Une souscription ouverte pour "sauver Nice-Matin"

Pour contribuer à leur projet de reprise en SCOP du groupe Nice-Matin en redressement judiciaire depuis le 26 mai, les salariés ont lancé une grande souscription via le site de crowdfunding européen Ulule. Ouverte mardi matin, elle a déjà permis de récolter en trois jours, plus de 110.000 euros avec 528 souscripteurs, soit plus du tiers de l'objectif de 300.000 euros.

C'était le scoop de l'assemblée générale des salariés de Nice-Matin qui s'est tenue lundi à Nice : le lancement d'une grande souscription pour soutenir le projet de reprise du journal par une SCOP (Société coopérative et participative), projet déposé avant le 28 juillet dernier. Il s'agit ainsi de collecter 300.000 euros pour conforter leur candidature qui fait partie désormais des six projets de reprise du groupe de presse en redressement judiciaire depuis le 26 mai dernier.

Comment contribuer

L'opération se fait par deux canaux : le site de crowfunding Ulule, premier site de financement participatif européen (fr.ulule.com) et par chèques libellé à l’ordre de "CMO Nice-Matin" et à envoyer à l’adresse CE Nice-Matin-souscription/ 214, boulevard du Mercantour/ 06290 NICE Cedex 3. Le principe : vous donnez ce que vous voulez! 5 euros (le don minimal), 10, 15, 100 et plus si affinités ! Les dons ne sont pas déductibles des impôts, est-il précisé.

Et bien sûr, dans le cas où le projet de SCOP ne serait pas retenu par le Tribunal de Commerce de Nice, tous les donateurs seraient intégralement remboursés. Les fonds versés sur le site de crowfunding qui sont débités de suite seront reversés aux contributeurs. Les chèques, eux, ne seront encaissés que si le projet arrive à terme (c’est-à-dire à la mi-septembre). En cas d’issue malheureuse, ils seront détruits.

"Nous croyons en l'avenir de Nice-Matin"

Le journal est en vente et "plusieurs repreneurs ont fait acte de candidature, déposant auprès du tribunal de commerce des dossiers qui parlent avant tout de casse sociale", expliquent les salariés sur le site Ulule. "Nous - journalistes, ouvriers du Livre, rotativistes, administratifs, commerciaux et avant tout attachés à notre journal - croyons en l’avenir de Nice-Matin, un titre qui génère 90 millions de chiffres d’affaires, quotidiennement acheté par 130.000 d’entre vous et régulièrement lu par 800.000 azuréens, varois et corses". D'où cette proposition de rachat de l'entreprise qui limiterait la "casse sociale" aux 120 départs volontaires déjà négociés dans le cadre d'un Plan de Sauvegarde.

Quant à cette idée de souscription, elle est venue de l'initiative de Roselyne, fidèle lectrice de 91 ans qui s'occupe d'un refuge pour animaux dans le Var, du côté du Thoronet. Cette dernière leur a fait un don spontané de 3.800 euros en apprenant les ennuis financiers de son journal préféré. Ouverte mardi, la souscription, bien relayée sur les réseaux sociaux, a depuis suscité un bel élan. Aujourd'hui à 13 heures, le site Ulule affichait 112.645 euros par 528 souscripteurs, soit déjà 37% du montant visé alors qu'il reste encore 44 jours à courir.

Les salariés ont été les premiers à mettre la main à la poche

Ces 300.000 euros, bien sûr, ne couvriront pas le rachat. Les salariés, de leur côté, ont mis la main à la poche. Pus d'un million d'euros ont été levés par 300 salariés de Nice-Matin, acceptant de verser 3.500 euros chacun, dans le cadre d'une société coopérative. Ils comptent par ce canal monter à 2 M€. Dans le plan de financement du projet, l'Union régionale des Sociétés coopératives et participatives devrait apporter un million d'euros. S'y ajouteraient 6 millions d'euros d'emprunt bancaire et 3 millions d'euros émanant d'investisseurs privés.

"Nous avons collecté assez pour que le tribunal de commerce prenne notre offre au sérieux mais pas assez pour que notre projet soit viable. Il nous manque 4 millions d'euros", notent encore les salariés. "Commençons par collecter 300.000 euros ! Ça peut paraître beaucoup, mais si chacun met un peu… C’est pourquoi nous lançons cette souscription et faisons appel à la générosité et à la conscience de tous ceux qui pensent que Nice-Matin ne doit pas mourir."

Une "Association des lecteurs de Nice-Matin" pour suivre l'évolution du projet

Des contreparties sont offertes aux donateurs, suivant le montant apporté. Cela va, pour 5 euros, de leur nom et photo dans le 1er numéro du journal qui sera produit par leur société, jusqu'à la possibilité de devenir rédacteur en chef du quotidien pour une journée à partir de 5.000 euros). Les salariés s'engagent aussi à informer les donateurs des suites données à leurs souscriptions via la création d’une "Association des lecteurs de Nice-Matin" dont les membres seront tenus au fait des avancées de notre projet et régulièrement consultés sur le contenu éditorial. De quoi bien lancer l'opération SCOP!