Cannes 2013 : Jimmy P., une psychanalyse passionnante vue par Arnaud Desplechin

Posté sam 18/05/2013 - 15:36
Par admin

Arnaud Desplechin crée l’événement aujourd’hui au Festival de Cannes avec "Jimmy P.", un film qui relate une histoire vraie, celle de la rencontre entre un anthropologue et psychanalyste français et un indien touché à la tête durant le Seconde Guerre mondiale mais qui semble plutôt souffrir de blessures à l’âme. Transformer une succession de séances d’analyse en un film romanesque pouvait semblait au départ un défi insurmontable. Pourtant Arnaud Desplechin le relève haut la main en s’appuyant d’abord sur un formidable duo d’acteurs avec Mathieu Amalric et Benicio Del Toro. Parfaitement maîtrisé, son film est captivant de bout en bout et est une grande réussite.

Cannes 2013 : Jimmy P., une psychanalyse passionnante vue par Arnaud Desplechin

Benicio Del Toro et Mathieu Amalric, le formidable duo d'acteurs de "Jimmy P. (DR)

Arnaud Desplechin est un habitué du Festival de Cannes puisque Jimmy P. qu’il présente aujourd’hui est son 5ème film en compétition sur La Croisette depuis La Sentinelleen 1992. Dans Jimmy P. (Psychothérapie d’un indien des Plaines), tourné entièrement aux Etats-Unis en anglais, Arnaud Desplechin relate une histoire vraie, celle de la rencontre entre Georges Devereux, un anthropologue français spécialiste de la culture amérindienne, et Jimmy Picard, un indien ayant combattu en France durant la Seconde Guerre mondiale d’où il revint blessé à la tête. A son retour au pays, l’hôpital militaire de Kansas city appelle à la rescousse le français pour essayer de trouver l’origine des troubles - visions, maux de tête et vertiges – dont souffre Jimmy et qui semblent ne pas être physiques mais plutôt relever de blessures à l’âme.  Au fil des très nombreuses séances d’analyse qui dureront plusieurs mois, les deux hommes vont tisser de solides liens d’amitié et de confiance. En s’appuyant sur l’analyse des rêves de Jimmy, Georges Devereux lui permettra peu à peu de cerner les problèmes qui le hantent depuis bien avant la guerre.

Un formidable duo d’acteurs

Transformer une succession de séances d’analyse en un film romanesque pouvait semblait au départ un défi insurmontable. Pourtant Arnaud Desplechin le relève haut la main en s’appuyant d’abord sur un formidable duo d’acteurs. Avec sa verve, son ironie, mais aussi sa mélancolie, Mathieu Amalric donne vie au personnage de Georges Devereux, tantôt fantasque, tantôt sérieux et dont il nous fait croire d’emblée aux qualités humaines. La performance de Benicio Del Toro, transformé en indien complexé dont il fait partager le malaise aux spectateurs, est encore plus saisissante et il se pose en candidat très sérieux pour le Prix d’Interprétation Masculine qu’il a déjà obtenu à Cannes pour son rôle dans Che, le diptyque de Steven Soderbergh sur la vie du Commandante Che Guevara. Les partis pris de mise en scène d’Arnaud Desplechin parviennent également à rendre le film captivant de bout en bout. En illustrant les rêves de Jimmy, tantôt de façon un peu fantastique, tantôt par des flashs-back classiques, le cinéaste permet au film de ne pas tomber dans une succession de dialogues bavards et ennuyeux. En filmant Jimmy au plus près, il rajoute aussi de la tension et nous gratifie de quelques beaux moments d’émotion. Au final, le film est une belle ode à l’amitié pure entre deux êtres qui n’auraient jamais dû se rencontrer et c’est une grande réussite.   

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