Cannes : Alcatel Alenia Space va passer dans le giron de Thales

Posté mer 05/04/2006 - 00:00
Par admin

Le groupe d'électronique de défense a accepté l'offre d'Alcatel qui, en échange de sa filiale satellites, va passer de 9,5% à 21,6% dans son capital. Une nouvelle bien accueillie par les salariés qui, en revanche, redoutent toujours le scénario du "mariage à trois" avec Astrium.

Au sein de l'établissement de Cannes d'Alcatel Alenia Space (environ 2.000 salariés et 400 sous-traitants), la réunion du Conseil d'administration de Thales qui s'est terminée cette nuit était suivie de très près. Car si les salariés d'Alcatel Alenia Space voient d'un bon œil le regroupement du secteur satellite d'Alcatel au sein de Thales, en revanche, le scénario d'une fusion avec Astrium, leur apparaît comme un scénario noir socialement, tant les doublons avec Astrium seraient porteurs de suppressions de suppressions d'emplois, voire de sites entiers.La porte laissée ouverte à de nouveaux entrantsCe qui est ressorti du Conseil d'administration de Thales a pu les rassurer, même si l'hypothèque Astrium, filiale satellites d'EADS, n'est pas totalement écartée. Les administrateurs de Thales ont en effet donné le feu vert à la montée d'Alcatel dans le capital. Ainsi l'équipementier français de télécommunications va passer de 9,5% à 21,6% dans le capital de Thales. En échange il apporte à Thales ses activités dans les domaines des satellites et de la sécurité. La finalisation de cette opération devrait avoir lieu au second semestre 2006.Sur la question de l'entrée simultanément d'EADS au capital le conseil de Thales n'a pas tranché mais laisse la porte ouverte à de nouveaux entrants sans citer nommément EADS qui, a fait le forcing ces derniers jours pour apporter comme Alcatel en dot sa filiale satellite Astrium afin d'assurer une entrée à hauteur de 20% dans le capital de Thales, en même temps qu'Alcatel. Dans le communiqué de Thales diffusé à l'issue de la réunion d'hier, il est ainsi noté que "le conseil d'administration a mandaté le président pour examiner, selon une démarche similaire, les projets qui pourraient être envisagés, tant dans le domaine des satellites que dans celui de l'électronique de défense, avec les autres acteurs européens, dans la mesure où ces derniers exprimeraient leur intérêt et où ces projets recueilleraient l'accord d'Alcatel, partenaire industriel de Thales, conformément au pacte d'actionnaires en vigueur".Des synergies opérationnelles de 50 millions d'euros à l'horizon 2008Cette dernière phrase devrait contribuer à rassurer les salariés d'Alcatel Alenia Space. Ces derniers en effet estiment que l'entrée, pour ne pas dire le retour (l'activité satellite d'Aerospatiale qui est aujourd'hui Alcatel Alenia Space, s'est trouvée un moment dans le giron de Thales qui s'appelait alors Thomson) devrait être bénéfique. Alcatel Alenia Space travaille déjà étroitement avec Thales qui fournit les stations au sol ou encore les charges utiles des satellites. Les deux sociétés sont très complémentaires et le regroupement ne devrait pas donner lieu à des suppressions d'activité mais au contraire favoriser des synergies. Dans un communiqué, le groupe ajoute que l'opération devrait lui permettre de dégager des synergies opérationnelles de 50 millions d'euros environ à l'horizon 2008, tout en ajoutant qu'elle n'aura "pas d'impact négatif sur la situation de l'emploi".En revanche, le mariage à trois avec Thales, Alcatel, EADS, avec la création d'une filiale satellite regroupant les activités spatiales de Thales, avec Alcatel Alenia Space et Astrium, serait de l'avis de beaucoup sanglante au niveau de l'emploi, Alcatel Alenia Space et Astrium se dupliquant dans bon nombre de secteurs. Le syndicat CFE-CGC qui dans un communiqué a salué ce qui apparaît comme une "nouvelle étape de la construction du pôle européen", a estimé qu'en revanche, le mariage à trois pourrait déboucher sur 3.000 suppressions de postes.Lire également le communiqué d'Alcatel

Jean-Pierre  Largillet

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