Aéroport : la Côte mobilise pour un "Nice-Paris" abordable

Posté ven 05/12/2003 - 00:00
Par admin

A l'initiative de la CCI NCA, les professionnels azuréens se sont réunis pour faire part de leurs inquiétudes devant le rétrécissement de la concurrence et la remontée des tarifs. Une pétition est lancée et la Côte compte se rendre en force au ministère des Transports.

S'il fallait une preuve des inquiétudes que soulèvent le rétrécissement de la concurrence et la forte hausse des tarifs "pratiqués" sur la ligne Nice-Paris Orly, il y en aurait une toute trouvée : le succès de la mobilisation initiée par la Chambre de Commerce et d'Industrie Nice Côte d'Azur. En fin de semaine dernière, une bonne partie des responsables d'associations ou de syndicats socioprofessionnels de la Côte d'Azur avait répondu présent à l'invitation du président de la CCI NCA Francis Perugini, pour parler de la problématique Nice-Paris, bâtir un plan de mobilisation et définir les objectifs à atteindre.L'opinion des professionnelsEtaient ainsi particulièrement représentés les professionnels du tourisme, bien sûr, mais également ceux du monde high tech. Comment vivent-ils le problème de la liaison Nice-Paris ? Il suffisait de les écouter.- Martine Antier, présidente du SNAV : "Les clients affaires partent le matin pour revenir le soir. Les prix désormais sont tellement élevés sur le Nice-Paris que les clients qui avaient à faire le choix entre Sophia et Marseille et qui ont choisi Sophia, le regrettent aujourd'hui, les tarifs étant nettement moins élevés, via le TGV, au départ de Marseille."- Michel Chevillon, président du syndicat des hôteliers de Cannes : "Cannes est la deuxième destination française pour les congrès. Les hôtels ont fait d'énormes investissements pour accueillir cette clientèle. Aujourd'hui, avec la hausse des tarifs de l'aérien, c'est à notre compétitivité que l'on s'attaque. "- Jany Bousquet, présidente du club des entrepreneurs de l'Arénas et fondatrice du réseau d'agences de voyages Grand Large Voyages : "il est pratiquement impossible de trouver une place sur le premier vol du matin à 7h10. C'est inadmissible qu'il n'y ait pas un vol qui parte plus tôt pour les hommes d'affaires. L'autre aspect, c'est la clientèle touristique locale. La plupart des promotions pour Saint-Domingue ou autres, sont au départ de Paris. Le coût s'en trouve désormais alourdi avec le pré-acheminement."- Christian Rousset, directeur du syndicat des hôteliers de Nice : "L'A8 est saturé. Le TGV n'arrivera pas avant 25 ans. Si l'avion devient hors de prix, va-t-il falloir poser un panneau à l'entrée de la Côte indiquant : Réservé au touriste voyageant à pied. L'hôtellerie a fait des investissements importants. Il faut aussi que les touristes puissent venir.- Marc Ugolini, pour le Club des dirigeants de Sophia Antipolis : "L'entreprise Sophia a été bâtie en partie sur la présence de l'aéroport. Pour nous Paris est un centre important. Le nombre de créneaux dont Nice peut bénéficier à Orly a aussi un fort impact. Cela conditionne non seulement le nombre de vols sur Paris, mais aussi tous les vols sur d'autres pays passant par le hub de Paris."- Jean-Marc Djian, président de la Telecom Valley : "Nous payons au prix fort la politique d'aménagement du territoire. C'est là une difficulté supplémentaire que nous rencontrons alors que notre industrie est en pleine mutation et se trouve notamment confrontée à la délocalisation de la production. C'est pourquoi nous appelons toutes les entreprises du secteur high tech à se mobiliser. "- Gérard-Louis Bosio, président de l'UPE06 : "C'est la vision de notre territoire qui est en jeu. La Côte d'Azur va-t-elle devenir une belle au bois dormant ou va-t-elle pouvoir garder son rythme de développement ? "Georges Poli, président de la Chambre des Métiers, Alain Sommer, président de l'UIMM 06, Jean-Pierre Savarino, président de l'APPIM et les autres professionnels présents ont tous dit la même chose : la Côte d'Azur est enclavée et lien aérien avec Paris, avec la capitale de la France, est primordial. D'où la nécessité d'avoir des vols suffisamment nombreux, avec des horaires adaptés et avec également des tarifs qui soient compétitifs avec ceux des autres métropoles régionales.Nice n'a pas le choix train ou avionOr une étude de l'observatoire des prix de la CCI NCA montre justement que depuis la disparition d'Aeris, début novembre, les tarifs disponibles pour un vol dans la journée commandé la veille du départ (la configuration dans laquelle se trouve le plus souvent l'homme d'affaires) sont deux ou trois fois plus chers pour Nice que pour les métropoles françaises du sud que sont Bordeaux, Toulouse ou Marseille."Les entreprises de la cinquième ville de France n'ont pas le choix train ou avion", expliquait Francis Perugini. "A Bordeaux, le tarif le moins cher était celui du train (162 euros et trois heures de trajet), comme à Marseille (162 euros pour 3 heures de voyage). Nice se trouve dans la même disposition que Toulouse. Mais à Toulouse, nous avons trouvé un vol à 145 euros. A Nice, le trajet en train prend 5h40, soit un "différentiel" de 4h10 avec l'avion, ce qui, pour l'homme d'affaires n'est pas envisageable. Le seul tarif disponible pour l'avion était à 413 euros."La Côte unie comme dans le dossier du TGVCe sont là les raisons pour lesquelles Nice se mobilise avant même que les créneaux d'Aeris ne soient redistribués (les créneaux doivent être repris par le COHORS, l'organisme de régulation, à la mi décembre). Nice demande entre autres que dans la redistribution de ces créneaux soit pris en compte le fait que la Côte ne dispose pas de TGV. La redistribution doit donc se faire après une étude globale des liaisons entre les métropoles françaises et la capitale étude incluant le train. "L'Etat ne doit pas garder à nouveau 20% des créneaux, comme cela a été fait lors de la redistribution des créneaux d'Air Lib", déclarait le président de la CCI.Pour être mieux entendu qu'au printemps dernier, lors de cette redistribution des créneaux d'Air Lib, Lionnel Lucca et Rudy Salles, deux députés qui participaient à la réunion de mobilisation, ont suggéré de montrer que la Côte était unie sur ce point, comme cela l'avait été sur le dossier du TGV. Un rendez-vous sera demandé auprès de Gilles de Robien, le ministre des transports et la Côte se rendra en force à Paris pour faire valoir son point de vue. En attendant la pétition qui circule a déjà réuni plusieurs milliers de signatures. Preuve aussi que le problème est bien réel, même si Air France, dans un communiqué, a cherché à réfuter les arguments et l'étude de tarifs de la Chambre de commerce (voir le communiqué Air France, partenaire du développement économique de Nice et de sa région).Pour ceux qui souhaitent s'associer à la pétition, un coup de clic sur le bouton au-dessus de l'Agenda de SN.com. Toute la Côte qui bouge, et pas seulement les hommes d'affaires est concernée par cette bataille qui se joue actuellement sur les liaisons aériennes.

Jean-Pierre  Largillet

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