L’homme le plus riche d’Europe confirme son attachement à la Côte d’Azur. Bernard Arnault, PDG du groupe de luxe LVMH, vient de racheter l’hôtel Cap Estel à Èze via sa holding familiale, Financière Agache. Niché sur une presqu’île privée entre Nice et Monaco, cet établissement 5 étoiles de seulement 20 chambres et suites est considéré comme l’un des joyaux les plus exclusifs de la Riviera. Le montant de la transaction, estimé à environ 200 M€, établit un nouveau record dans l’immobilier hôtelier de luxe. (Photo DR : Cap Estel la nuit).
Ce rachat marque une étape supplémentaire dans la stratégie de l’empire Arnault d’ancrer son influence sur la Côte d’Azur. Après l’acquisition du Cheval Blanc à Saint-Tropez, de la Réserve de Beaulieu et du Château Saint-Martin à Vence, Bernard Arnault renforce son portefeuille hôtelier avec une adresse mythique, fréquentée par des célébrités et des familles royales en quête de discrétion. La rareté du Cap Estel, sa taille confidentielle et son panorama exceptionnel en font un actif unique, à la croisée du patrimoine, du luxe et de l’investissement.
L’histoire du Cap Estel contribue aussi à son aura. Construit au début du XXᵉ siècle, il fut tour à tour résidence privée aristocratique, refuge d’artistes, puis hôtel de prestige où séjournaient Greta Garbo, les Beatles ou encore Anthony Quinn. Il a également servi de décor à plusieurs tournages, dont le film culte Boulevard du Rhum avec Brigitte Bardot. Sa rénovation dans les années 2000 a renforcé son identité, alliant charme Belle Époque et confort contemporain, avec spa, restaurant gastronomique et piscine à débordement face à la Méditerranée.
La valorisation du Cap Estel – estimée à plus de 10 M€ par clé – dépasse de loin les standards européens. À titre de comparaison, le Grand-Hôtel du Cap-Ferrat (Four Seasons) s’était négocié autour de 3,5 M€/clé en 2015, et l’Eden Roc du Cap d’Antibes autour de 5 à 6 M€/clé. Cette transaction illustre aussi une tendance de fond : la patrimonialisation des hôtels iconiques, désormais considérés comme des actifs de collection, recherchés par de grandes fortunes et fonds souverains.
Au-delà du prestige, l’opération reflète l’évolution du marché hôtelier de luxe. Tandis que les segments traditionnels subissent les effets du ralentissement économique, les établissements ultra-exclusifs voient leur valeur s’envoler, comparables à l’art ou aux grands crus. Pour la Côte d’Azur, ce rachat confirme son statut de destination phare mondiale du luxe et du tourisme haut de gamme. Pour Bernard Arnault, il s’agit d’un placement stratégique, consolidant un portefeuille hôtelier méditerranéen unique.

Une vue de l'hôtel à partir de la piscine.