Cannes 2019 : Le retour en grande forme de Terrence Malick

Palme d’Or en 2011 pour Three of Life, Terrence Malick a fait un retour au Festival de Cannes en très grande forme avec son film Une Vie cachée. Un film lumineux et profond sur l’histoire d’un paysan autrichien qui refusa d’aller combattre et de prêter allégeance à Hitler.

Image du film de Terrence Malick

Même s'il est un peu plus prolifique depuis sa Palme d'Or récoltée à Cannes en 2011 pour Three of Life, Terrence Malick est un cinéaste rare et la projection hier au Festival de Cannes de son film Une Vie cachée était très attendue. Une attente qui n'a pas été déçue même si le réalisateur,  toujours aussi secret,  n'était pas présent sur la Croisette.

Une Vie cachée raconte l'histoire vraie de Franz, un paysan qui coule des jours heureux avec sa femme Fani et ses trois filles  dans un village de montagne du Tyrol. Lorsque la guerre survient, il part faire ses classes avant d'être démobilisé après la capitulation de la France. A son retour, Franz est de plus en plus en décalage avec la montée du nazisme qui gagne même  son petit village. Les habitants s'offusquent de son attitude et le rejettent lui et sa femme, d'autant plus que la guerre se prolongeant, les paysans commencent à être rappelés sous les drapeaux. 

Le tour de Franz arrive mais celui-ci refuse de participer à cette guerre qu’il juge injuste, et surtout de prêter allégeance à Hitler, un préalable obligatoire à l'enrôlement des soldats du Reich. Cette rébellion ne reste pas impunie et Franz est jeté en prison, puis transféré à Berlin pour son procès. Malgré les périls qui le menacent et les nombreuses tentatives pour le faire plier, il restera obstinément fidèle à ses principes et refusera jusqu'au bout de faire allégeance au Führer. 

Des images et un rythme au service du récit

Terrence Malick est un cinéaste qui aime prendre son temps pour raconter ses histoires. Visiblement captivé par la splendeur de la montagne autrichienne qu'il a su magnifier dans une sorte d’ode à la nature, son tournage au long cours lui a permis de rendre compte de ses transformations au fil des saisons. La longueur du film (3 heures) lui a aussi laissé le loisir d'imprégner progressivement les spectateurs du bonheur profond qui semble émaner de la vie de Franz et Fani, portés par un amour absolu. Un amour qui résistera jusqu'au bout de cette tragédie.

Pour son retour à Cannes 8 ans après son triomphe, Terrence Malick nous offre un film lumineux et profond embarquant le spectateur dans un tourbillon d’images somptueuses, mais l’invitant aussi à la réflexion sur la façon dont l’Homme peut se laisser entraîner par les forces du mal et sur la nécessité de leur résister. Alors que, pour inciter Franz à rentrer dans le rang, nombreux étaient ceux qui lui disait que son geste était vain car il resterait ignoré de tout le monde, Terrence Malick vient, bien des années après, leur apporter la preuve du contraire avec un film qui pourrait bien figurer en haut du palmarès samedi soir.

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