Art et techno : quand les maîtres-verriers de Biot se mettent à l'IA

Réalisée par cinq maître-verriers de Biot en cocréation avec une Intelligence Artificielle, la sculpture de verre avait été présentée en première mondiale au World Artificial Intelligence Cannes Forum en avril. Avant de rejoindre la future Maison du Verre à Biot, elle devrait maintenant être exposée dans différents salons technologiques et musées internationaux et être la pièce maitresse d'un musée 3D verse.

GlassIA Colloque Art Science Pensée

C'est une œuvre d'art cosignée Biot et IA, qui mérite d'être montrée. Cette sculpture de verre, qu'il a été envisagé de baptiser GlassIA, avait été présentée en première mondiale lors du WAICF (World Artificial Intelligence Cannes Forum) d'avril dernier. Son originalité ? L'œuvre, dans une démarche de "créativité augmentée", a été réalisée en combinant l'algorithme d'une IA et le savoir-faire de cinq maîtres verriers de la capitale de la verrerie artisanale. Un véritable trait d'union entre tradition et innovation, entre le village séculaire de Biot et la jeune technopole de Sophia Antipolis. (Photo WTM : la sculpture de verre a été dévoilée lors de la conférence de l'Institut EuropIA au colloque Art, Science, Pensée de Mouans-Sartoux).

Avec Obvious, le créateur du premier portrait par une IA

Mais après cette présentation réussie, l'idée est maintenant de ne pas en rester là et de faire voyager la pièce pour montrer le potentiel créatif de l'IA. Une opération qui désormais est sur les rails. A l'occasion du récent colloque Art, Science, Pensée de Mouans-Sartoux, elle a été lancée par Marco Landi, président de l'Institut EuropIA, à l'issue de sa conférence sur le thème d'IA et pouvoir. Deux secteurs sont ciblés pour faire connaître à un plus large public cette œuvre et le concept de créativité augmentée par l'IA : les salons liés à la technologie d'un côté ; les musées et grandes expositions de l'autre.

La cocréation Art et IA avait certes déjà été expérimentée en matière de peinture avec le portrait d'Edmond de Belamy réalisé par la société française Obvious. Ce portrait avait marqué les esprits. Il avait fait le tour du monde et avait été vendu aux enchères par Christie's, fin 2018, sur un prix de…430.000 dollars. Mais le travail s'était fait alors en 2D. Passer à une cocréation 3D tenait du tour de force. Avec le Département et la CASA, la ville de Biot a relevé le défi en collaboration avec Obvious, qui a joué le jeu, et Vizua, un autre Français à la pointe de l’innovation basé dans la région grassoise.

Des milliers de photos compilées et analysées par l'IA

La méthode employée ? À la demande d’Obvious, les verriers biotois d’hier et d’aujourd’hui ont fourni plus d’un millier de photographies de leurs créations, mêlant ainsi les différentes époques, tendances et techniques. Celles-ci ont ensuite été compilées et analysées avant d’être intégrées dans un algorithme pour qu’il fasse une synthèse et génère l’oeuvre finale en 2D, c’est-à-dire une représentation à plat, sans profondeur. L’algorithme ne fonctionne en effet qu’en 2D.

Les verriers biotois ont donc dû réinterpréter cette image 2D en une oeuvre modélisée avec du volume et de la profondeur : ils ont soufflé cette image en 3D et donné naissance à une oeuvre unique, cosignée par les verriers et Obvious. Pour l'anecdote, Jérôme Chifflet, ingénieur Orange et adjoint au maire de Biot qui a orchestré le projet, a relevé que chacun des cinq maîtres-verriers avait reçu plusieurs centaines d'images et devait en retenir deux. "Chacun des verriers a une personnalité bien marquée et le risque était de se retrouver avec une grande diversité d'images. En fait, seules deux images avaient été retenues par les cinq." Fait rarissime, ils se sont tous mis d’accord sur leur interprétation afin de pouvoir donner naissance à une oeuvre collective commune.

Deux autres enjeux et la perspective d'un musée 3D Verse avec Vizua

A plus long terme, cette première sculpture IA est destinée à rejoindre la future Maison du Verre de Biot. Mais deux autres enjeux restent à engager à plus court terme : perfectionner l'algorithme pour qu’il puisse non pas remplacer l’artiste, mais devenir un acteur supplémentaire dans la créativité ; permettre à des verriers basés dans différents endroits du monde de cotravailler ensemble sur un même projet sans jamais se rencontrer.

Ce sera le rôle de l'autre partenaire technologique, Vizua 3D. En créant un musée 3D verse, un musée à réalité augmentée, il mettra en scène cette première sculpture biotoise avec d’autres oeuvres de verriers, afin de promouvoir cette notion de coworking à l’échelle mondiale. On pourra ainsi voir non seulement la sculpture, mais sa fabrication, le travail des maitres-verriers. Et cela en trois dimensions, sous tous les angles. Biot, qui avait déjà inventé le verre bulle, fait maintenant entrer son savoir-faire dans l'ère numérique.

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