Air Littoral : une liquidation qui frappe de plein fouet l'aéroport niçois

Posté mer 18/02/2004 - 00:00
Par admin

La fin pour la compagnie des gens du Sud dont la liquidation a été décidée hier par le tribunal de commerce de Montpellier. A Nice, Air Littoral laisse un grand vide : plus de 300 salariés sur le carreau, 17 destinations qui ne sont plus assurées et 750.000 passagers à retrouver...

La fin. Triste. Déchirante. Hier, peu avant 18 heures, le tribunal de commerce de Montpellier a annoncé la liquidation générale. Non seulement la liquidation de la compagnie. Cela semblait inéluctable après le retrait du dernier repreneur, le groupe Duménil. Mais également, ce qui est plus surprenant, la liquidation de sa filiale de maintenance. De la première compagnie régionale française, avec plus de 1.000 employés et 32 avions en août 2003 lors de la mise en règlement judiciaire, il ne reste plus que les 60 employés de l'Esma, la filiale de formation, reprise le mois dernier. A l'issue d'un long chemin de croix, et de l'apparition fulgurante de repreneurs évanescents comme pour le feuilleton Air Lib, le "crash" est désormais entériné.Un "crash" qui touche particulièrement l'aéroport de Nice Côte d'Azur où la compagnie des gens du Sud réalisait 80 % de son activité. Dans l'immédiat, le désastre, à Nice, est d'abord social : plus de 300 employés à reclasser alors que le repositionnement des employés d'Air Lib (Aeris n'avait que très peu de salariés sur la plate-forme) n'est pas encore terminé. Mais ces grands coups de sabre dans le potentiel aérien niçois risquent d'avoir des effets encore plus néfastes. Ils représentent une menace directe pour l'activité économique. Pour le tourisme bien sûr, mais également pour le secteur high tech. Les deux grandes composantes de la richesse azuréenne vivent en effet de l'aéroport. Aussi, toute baisse du régime aérien ne peut qu'affaiblir ces deux grands secteurs.Air Littoral, pour Nice, symbolisait la stratégie offensive des années 90. Air France avait alors clairement choisi de privilégier son hub international de Roissy et avait joué Lyon pour son hub européen. Nice, premier aéroport français de province, avait cherché à être pro-actif pour garder sa position et continuer à s'affirmer comme la "locomotive" de l'économie azuréenne dans un territoire qui souffre d'enclavement. Air Littoral avait démarré en 1996 sur la plate-forme de Nice avec deux objectifs : animer une plate-forme de correspondance à Nice pour les grandes transversales (du type Toulouse-Naples avec arrêt rapide à Nice); augmenter la zone de chalandise de l'aéroport local et nourrir ses lignes françaises et européennes.La stratégie a bien marché. En 2000, Air Littoral avait frôlé 1,2 million de passagers (960.000 en 2001, l'année noire du 11 septembre américain). Preuve s'il en fallait que les besoins existent. En 2003, en dépit déjà de quelques restructurations et d'une fin d'année chaotique sous le couperet du règlement judiciaire, elle avait transporté encore plus de 750.000 passagers et se classait en troisième position des compagnies de la plate-forme, derrière Air France et EasyJet. Pour l'hiver 2003-2004, avant que les avions ne soient bloqués au sol, elle assurait entre 34 et 38 liaisons quotidiennes sur 17 destinations court et moyen-courrier (Europe méditerranéenne, Algérie et métropoles françaises). Sa brutale disparition laisse non seulement des milliers de passagers sur le tarmac niçois, mais aussi un grand vide.Après Air Lib en début d'année dernière, puis Aeris en fin 2003, c'est un nouveau coup très dur qui frappe aujourd'hui l'aéroport international. Celui-ci va devoir revoir sa stratégie s'il veut continuer à progresser et atteindre ne serait ce que son objectif 2004 d'un accroissement de trafic revu à +3,6% par rapport à 2003. Le départ s'inscrit en tout cas loin de cet objectif de trafic. Après un mois de janvier à -5%, les statistiques de février risquent d'être bien handicapées par le "crash" d'Air Littoral et les grèves à Orly. Et sur l'année, il faudra récupérer les 750.000 passagers que laisse Air Littoral. Rude challenge.

Jean-Pierre  Largillet

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