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Affaire d’Outreau : la dernière interview d’Alain Marécaux

Affaire d’Outreau : la dernière interview d’Alain Marécaux

Samedi, à deux jours du 10ème anniversaire de son arrestation dans le cadre de l’Affaire d’Outreau, Alain Marécaux était à la FNAC de Cannes pour une rencontre autour de son livre Chronique de mon erreur judiciaire. L’occasion d’une dernière interview puisqu’à partir du 14 novembre, Alain Marécaux a décidé de ne plus répondre aux sollicitations des médias afin de franchir une nouvelle étape dans sa reconstruction personnelle.

 

Alain Marécaux, lundi 14 novembre, cela fera 10 ans jour pour jour que vous avez été arrêté dans le cadre de l’Affaire d’Outreau. Le début d’un enfer judiciaire ?

J’ai effectivement été arrêté le 14 novembre 2001 au cri de « Police, ouvrez » et cette date va être le début de mon cauchemar puisqu’on va venir m’arrêter moi, ma femme et mes 3 enfants. J’ai été ensuite incarcéré durant 23 mois, pour ensuite être acquitté le 1er décembre 2005. J’ai coutume de dire que le 14 novembre 2001, je suis rentré dans un profond coma dont je suis sorti le 1er décembre 2005.

Ce qui vous a le plus marqué dans cette affaire, c’est ce qu’ont subi vos enfants ?

Oui, c’est le plus atroce. Moi, j’ai vécu une justice d’hommes incompétents sans doute, mais adultes. Ils n’avaient pas le droit de me faire du mal, mais ils avaient encore moins le droit de faire du mal à mes enfants. Alors que l’institution judiciaire est là pour nous protéger, elle va venir nous broyer et détruire la vie de 3 enfants qui étaient à l’époque âgés de 6 ans, 9 ans et 13 ans.

Malheureusement, vous estimez qu’aujourd’hui un tel tsunami judiciaire est encore possible ?

C’est ce que je crains. On n’a pas tiré toutes les conséquence de l’Affaire d’Outreau, même q’il y a eu cette commission d’enquête parlementaire qui a donné l’espoir de réformer la justice. Il y a eu des avancées qui vont dans le bon sens, mais elles sont insuffisantes. Les mentalités n’ont pas changé et ce qui nous est arrivé en 2001 pourrait encore arriver aujourd’hui.

Sur un plan personnel, depuis 2005, vous avez entrepris de vous reconstruire, en commençant par l’écriture d’un livre ?

Oui, l’écriture de Chronique de mon erreur judiciaire a été la première étape. Ecrire, c’est une thérapie qui fait beaucoup de bien, surtout quand vous êtes édités. Ensuite, il y eu cette commission d’enquête parlementaire qui nous a donné l’espoir de nous dire que nos souffrances pourraient ne pas être vaines. Après, il y a eu la résurrection professionnelle en redevenant huissier de justice, et maintenant il y a ce film Présumé coupable.

Pourtant, au départ, vous étiez plutôt réticent sur ce projet de film ?

J’avais peur que le cinéma vienne dénaturer mon histoire et ajouter à mes souffrances. Le réalisateur et le producteur m’ont rassuré et m’ont impliqué totalement dans le film. Au final, j’ai ressenti que le cinéma était là pour m’aider à avancer. Le summum a été ma rencontre avec Philipe Torreton qui m’a incarné avec une telle persuasion. Il est devenu un militant, pas seulement d’Alain Marécaux, mais un militant contre l’injustice et je l’ai senti investi d’une mission avec cette envie de dénoncer ce qui était arrivé en France en 2001.

Aujourd’hui, c’est votre dernière interview parce que, le 14 novembre, vous avez décidé de tourner une nouvelle page ?

Oui, cela fera juste 10 ans que j’ai été arrêté et je crois que cela me permettra de continuer à avancer. J’ai beaucoup donné aux médias en ne refusant jamais une interview pour expliquer ce qui s’est passé. Maintenant, j’ai envie de redevenir l’anonyme que je n’aurais jamais du cesser d’être. 

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