Cannes 2004 a réussi son plus difficile challenge : avoir lieu

Posté lun 24/05/2004 - 00:00
Par admin

C'est le premier grand festival de la saison française : s'il avait fallu l'annuler, Marseille, Aix, Avignon et les autres risquaient de tomber. Cannes a tenu. Quant à la Palme d'Or accordée au brûlot anti-Bush de Michael Moore, elle donne un côté très médiatique au palmarès.

Ouf! Le premier challenge qu'aura réussi cette 57ème édition du Festival de Cannes qui s'est achevée samedi est d'abord d'avoir eu lieu jusqu'au bout. Et d'avoir pu se tenir finalement sans les fortes perturbations que l'on pouvait craindre quelques jours avant l'ouverture. Les intermittents se sont exprimés. Le monde entier les a vus sur les marches du palais des festivals lors de la cérémonie d'ouverture. On les a entendus le long de la Croisette; on les a revus sur le toit de la Gare Maritime de Cannes.Certes, la cohabitation a bien failli déraper le samedi précédent lors de l'occupation du cinéma Star. Mais entre les mesures d'apaisement du gouvernement sur le statut des intermittents, les ouvertures de la direction du Festival et les excuses du préfet des Alpes-Maritimes pour la bavure du samedi, le jeu s'est calmé et le festival a pu se terminer normalement. Quant à la grève dans les palaces, qui n'était pas prévue au programme, elle a pu être limitée au Carlton et finalement s'arrêter avant la fin des festivités.Cannes étant le premier grand festival de la saison 2004, il était important qu'il puisse avoir lieu. Un blocage du Festival et c'était le risque, dans la foulée, d'annulation des festivals de Marseille, Aix, Avignon, etc. Comme des dominos. Un véritable sinistre culturel. Le succès de cette 57ème édition cannoise ouvre aussi sur une saison de festivals moins chahutée que l'an dernier avec l'annulation de plusieurs grandes manifestations françaises et de bien mauvaises répercussions sur le tourisme national.Le palmarès ensuite. Avec une Palme d'Or à Fahrenheit 9/11, le brûlot anti-Bush, de Michael Moore, Quentin Tarantino ne va certainement pas contribuer à réconcilier la France avec l'actuel locataire de la Maison Blanche. Mais les commentaires dans une presse américaine qui commence à faire son "mea culpa" et juger qu'elle a été peut-être trop complaisante vis-à-vis de l'administration de Georges Bush ne sont pas forcément négatifs. Ainsi le New York Times, note-t-il qu'il sera difficile de rendre les seuls Français responsable de ce choix "politique" alors que dans le jury il n'y a qu'une seule française (Emmanuelle Beart) et qu'entre le président Quentin Tarantino, les trois jurés américains et la jurée britannique, la majorité était du côté des ressortissants des pays de la coalition...On trouvera l'ensemble du palmarès avec photos des lauréats sur le site www.festival-cannes.fr. Un palmarès que les spécialistes du cinéma auront jugé certes un peu étonnant (c'est notamment la première fois qu'un documentaire obtient la Palme), décapant, mais finalement très stimulant. Cannes 2004, sorti de ses frayeurs sociales, aura finalement su jouer l'ouverture.

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