La compagnie, dont les avions sont cloués au sol depuis vendredi minuit, a obtenu un petit sursis du tribunal de commerce de Montpellier. Mais pour beaucoup, même si le groupe Duménil apporte les garanties financières, on restera plus près du "crash" que du redécollage.
Ultime sursis jusqu'à ce soir, lundi minuit ! Le temps est plus que compté désormais pour Air Littoral dont les avions ont été cloués au sol vendredi à minuit, le ministère des Transports ayant alors annoncé que le CSAM (Conseil supérieur de l'aviation marchande) n'avait pas accepté le renouvellement de la licence de vol. Cette nouvelle a "atterré" la direction de la compagnie des gens du Sud et a révolté les salariés qui, depuis août et la mise en règlement judiciaire n'en peuvent plus d'être ballottés de repreneur en repreneur. Mais ce "crash", intervenu plus tôt que prévu par certains (beaucoup pensaient que la société allait être maintenue sous perfusion jusqu'après les régionales) n'a pas forcément surpris ceux qui connaissaient le dossier.
A Nice, quelques points du plan de reprise laissaient planer beaucoup d'interrogations sur l'avenir de la compagnie. Comment, se demandait-on sur l'aéroport international, Air Littoral dont 80% du trafic est assuré au départ de Nice va pouvoir faire alors qu'elle ne garderait que 4 avions basés à Nice et 6 sur Montpellier (contre 32 avions au total avant l'amputation faite lors du premier plan de reprise de l'Italien Seven Group). Autre interrogation : comment Air Littoral pouvait-elle traiter la liaison Nice-Orly pour laquelle elle avait obtenu deux aller-retour quotidiens lors de la redistribution des slots de feu "Aeris", alors qu'elle ne dispose que de petits avions pour ses "transversales"? Bref, le "sérieux" du plan de reprise de la "Filature du Favreuil", la filiale du groupe financier d'Alain Duménil ne suscitait que des sourires crispés.
Si certains continuent d'entretenir l'espoir avec la décision du tribunal de commerce de Montpellier d'accorder un "ultime" sursis jusqu'à lundi minuit (il faudrait que le groupe Alain Duménil fasse aujourd'hui un premier versement d'un million d'euros au moins, capital qui s'ajouterait à l'avance de 4 millions d'euros proposée par la région Languedoc-Roussillon), les spécialistes de l'aérien sont eux plus que pessimistes. De leur côté, dans le communiqué du ministère des Transports, Gilles de Robien, le ministre, et Dominique Bussereau, le secrétaire d'Etat aux Transports, passaient déjà à la suite. Il se déclaraient ainsi "particulièrement attentifs à la situation des personnels" et indiquaient "que les structures d'ores et déjà mises en place à Nice et à Montpellier seront renforcées pour faciliter leurs reclassements". Tandis que "des mesures seront prises pour que le développement des aéroports concernés (...) soit assuré et que les liaisons correspondantes soient rétablies".
Comment en est-on arrivé là ? Comment un tel gâchis ? Toujours bien informé en matière d'aérien Radiocockpit.com fait l'analyse et, à contre-coeur, qualifie de courageuse la décision prise par le CSAM. Cela tant les pertes de la compagnie s'étaient accumulées. "Nous sommes dans un système où il faut payer tout le monde avant d’espérer faire bouger le moindre avion de quelques centimètres !", écrit Radiocockpit, expliquant pourquoi les Américains de Wexford s'étaient sauvés en courant. L'ultime sursis accordé à Air Littoral, dans ces circonstances, ne devrait pas changer grand chose. Même si le million d'euros était déposé avant minuit, on serait toujours plus près du "crash" imminent que du redécollage.
Un "crash" qui, à Nice, touchera 350 emplois directs et une centaine d'emplois indirects. Tandis que, pour l'aéroport international Nice Côte d'Azur disparaîtrait une compagnie qui, il y a deux ou trois ans, représentait pas loin d'un million de passagers transportés annuellement.