Nice dans le grand jeu des villes d'Europe

Posté lun 19/05/2003 - 00:00
Par admin

Classée en 39 ème position dans les "grandes villes à potentiel européen", Nice a progressé mais doit mieux exploiter sa carte recherche selon Nicolas Jacquet (photo Une), délégué de la Datar, qui a présenté l'étude comparative des 180 cités européennes de plus de 200.000 habitants.

Quelle est la place de Nice dans le grand jeu des villes européennes ? Une réponse a été apportée lors de la visite à Sophia Antipolis, à l'invitation de Charles Ginesy, président du conseil général de Nicolas Jacquet. Le nouveau délégué de la DATAR (Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale) a en effet longuement commenté la nouvelle étude comparative sur les villes européennes réalisée par la DATAR et publiée à la Documentation française. Portant sur 180 agglomérations de plus de 200 000 habitants, ce rapport présente une analyse du rayonnement et de l'attractivité des métropoles et vient ainsi actualiser une première étude qui datait de 1989.Nice aux côtés de Strasbourg, Nantes, Grenoble, Stuttgart, Anvers, Séville, TurinNice, treize ans plus tard a progressé dans le concert des villes européennes. Elle gagne une classe (il y en a sept au total) et se retrouve en classe 5, celle des grandes villes à potentiel européen. Elle y est aux côtés de Strasbourg, Lille, Bordeaux, Montpellier, Nantes, Grenoble pour la France et de Stuttgart, Hannovre, Birmingham, Manchester, Rotterdam, Anvers, Bilbao, Séville, Porto, Naples, Turin, pour l'Europe.Au classement européen, Nice est placée en 39ème position (sixième position pour l'ensemble des villes françaises) et fait preuve d'un rayonnement plus important que beaucoup d'autres villes de taille plus importante. A noter que Cannes (qui est loin d'avoir 200.000 habitants se trouve également dans le classement en classe 6, dans les villes nationales d'importance affirmée en compagnie de Rouen, Rennes, Liverpool, Saragosse, Lausanne, etc. Dans cette liste européenne, Paris culmine bien sûr avec Londres en classe 1 au titre des villes de rang mondial. Viennent ensuite pour la France le trio Lyon, Marseille et Toulouse qui se retrouvent une classe au dessus de Nice, en classe 4, celle des grandes villes d'importance européenne où apparaissent entre autres Dublin, Francfort, Zurich, Genève, Helsinki, Florence, etc.Valoriser le potentiel recherche grâce à SophiaConcernant Nice, ses points forts, a expliqué le délégué de la DATAR, sont essentiellement son accessibilité du fait de sa desserte aérienne (à cet égard, Nice fait jeu égal avec Lyon du point de vue du trafic de son aéroport et des possibilités de liaison dans la journée qu'il offre avec les principales métropoles européennes), les activités touristiques et culturelles et celles liées à l'organisation de salons et congrès internationaux. Son rayonnement est essentiellement lié à sa fonction touristique, en particulier le tourisme urbain. Mais on atteint là les limites du rayonnement niçois qui gagnerait à être "diversifié".Une relative faiblesse peut être constatée dans le domaine de la recherche. Ce point est explicité : dans ce domaine, Nice bénéficie d'une position plutôt favorable par rapport à l'ensemble des villes françaises ; mais elle est nettement "dépassée" par des villes appartenant à son environnement proche, français ou européen, telles que Grenoble, Toulouse, Lyon ou Turin, dont une plus grande ouverture aux réseaux européens explique le meilleur classement. "C'est là que Sophia, qui est placé au coeur de la recherche, peut aider la grande métropole qu'est Nice à monter en grade" a précisé Nicolas Jacquet. Il y a un enjeu considérable pour les Alpes-Maritimes dans les actions de confortement de Sophia". En résumé Nice présente un potentiel favorable dans le domaine de la recherche, encore insuffisamment exploité pour lui permettre de rivaliser avec les villes européennes de référence et Sophia, dans ce domaine peut l'aider.De la "Banane bleue" à une "Europe multipolaire"Par rapport à 1989, date de la première étude, la "trame de fond" des villes européennes se retrouve : deux villes, Paris et Londres, clairement dominantes sur un plan tant démographique que de rayonnement ; une grande dorsale européenne, de Londres à Milan et qui traverse la troisième conurbation européenne, en poids démographique, constituée par les villes nord - rhénanes (Essen, Cologne...). C'est le dessin de la fameuse "banane bleue", zone géographique où sont concentrés les sièges sociaux, les foires et salons, les places financières.Mais cette Europe a évolué avec l'ouverture à l'Est déjà bien visible et avec le renforcement de la partie baltique. L'étude constate ainsi l'émergence d'une Europe de plus en plus multi-polaire, avec également une montée de l'Europe du sud. Rome, Milan, Turin, Barcelone et Madrid sont clairement rejointes, même si elles se positionnent à des rangs inférieurs, par Florence, Marseille, Toulouse et surtout Lisbonne. Un constat qui donne sens aux stratégies de valorisation et de confortement des principaux sous-espaces européens et qui a permis à Nicolas Jacquet d'aborder également le problème des transports.La construction d'un arc méditerranéen, de Barcelone à Gênes, lui semble dans cette optique, une action essentielle. C'est aujourd'hui d'ailleurs un enjeu vital pour la France qui joue les équilibres entre l'Est et le Sud et qui, dans une Europe à 25, ne veut pas se voir marginalisée par un déplacement vers l'Est du centre de gravité de l'Europe. Nice et toute la Côte d'Azur qui plaident pour le désenclavement, ne sauraient dire mieux !

Jean-Pierre  Largillet

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