Regard franco-américain sur l'éducation : pourquoi les filles sont-elles meilleures en lecture?

Posté ven 27/03/2015 - 08:51
Par admin

Pourquoi les filles sont-elles meilleures en lecture que les garçons tout au long de leur scolarité ? La question n'est certes pas nouvelle. Mais une étude sur l'éducation des jeunes américains relance les explications. Sandrine et Maxime Crener font le point dans leur chronique hebdomadaire et relèvent une des conclusions surprenantes des études : à partir de 35 ans, l’homme a toujours un meilleur score que la femme au niveau de la lecture! De quoi échauffer les débats.

Publiée cette semaine, une étude sur l'éducation des jeunes américains porte un nouvel éclairage sur une question déjà ancienne : pourquoi les filles sont meilleures en lecture que les garçons tout au long de leur scolarité dans le primaire et le secondaire? Cette semaine, dans leur chronique "Regard franco-américain sur l'éducation" intitulée "Les différences entre filles et les garçons persistent…en lecture", Sandrine et Maxime Crener, se sont intéressés à cette étude ainsi qu'aux données apportées sur ce sujet par les test PISA. De quoi alimenter les débats dans les familles. Voici leur texte.

Les différences entre filles et les garçons persistent…en lecture

Cette semaine, la publication d’une étude sur l’éducation des jeunes américains "How well are American Students Learning?" (www.brookings.edu/about/centers/brown) a attiré notre attention. Diffusé par le "Brown Center Report on American Education" de la Brookings Institution, ce rapport comporte un chapitre très intéressant sur les problèmes d’apprentissage de la lecture et sur les différences de performance observées entre les filles et les garçons.

Déjà dans les années 40, des études similaires avaient été effectuées et montraient  que les filles étaient meilleures en lecture que les garçons tout au long de leur scolarité dans le primaire et le secondaire. Depuis, d’autres études tant au niveau américain que mondial confirment ce résultat. Ainsi l’analyse des derniers travaux du PISA (Program for International Student Assessment, 2012) présentent de façon très claire le décalage existant entre les filles et les garçons. Trois observations majeures sont communément avancées pour tenter de comprendre ce différentiel:

  • a) Des différences biologiques et développementales entre les deux sexes : les garçons auraient plus de difficultés à apprendre à lire que les filles à cause de connexions cérébrales fonctionnant différemment dans le processus d’alphabétisation
  • b) Pratiques à l’école : les garçons se montrent inférieurs en général aux filles sur certaines variables de comportement, sociales et académiques
  • c) Des influences culturelles orienteraient les garçons vers des activités non-littéraires et notamment vers le sport ou la musique, et feraient apparaitre l’alphabétisation comme une activité plus féminine.

A ces diverses explications vient s’ajouter également ce que la raison populaire dit souvent : à âge égal, il y a une maturité beaucoup plus grande chez les filles que chez les garçons. L’étude internationale PISA (2012) parvient d’ailleurs à mesurer cet écart entre garçons et filles dans la plupart des pays de l’OCDE. En moyenne, les filles obtiennent un score de 515 contre 478 pour les garçons et les écarts varient de 23 à 62 points.

Le plus étonnant dans ces résultats est la piètre performance de la Finlande, réputée avoir un des systèmes éducatifs les plus performants, et qui affiche le plus grand écart entre les deux sexes : 62 points (les filles obtiennent 556 et les garçons 494) soit deux fois celui des Etats Unis (31) qui est en dessous de la moyenne OCDE (38). La France, par contre avec un écart de 44 points, affiche un différentiel élevé.

Ces nouvelles données désagrégées sur la Finlande, qui a toujours de façon globale obtenu de bons résultats aux tests PISA, remettent en question certains commentaires généraux sur la performance du pays. En fait, ce sont les élèves féminines finnoises qui permettent à la Finlande d’être si bien placée dans les classements internationaux. Les garçons finnois, ayant obtenu un score de 494, sont tout près de la moyenne mixte internationale de 496, de la moyenne OCDE de 478 pour les garçons, et même relativement proche du score des garçons américains de 482 points et de la moyenne américaine mixte de 498 !

Il est intéressant de noter que les pays Nordiques (Suède, Islande, Norvège et Finlande) ont tendance à avoir un écart important entre sexes au niveau de la lecture (ces 4 pays sont dans les 6 premiers au niveau de l’écart !).

Enfin, aux Etats-Unis, il faut noter que ces débats dépassent le clivage filles-garçons et mettent en lumière les différences de performance entre les noirs, les latinos et les blancs qui affichent des écarts encore plus grands (76 points entre les noirs et les blancs, 41 entre les latinos et les blancs). Force est de constater qu’on est encore loin d’avoir réglé le problème de l’égalité des chances.

Le plus surprenant également dans ces études est de voir l’écart entre sexes se réduire et disparaitre avec l’âge : ainsi à partir de 25 ans et jusqu’à 35 ans il n y a plus de différence entre femme et homme au niveau de la lecture. Par contre, à partir de cet âge, l’homme a toujours un meilleur score que la femme !

Cette analyse nous invite ainsi à regarder autrement les données et à les interpréter avec plus de précaution. Reste maintenant à comprendre pourquoi ces différences et pourquoi les filles performent aussi bien dans les systèmes éducatifs !

Sandrine et Maxime Crener

  • Voir les autres articles de la chronique "Regard franco-américain sur l'éducation : Tag Regard  education

 

Sandrine et Maxime Crener : l'axe Boston-Côte d'Azur

Maxime Crener a dirigé le Ceram à Sophia et développé l'Université Internationale de Monaco. Son épouse, Sandrine, est Research Associate à la Harvard Business School. Tous deux, installés depuis cinq ans à Boston, ont gardé un pied sur la Côte d'Azur. Ils sont aussi souvent appelés par des amis azuréens ou monégasques inquiets pour l'avenir de leurs enfants. D'où l'idée de cette rubrique hebdomadaire sur les problèmes actuels de l'éducation avec un point de vue posé des deux côtés de l'Atlantique.

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