Business Angels : 2023, l’année exceptionnelle d’Angel’s Bay Invest

Les vents ont tourné l’an dernier également pour les startups de la Côte (disparition d’Onhys, MyDataModels, Qiti…). Mais Angel’s Bay Invest n’a pas cessé pour autant d’investir. Pour Michel Bernasconi, président de l’association azuréenne de Business Angels, 2023 restera même comme une année exceptionnelle en matière d’investissement. Son analyse.

C’est toujours une jeune association. Fondée en 2016, Angel’s Bay Invest regroupe aujourd’hui 25 Business Angels et n’a pas encore effectué de sortie de son “portefeuille” (14 projets dans lesquels ses membres ont investi). Comme l’explique son président Michel Bernasconi, les sorties, principalement par une revente, se font habituellement à partir de 5 et 6 ans, mais avec la période Covid, du retard a été pris et les premières sorties ne sont envisagées qu’en 2024. (Photo DR : Michel Bernasconi, président d'Angel's Bay Invest).

Pas de "sorties" mais aucune "casse"

Mais s’il n’y a pas eu de "sorties", permettant d’abonder les réinvestissements, en revanche, il n’y a pas eu de “casse”. Les 14 projets sont en bonne santé. C’est ce dont se réjouit ce spécialiste du management de startups (Professeur Emérite SKEMA Business School, il a entre autres dirigé SKEMA Venture, l'entité destinée à l'émergence de startups étudiantes au sein de l'école de commerce). Ce dont il se réjouit aussi, c’est du montant des investissements 2023.

“Habituellement, le montant de nos investissements annuels est de l’ordre de (200 à 300 K€)", rappelle-t-il. "L’année dernière, le montant investi s’est élevé à 670 K€, un chiffre bien supérieur à la moyenne annuelle". Et de préciser qu’un "club de BA n’est pas un fonds d’investissements. Ses membres sont pour la plupart d’anciens créateurs ou dirigeants d’entreprise qui engagent leurs propres ressources et s’investissent aussi personnellement dans les jeunes pousses innovantes, apportant non seulement un financement mais aussi leurs compétences, leurs expériences et leurs passions pour l'entreprise".

Les nouveaux investissements de 2023

Leurs nouveaux investissements 2023 ? On retrouve cinq premiers tours :

  • Midgard (Ajaccio) : Outil d'aide à la décision pour les acteurs de la Sécurité Civile MidGard (midgard-ai.com)
  • Ynnov (Sophia Antipolis) : Spine Back, un appareil médical pour le diagnostic des dysfonctionnements du rachis et le suivi de la rééducation 
  • Klava (Paris et Nice) : Thérapie digitale labellisée CE permettant de soigner les addictions au tabac et à l'alcool, en complément des traitements habituels (klava-innovation.com)
  • Interstellar (Paris) : Serres permettant de recréer un climat autonome dans le but de faire pousser le vivant en environnement contrôlé
  • Legapass (Sophia Antipolis)  : Planifie la transmission du patrimoine numérique 

Se sont ajoutés quatre réinvestissements dont, en particulier pour Traxxs et Inalve (pour ce dernier dans le cadre d’une levée de 2 M€)…

Des investisseurs beaucoup plus sélectifs en 2023

"Les BA de la région ont vu peu de bons dossiers," note Michel Bernasconi. "Mais Angel’s Bay Invest en a vu suffisamment de bons dans ses centres d’intérêts, grâce à ses membres et à ses réseaux. Il faut aussi regarder sur Paris." 

"L’année 2023 a été difficile pour de nombreuses entreprises. Celles qui n’avaient plus de cash et loin de la rentabilité ont souffert ou disparu (Qiti, Ohnys, …). De belles levées ont été réussies pour certaines entreprises du 06 qui ont trouvé leur marché (TSE, Ecoat, Qualisteo, Inalve, Bioceanor…). Les investisseurs ont accompagné les entreprises de leur portefeuille en réinvestissant dans les plus prometteuses et pas dans les autres.” 

“Les JEI (Jeunes Entreprises Innovantes) semblent avoir réussi à recruter correctement. Mais le recrutement reste toujours difficile pour les commerciaux. Elles ont aussi absorbé pour la plupart le Covid et ses effets. A noter également que s’il y a beaucoup de bons dossiers dans la pharma, ceux-ci sont difficiles à financer par des BA."

Les éléments positifs de 2024

"2024, sera sans doute une année difficile avec les mêmes tendances que 2023 pour les entreprises. On devrait malheureusement voir encore des défaillances de startups. Ce sera probablement une année de consolidation. La crainte de nouveaux évènements économiques, sanitaires ou géopolitiques pourraient perturber le fonctionnement et le développement des entreprises."

"Mais plusieurs éléments positifs sont à garder en tête. L'incubateur Provence Côte d’Azur a “rentré” beaucoup de bons projets qui devraient chercher des financements en 2024. Le financement seed des BA devrait rester soutenu par les entrepreneurs qui ont revendu leurs entreprises et les family offices. La nouvelle fiscalité pour les JECI et JER (30% et 50%) devrait inciter à prendre plus de risque pour les deeptech (les réductions d’impôts seront en effet nettement accrues). Si les Fintechs, le Saas pour les entreprises, les plateformes arrivent sur une fin de cycle en revanche les greentech, l’agritech, les medtech, les applications de l’IA sont de plus en plus recherchées”. Le sel de l’investissement en 2024.

 

Commentaires

Jerome Nollet (non vérifié)     ven 26/01/2024 - 21:42

C'est quoi les JECI et les JER "La nouvelle fiscalité pour les JECI et JER" ? Merci

Jean-Pierre Largillet     lun 29/01/2024 - 11:40

En réponse à par Jerome Nollet (non vérifié)

Le projet de loi de finances pour 2024 opère une refonte du dispositif JEI (jeunes entreprises innovantes) et crée deux nouveaux statuts pour les startups : Le statut de JEIC (jeune entreprise d’innovation et de croissance) et le statut de JEIR (jeune entreprise d’innovation et de rupture)
Il est prévu une augmentation de la réduction d’impôt sur le revenu encourageant à investir au capital de PME. Cette dernière sera portée à 30 % entre 2024 et 2028 au lieu de 25 % en 2023 pour les JEI et les JEIC. Elle sera même de 50 % pour les JEIR. L’investissement maximum possible est de 50 000 € à 75 000 € pour un célibataire et de 100 000 € à 150 000 € pour un couple.

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