La théorie économique est souvent utilisée pour justifier des choix politiques préétablis. Ce qui introduit une confusion regrettable entre les domaines des valeurs, du politique, et de l’analyse scientifique. C’est pourquoi, tout particulièrement en période électorale, il est essentiel d’analyser les logiques de dérégulation pour essayer de démêler ce qui relève de l’économie et ce qui doit relever du politique. En un mot, ce qui ressort de la fonctionnalité économique et ce qui tient du choix politique. La dérégulation des marchés de l’énergie, désormais éclairée par l’expérience californienne, a valeur d’exemple. Surtout dans le contexte actuel du débat autour de la "privatisation" d’EDF.
Jusqu’alors, l’industrie de l’électricité était classiquement organisée en monopoles géographiques verticalement intégrés (production, transport, distribution). Cette organisation était justifiée par le caractère de monopole naturel reconnu à cette industrie : la taille permettant de minimiser les coûts est celle d’une entreprise dont l’offre couvre la totalité du marché.
La remise en cause de ce principe n’est pas due au hasard, mais à deux séries de facteurs:
- technologiques : Le progrès technologique, qui a rendu possible une diminution de la taille optimale des centrales, et de meilleures performances techniques en matière de transport a concouru à l’élargissement géographique des marchés.
- économiques : les modes de tarification réglementés des monopoles naturels sont dénoncés parce qu’ils n’incitent pas les firmes en place à introduire de nouvelles technologies porteuses de baisses de coûts.
On remarquera que ce problème n’est pas spécifique aux entreprises du secteur électrique. Toute firme dominante tend à s’accaparer la rente née des innovations.
L'éco de la Côte.