Air Littoral : sauvé, mais une nouvelle fois amputé !

Posté ven 06/02/2004 - 00:00
Par admin

Le tribunal de commerce de Montpellier a désigné hier soir le groupe financier Alain Duménil comme repreneur. Mais la reprise ne porte que sur 10 appareils (contre 17) et 292 salariés (contre 434). A Nice, il ne restera plus que 6 avions contre 10 actuellement. Peau de chagrin...

Sauvé pouvait-on s'écrier hier soir après la décision du tribunal de Montpellier, décision qui a pris du temps (elle était prévue mercredi puis reportée à jeudi 11 heures, puis finalement annoncée jeudi après 17 heures). Oui Air Littoral, la compagnie des gens du Sud, menacé d'être purement et simplement liquidé après un incroyable feuilleton ouvert cet été, échappait à la liquidation. Les juges consulaires retenaient ainsi un repreneur. Un outsider puisqu'il n'était apparu que récemment : le groupe financier Alain Duménil, qui n'est pas plus dans le monde de l'aérien que ne l'était un autre repreneur potentiel le groupe Ionis.Un nouveau plan social portant sur 150 emploisSauvé. Mais dans quel état et pour combien de temps ? C'est la question qui se pose presque immédiatement. Car le groupe Alain Duménil, qui doit encore obtenir l'agrément du Conseil supérieur de l'aviation marchande (CSAM), lundi 9 février, puis la licence d'exploitation (le 12 février) ne reprend pas l'ensemble du périmètre de la compagnie. Dans un communiqué, Air Littoral a bien précisé que "le périmètre de reprise porte sur 10 appareils CRJ et 292 salariés (contre 17 appareils et 444 salariés actuellement). Cela sur un plan de financement global de 15 millions d'euros sur trois ans.Tout le travail ces derniers jours du repreneur aura été de renégocier les conditions financières faites par les quatre sociétés de crédit-bail, qui sont réellement propriétaires de la flotte des 17 CRJ. Trois ont accepté ce qui était demandé (abandon de six mois de loyer, réduction des mensualités de 30%). Le quatrième, qui est aussi le plus gros puisqu'il dispose de 7 avions, a refusé. D'où cette nouvelle amputation qui suit une première amputation de la flotte décidée en novembre par Seven Group (il y avait encore en septembre 32 appareils!). Amputation qui se traduit par un nouveau et énième plan social : plus de 150 personnes vont quitter la compagnie. Elle comptait plus de 600 personnes en septembre 2003, dont 350 à Nice. Elle en aura moins de 300 pour l'ensemble à l'issue de cette seconde reprise !Une sensible réduction d'activitéCela va se traduire inévitablement par une réduction d'activité. Il est notamment prévu sur l'aéroport international Nice Côte d'Azur de passer de 10 avions basés à 6 soit une coupe de 40%. Les quatre avions restant seront basés à Montpellier. La compagnie a également précisé que le plan d'activité prévoit la poursuite de dessertes dans la zone euroméditeranéenne au départ des deux principales bases d'activités, Montpellier et Nice, à destination de la France, la Corse, l'Italie et le Maghreb. Il est tablé sur un chiffre d'affaires de 90 millions d'euros annuel pour 700.000 passagers transportés (soit moins que la seule activité sur l'aéroport de Nice Côte d'Azur en 2003).Le groupe Duménil est spécialisé dans l'immobilier (il dispose d'un parc de 300.000 m2 à Paris) ainsi que dans le prêt-à-porter haut de gamme où il affiche des marques comme Smalto ou Jean-Louis Scherrer. Pour la reprise d'Air Littoral, Duménil doit immédiatement mettre 7,5 millions d'euros dans les caisses et injecter au total 15 millions d'euros sur trois ans. Il bénéficiera de l'avance remboursable de 4,1 millions d'euros qu'a accepté de donner le conseil régional Languedoc-Roussillon. Le Conseil général de l'Hérault, qui avait envisagé d'avancer 2 millions d'euros, a préféré attendre l'aval de Bruxelles pour cette opération, ce qui lui permet entre autres de remettre la décision à l'après régionales de mars 2004. Quant à la filiale de maintenance (167 emplois), son sort a été dissocié de celui de la compagnie aérienne. Ce dossier sera traité le 17 février et le choix se fera entre trois candidats (Dart Aviation, SLM3D et TAT Industrie.

Jean-Pierre  Largillet

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