Antoine Pierini, maître verrier de père en fils

Posté jeu 13/10/2011 - 15:13
Par admin

Le Cap d’Antibes Beach Hôtel a été dernièrement le théâtre d’une rencontre originale entre deux maîtres du feu. Philippe Jégo, le Chef étoilé du restaurant Les Pêcheurs y a réalisé, le temps d’une soirée, un dîner inspiré des œuvres du maître verrier Antoine Pierini dont un grand nombre sont exposées dans l’établissement. Antoine Pierini qui a commencé par suivre les traces de son père qui, dans les années 80, a remis à l’honneur le travail du verre soufflée à la canne, avant de se forger sa propre sensibilité créatrice qui, tout comme celle de son père, séduit aujourd’hui les amateurs et les collectionneurs du monde entier. Rencontre avec Antoine Pierini pour évoquer son parcours et sa passion du verre.

Antoine Pierini, maître verrier de père en fils

 

Antoine Pierini, vous avez la passion du verre dans le sang, mais vous avez de qui tenir ?

Oui, j’ai tout appris aux côtés de mon père qui est verrier depuis 40 ans. D’abord en l’observant puis en suivant son parcours à travers ses expositions et ses évolutions, mais aussi en partageant ses rencontres avec d’autres maîtres verriers, soit à Biot soit à l’étranger, que ce soit à Murano  ou aux Etats-Unis.

Avant de s’installer à son compte, votre père est passé par la célèbre verrerie de Biot ?

Il a commencé comme « compositeur », un travail d’alchimiste chargé de préparer les couleurs de la pâte de verre. Mais très vite, il a été intrigué par les verriers qui travaillaient à ses côtés, et a laissé tomber son travail, qui était pourtant très bien payé à l’époque, pour repartir de zéro et apprendre le verre. Il s’est ensuite installé à son compte dans le Var où, pendant 10 ans, il a fait de l’utilitaire, avant de revenir à Biot où il a racheté un ancien moulin à huile, et là il a décidé de se lancer dans la création.

Vous travaillez avec lui, mais vous avez cherché à vous démarquer ?

Dès le départ, après avoir appris les techniques de base, j’ai cherché à me démarquer mais tout en essayant de conserver l’esprit de sa démarche, c'est-à-dire de ne pas être trop chargé en couleurs et d’être assez élégant et épuré dans mon travail du verre.

Ce travail du verre est assez pénible physiquement, surtout pour les grosses pièces ?

Oui, surtout en raison de la chaleur qui provient de la matière en fusion qui est à 1 200 degrés quand on la travaille ainsi que des fours, mais aussi du poids. Il nous arrive de faire des pièces allant jusqu’à 20 kilos et, au bout d’une canne d’un mètre 20, le poids est démultiplié ce qui rend le travail assez physique.

Votre travail réclame également beaucoup d’anticipation ?

On n’a pas le droit à l’erreur, donc nous sommes obligés de réfléchir beaucoup sur les étapes successives à suivre. Chaque geste est calculé et il faut avoir beaucoup de dextérité pour maîtriser et dominer la matière en fusion, mais aussi de ressenti pour rattraper le coup lorsque cela ne se passe pas comme l’on veut au départ.

Certains verriers d’art à Biot ont un rayonnement international, c’est votre cas ?

Oui, depuis le début j’expose à l’étranger où j’ai bénéficié au départ du réseau de mon père qui a exposé aux quatre coins du monde. Les portes étaient ouvertes, mais il a fallu suivre derrière car sinon elles se seraient vite refermées. Maintenant, j’ai fait mon petit bout de chemin de mon côté et cela se passe bien pour le moment. 

Quels sont aujourd’hui vos objectifs ?

D’exposer là où on n’a jamais mis les pieds et de se faire connaître de plus en plus. Je suis encore assez jeune et il y a encore beaucoup de lieux où faire découvrir mon travail.

 

Ajouter un commentaire