"LHonneur dun cinéaste" par Gérard Camy La 317e section, Le Crabe-tambour, Lhonneur dun capitaine
Autant de films puissants entrés une fois pour toutes dans les grandes réussites du cinéma français
Autant de films importants qui portent un regard lucide et désabusé sur les guerres coloniales
Leur réalisateur Pierre Schndrffer, dorigine alsacienne, né en 1928 dans le Puy-de-Dôme va, très jeune, cultiver les paradoxes. Il ne connaît pas la mer mais embarque sur un cargo pour 18 mois. Il ne connaît pas le milieu du cinéma mais un article de journal consacré aux cameramen du Service Cinématographique des Armées en Indochine le décide. Il se retrouve à Saïgon en 1952. Le Colonel Langlais dira de lui : il tenait sa caméra comme une mitraillette. Cinéaste débutant, il participera à toutes les grandes opérations militaires de la fin de la guerre dIndochine, partageant la fatigue et les souffrances, les joies et les peurs des combattants, nouant avec eux dindéfectibles liens damitié. Il sera fait prisonnier à la bataille de Diên Biên Phu en 1954. Libéré, Pierre Schndrffer na pas perdu son âme de baroudeur. Il reste en Asie, réalise plusieurs reportages photographiques pour Look et Life et rentre en France en juillet 1955 mais reprend immédiatement la route pour les Actualités Pathé et Paris Match avant de se lancer dans ses premières aventures cinématographiques : La Passe du Diable (1956), co-réalisé avec Jacques Dupont, daprès un scénario de Joseph Kessel dont le livre Fortune carrée avait largement influencé ladolescent Shndrffer, Ramuntcho (1958) et Pêcheur dIslande (1959), deux films tirés de romans de Pierre Loti
Le succès nest pas vraiment au rendez-vous. Il part donc de nouveau en reportages pour la télévision cette fois. Mais les années ne lui ont pas fait oublier sa douloureuse et formatrice expérience indochinoise. Il écrit un livre, La 317° Section, quil adapte au cinéma en 1964. Témoignage poignant et dune précision documentaire extraordinaire, ce film obtient le Prix du meilleur scénario au Festival de Cannes lannée suivante ainsi que les faveurs du public et de la critique. Que ce soit dans lexcellent polar quil réalise ensuite (Objectif 500 millions, 1966), dans son documentaire passionnant sur les Américains au Viêt-nam (La Section Anderson, 1967), Oscar du meilleur documentaire en 1968, dans son plus grand succès multi-césarisé, adapté de son propre livre, Grand Prix du roman de lAcadémie française, Le Crabe-Tambour (1977) ou encore dans le poignant regard de LHonneur dun capitaine (1982) et la grande épopée de Diên Biên Phu (1992), Schndrffer explore les mêmes chemins fréquentés par des militaires perdus, luttant pour lhonneur, sans la moindre illusion sur lissue du combat. Comme nous lavons vu, le cinéaste est aussi écrivain
Et quel écrivain ! Homme de conviction, il a bâti une uvre littéraire remarquable. Les trois jours que Pierre Schndrffer, membre de lAcadémie des Beaux-Arts depuis 1988, nous fait lhonneur de passer avec nous, permettront de (re) découvrir une uvre magistrale et dengager avec lui des débats passionnants. Un moment rare, à vivre intensément." |