être coordonnées dans le cadre d’une politique plus large, à l’échelon départemental".Un message qu'on avait déjà quelque peu entendu lors des quatre ou cinq bilans précédents. Au vu des chiffres de ce premier semestre, s'il a été entendu, il n'a pour l'instant guère été suivi d'effet. Il y a pourtant urgence, tandis que personne ne pourra dire que l'alerte n'a pas été donnée et la sonnette d'alarme tirée depuis longtemps.

Jean-Pierre  Largillet

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