Sophia : un vrai campus pour la technopole

Posté ven 12/11/1999 - 00:00
Par admin

Sophia Antipolis aura-t-il enfin ce grand campus qui lui a tant fait défaut dans ses débuts ? Le projet de Campus STIC (Sciences et technologies de l'information et de la communication)étalé sur six ans, financièrement raisonnable (230 millions de francs) est lancé. Il s'appuie sur les deux spécialités du pôle NTIC : Internet et la mobilité.

Geneviève Gourdet, présidente de l'UNSA

Sophia Antipolis aura-t-il enfin ce grand campus qui lui a tant fait défaut dans ses débuts ? Il est permis désormais de l'espérer. En tout cas, le projet est prêt. C'est celui du campus STIC (Sciences et technologies de l'information et de la communication). Un campus qui pourrait réunir à terme, en 2006, environ 4.000 étudiants et qui regrouperait toutes les écoles et les formations diplômantes liées aux nouvelles technologies. Que ce soient celles qui travaillent la technologie pure et dure, ou celles qui l'abordent par un autre biais (droit, économie, gestion). (Photo DR : Geneviève Gourdet, présidente de l'UNSA).

Mieux encore. Ce projet qui, financièrement reste raisonnable (230 millions de francs d'investissements étalés sur six ans), devrait être inscrit au prochain contrat de plan Etat-Région. Et puis, surtout, il fait l'objet d'un consensus rare dans le département. Geneviève Gourdet, la présidente de l'UNSA (Université de Nice Sophia Antipolis), Marc Berthod, directeur de l'INRIA, Christian Tordo, vice-président de la Telecom Valley, Antoine Perry, secrétaire général d'Eurecom, l'ont d'ailleurs présenté ensemble. Pour bien montrer qu'il y avait eu une démarche innovante (la fédération de toutes les forces) pour un projet exemplaire (rassembler ces forces sur un lieu unique).

Les pièces du puzzle déjà en place

Pour Geneviève Gourdet, l'UNSA s'est déjà bien impliquée à Sophia avec l'ESSI, l'ESINSA, l'IUT et avec des laboratoires de recherche comme l'I3S et des laboratoires spécialisés. Ce qui est nouveau c'est que 'toutes les forces liées aux NTIC ont compris qu'il fallait se réunir. Nous allons donc coordonner l'université, les grands organismes de recherche (INRIA, Eurecom) mais aussi des entreprises de la région concernées par ces technologies. Nous avons conscience qu'il ne faille pas seulement une réponse technicienne.

Mais aussi une réflexion sur l'informatique dans la société. Nous avons donc souhaité à accompagner le campus d'un laboratoire des usages qui permettent cette vision à la fois technique et pluridisciplinaire. Les pièces du puzzle ont été déjà mises en place : nous sommes à l'ESSI, à côté de l'INRIA et de l'ESINSA. Nous avons déjà l'embryon de campus. Pourquoi pas aussi y intégrer un incubateur? Ce qui jetterait un pont entre l'université, la recherche, la formation et l'entreprise'.

Passer à la vitesse supérieure

Deux phénomènes poussent le projet, note Marc Berthod, directeur de l'INRIA. 'Les NTIC ont créé une rupture. Derrière, il y a les STIC, les sciences et technologies de l'information et de la communication. Les sciences ont besoin de recherche pour alimenter la demande dans un secteur qui tire la croissance. C'est dans ce domaine que les créations d'emplois sont les plus nombreuses. Le campus est placé dans ce créneau. Deuxième phénomène : la mobilité. De même qu'il y a eu une convergence entre l'informatique et les télécommunications, nous assistons maintenant à une convergence entre Internet et la mobilité.

Ce qui fait que nous sommes bien placés à Sophia pour passer à la vitesse supérieur. Avec la W3C (world wide web consortium), avec les équipes de recherche sur l'imagerie, sur les hauts débits, les protocoles, les réseaux nous couvrons toute la chaîne de compétence de l'Internet et de la mobilité. En rationalisant l'ensemble des forces de formation et de recherche, nous pouvons attendre une accélération de Sophia Antipolis.'

Pérenniser les entreprises sur le site

Pourquoi les entreprises ont voulu s'associer au projet de campus ? Et Christian Tordo, directeur de Texas Instruments et vice-président de Telecom Valley de répondre en trois points. Un: l'intensité et la qualité des relations entre laboratoires et universités est le facteur le plus important de pérennisation des entreprises sur le site. Deux : les étranglements de la reprise dans les années qui viennent seront liés au recrutement. Une des raisons actuelle de la reprise sur Sophia Antipolis, tient dans la possibilité de trouver les ingénieurs formés dont les entreprises ont besoin. Trois : l'association Telecom Valley mène une réflexion sur les usages. Elle s'interroge sur l'utilisation de cette technologie. Que fera-t-on avec le contenant et les contenus. Nous étions en avance, voilà deux ans, en demandant un laboratoire des usages. Sa création reste plus que nécessaire. La technologie, c'est bien. Savoir ce qu'on va en faire, c'est encore mieux.'

L'atout téléphonie mobile

Autre raison majeure qui milite pour le Campus STIC : les avancées de Sophia Antipolis dans le domaine de la téléphonie mobile. Un domaine d'une importance extrème : grâce à la présence de l'ETSI, Sophia se trouve en première ligne dans un secteur de pointe qui est aussi le seul dans lequel l'Europe devance les Etats-Unis. Avec, en perpective le marché colossal de la mobilité qui se chiffre en des dizaines de milliards de dollars. Là aussi des débouchés pour les techniciens et les ingénieurs qui sortiront du campus.

'Le téléphone, note ainsi Antoine Perry, secrétaire général d'Eurecom, devient un outil multimédia. Avec la nouvelle norme UMTS qui remplacera le GSM, il sera possible de transférer des données, des images, des vidéos sur un portable. Les plate-formes à mettre en place sur le campus ont pour but d'être un lieu d'expérimentation et de test des nouveaux services sur mobiles (e-mail vocal, services de réservation, etc.).' Concrètement, le campus nécessiterait la construction de trois bâtiments.

Le premier (35 millions de francs), à l'horizon 2001-2002, avec un centre commun pour héberger les services des différents acteurs, le guichet unique de relation avec les entreprises (l'incubateur pourrait y être logé), le centre de documentation, le labo des usages, le centre de ressources des technologies nouvelles pour les PME-PMI. Un second bâtiment (75 millions) pour les formations de l'université et le troisième(67 millions) pour abriter Eurecom. Le campus, aujourd'hui embryonnaire, serait alors un remarquable outil au service de la Côte d'Azur. Sophia Antipolis cherche aujourd'hui un grand projet pour le futur. Le Campus STIC semble tout naturellement s'imposer…

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