Philippe Maubert dans un grand vent de fleurs

Posté lun 07/04/2008 - 11:55
Par admin

Philippe Maubert, Pdg de Robertet, l'un des fleurons de l'industrie arômes & parfums grassoise, s'est prêté au jeu des questions de Dominique Perron Rousset. C'est le deuxième d'une série d'entretiens avec de grands acteurs de l'économie azuréenne. L'occasion d'entrer dans ce monde feutré des capitaines de l'industrie de la parfumerie qui a fait le succès de la série télévisée "Dans un grand vent de fleurs".

Philippe Maubert, Robertet

Philippe Maubert, Pdg de Robertet, l'un des fleurons de l'industrie arômes & parfums grassoise, s'est prêté au jeu des questions de Dominique Perron Rousset. C'est le deuxième d'une série d'entretiens avec de grands acteurs de l'économie azuréenne, série baptisée "Les entretiens privés de DPR" qui s'est ouverte avec Christian Tordo, directeur général France de Texas Instruments, personnalité emblématique du high tech azuréen. Fondatrice à Sophia Antipolis de Tara Communication, cabinet conseil en image et management, spécialisé en communication financière, Dominique Perron Rousset a cherché à apporter "un plus" à partir d'un regard de spécialiste de l'image.

Le dialogue engagé, le questionnaire de Proust auquel elle soumet ses interlocuteurs et ses propres observations, lui permettent de retracer l'environnement de ces grands acteurs, de découvrir plus en profondeur leur personnalité et certaines de leurs intuitions, de voir ce qu'ils font ou ont fait pour améliorer leur image. Mais entrons avec elle dans le monde de Philippe Maubert.

 

 

L’environnement

Ce qui me surprend lorsque je sors de ma voiture, à l’entrée du site de Robertet, ce sont les effluves, les odeurs douces et agréables.

L’assistante de Philippe Maubert vient me chercher jusqu’à la barrière et me guide, non pas à l’entré principale car elle est condamnée provisoirement pour cause de travaux (mise en valeur de l’architecture du constructeur du bâtiment, Gustave Eiffel) mais jusqu’à l’entrée secondaire.

J’ai la chance de pouvoir traverser le laboratoire des assistants parfumeurs avec les enivrantes odeurs, encore, plus présentes.

A l’étage, Philippe Maubert me rejoint devant son bureau.

Cette pièce est spacieuse et très claire car un pan entier est vitré et soutenu par les poutrelles métalliques du célèbre constructeur.

Meubles, bureau et table de réunion, sont en chêne clair. Sur la gauche trône dans une alcôve, un orgue à parfums. Au mur, 3 tableaux, l’un de Roy Fox Lichtenstein, le deuxième de Jean-Charles Blais, le troisième est une photo de rose.

 

L’image de Philippe Maubert et de son entreprise

DPR- Au sein de votre entreprise comment pensez-vous être perçu ?

PM - Je pense être perçu, avant tout, comme quelqu’un qui veut assurer la pérennité de la société.

DPR- Comment êtes-vous, réellement ?

PM - Je pense être assez disponible et à l’écoute de tous mes collaborateurs.

Je ne filtre pas les entrées dans mon bureau, ma porte est toujours ouverte.

J’aime mon métier et je le connais bien. Je suis, également, proche des produits.

DPR- En quoi pensez-vous avoir à vous améliorer ?

PM - J’aimerais être encore plus à l’écoute que je ne le suis et, surtout, avoir plus de temps à consacrer au personnel de la société.

DPR- Auprès de vos clients, le monde grassois a une image de « culture du secret », pourquoi à votre avis, et est-ce toujours vrai ?

PM - Non, parce que le monde grassois a très fortement évolué.

Je ne renie, en aucun cas, la culture grassoise car Robertet n’existerait pas sans elle.

Robertet est le 7ème groupe au monde dans les produits aromatiques/arômes/parfums et le 1er groupe français.

A titre d’information, même après consolidation des comptes de Charabot, le 1er groupe mondial, l'Américain Givaudan, a une activité 10 fois supérieure à la nôtre.

DPR- A votre avis, comment votre entreprise est-elle perçue ?

PM - Robertet n’est certainement pas perçue comme une société grassoise ou même française.

Aux USA, je suis persuadé que la majorité de nos clients, nous considère comme une société américaine.

Notre effectif aux USA est important, 400 personnes réparties, majoritairement, dans 3 usines situées dans le New-Jersey.

Nous sommes perçus, par contre, dans notre milieu professionnel, comme les spécialistes des produits naturels (parfumerie ou arômes).

DPR- Et vous, comment les clients vous perçoivent-ils ?

PM - Cela n’a pas beaucoup d’importance car je suis assez peu en relations avec les clients.

Néanmoins, pour être toujours en contact avec le terrain je garde un contact privilégié, avec un client dont je m’occupe à 100%, dans chacune de nos trois divisions - les Matières Premières - les Parfums - les Arômes.

Par exemple, dans la division « Matières Premières » : la société Chanel.

DPR- Auprès de vos fournisseurs. Compte-tenu de votre taille, vous travaillez, sans doute avec de nombreux fournisseurs, quelle relation entretenez-vous avec eux ?

PM - En ce qui concerne nos fournisseurs, il existe plusieurs départements, je suis, particulièrement, le service achats.

Par exemple, lors de l’achat du produit des récoltes de jasmin ou de roses, je donne mon avis ainsi que sur tous les projets touchant au commerce équitable.

Dans nos actions pour le commerce équitable, nous tenons, entre autre, à participer au reboisement de la planète et à sa préservation.

Nos rapports avec les fournisseurs sont plutôt basés sur la confiance et la durée.

Même si nous cherchons, toujours, de nouveaux fournisseurs, certains collaborent depuis de nombreuses années, avec nous.

DPR- Quelle image, les personnes à l’extérieur de votre entreprise ont-elles de vous, à votre avis ?

PM - Je ne sais pas, vraiment.

Je crois entretenir des relations assez faciles, donner l’impression de ne pas me prendre au sérieux et, faciliter des rapports conviviaux.

Je pense, aussi, qu’il y a une fausse image de notre société. On nous dit que nous avons un métier fantastique, que tout ira toujours bien dans notre domaine et, que nous n’avons pas les mêmes contraintes.

Pourtant, ce n’est guère vrai et Robertet est une entreprise comme les autres

Quant à la relation avec mes pairs, lors d’actions menées à la CCI, j’ai eu un grand plaisir à y participer même si les sujets n’avaient rien à voir avec le monde industriel.

Aujourd’hui, je n’ai malheureusement pas assez de temps à y consacrer.

 

Parcours de l’entreprise

DPR- Robertet a été l'une des premières sociétés cotée du département (1984). Que vous a apporté cette introduction en bourse et quelles en ont été les conséquences ?

PM - L’introduction en bourse a marqué et permis une nouvelle phase de développement.

Lorsque mon père a succédé à mon grand-père, il s’est aperçu que la famille Maubert était tombé très bas au capital de la société ; il s’est, donc, battu pour que la famille redevienne majoritaire.

L’introduction en bourse nous a permis cela car nos partenaires, banquiers, assureurs qui nous avaient accompagnés dans la reconquête ont réalisé une bonne partie de leur engagement.

C’est à ce moment-là que la famille est redevenue majoritaire.

La levée de capitaux, dans le public, nous a permis de faire le 1er rachat, la première de nos sociétés américaines.

Elle valait 6 millions de $ à l’époque, aujourd’hui elle vaut 85 millions de $.

Lorsque j’ai repris les USA, cela représentait 10% de notre activité, actuellement nous sommes à près de 50%.

DPR- Vous venez d’entrer à 50% dans le capital de Charabot. Pourquoi ce choix et qu’en attendez-vous ?

PM - Le rapprochement global de ces deux sociétés a été conclu parce qu’elles sont très complémentaires.

Sur le plan géographique - au niveau international -, sur les produits et dans notre « Core business », les matières premières naturelles.

Cela correspond, également, à un vrai projet industriel prometteur.

Ce que j’en attends : un peu moins de stress ( rires !!!)…

2007 a été une année très importante en terme d’engagements, environ 120 millions d’euros et sur 3 projets.

- Achat d’usine 25 à 30 millions d’euros

+ 2 usines aux USA d’un même montant

- 1 développement en chine + 1 développement en Inde

Nous en attendons une croissance dynamique.

 

 La question d’actualité

DPR- 85% de votre CA est réalisé à ’international; la faiblesse actuelle du dollar ne vous pose t-elle pas problème ?

PM - Bien entendu.

Notre chance est que 85% du CA est fait à l’externe avec une part non négligeable en dollars.

Tout le marché américain est fabriqué à partir de nos usines américaines et, donc, dans la monnaie du pays.

Par conséquent, notre marge n’est pas touchée.

 

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