Cannes : la CCI Nice Côte d'Azur perd la gestion du Vieux Port

Un tremblement de terre pour la chambre de commerce et d'industrie : gestionnaire du Vieux Port de Cannes depuis 56 ans, elle devra passer la main le 1er janvier au groupement franco-américain Fayat avec IGY Marinas et Cannes Marina Invest. C'est lui que les élus cannois ont choisi à l'unanimité hier matin lors d'un conseil municipal presque entièrement consacré au renouvellement pour 30 ans de la concession.

Vieux port de Cannes vue aérienne

La CCI Nice Côte d'Azur était encore ce matin sous le choc. Abasourdie. La veille, le Conseil municipal de Cannes avait tranché la question du renouvellement de la concession du vieux port de Cannes pour les 30 prochaines années et avait dévoilé le choix du nouveau concessionnaire. La chambre consulaire azuréenne gérait depuis 56 ans ce bassin mythique, situé au pied même du palais des Congrès et des Festivals, au cœur du glamour cannois. Et elle avait travaillé le dossier du renouvellement et comptait bien continuer à piloter le bassin. (Photo DR : le Vieux Port de Cannes, un écrin notamment pour Cannes Yachting et pour les grands événements cannois).

Enorme déception à la CCI Nice Côte d'Azur

Enorme déception aussi à l'annonce du nom du délégataire : les élus cannois ont choisi à l'unanimité le groupement franco-américain Fayat avec IGY Marinas et Cannes Marina Invest. Il est composé du groupe Fayat (celui qui avait racheté l'entreprise de BTP azuréenne CARI), qui détient 25;5% du capital, d'IGY Marinas, un opérateur de marinas qui gère notamment le port de Sète (25,5%) et de Cannes Marina, société qui se partage à 50/50 entre les deux partenaires et dispose des 49% restants de parts.

A partir du 1er janvier, dans moins de trois semaines, c'est ce groupement qui sera aux commandes du plus vieux port de Cannes (le quai Saint-Pierre a été inauguré en … 1838). Pour cette DSP (Délégation de Service Public), la CCI Nice Côte d'Azur avait monté le groupement Cannes 21 avec comme partenaire la Banque des Territoires et CAZ Participations et Investissements (Caisse d'Epargne Côte d'Azur). La même formule qui lui avait permis, il y a quatre ou cinq ans de remporter le gros dossier du Port Vauban à Antibes (c'était alors le groupement Artemis avec la Caisse des dépôts et consignations et la Caisse d’Epargne Côte d’Azur).

Ce qui a cloché ?

Ce qui a cloché cette fois ? On s'en tiendra aux déclarations du maire de Cannes, lors de ce Conseil municipal hier matin qui ne comportait que deux questions, dont celle de la délégation du port, incluant la construction et la gestion d'un parking au quai Laubeuf. David Lisnard a parlé de plusieurs critères après avoir salué la qualité des deux projets. Des critères "liés à la sécurité juridique pour la ville", à la "qualité d'exploitation portuaire" et à la "démonstration environnementale très qualitative". Il est possible, entre les lignes, de comprendre que la polémique agitée cet été par Anticor autour de la confidentialité de la DSP, ait pu jouer dans le choix.

Un projet de plus de cent millions d'euros

Le projet en tout cas est lourd financièrement (plus de 100 millions d'euros). Outre la gestion et la maintenance du plan d'eau, il comporte quatre autres volets :

  • l'extension de la jetée Albert Edouard, celle qui borde le palais des festivals ;
  • un nouveau parking souterrain à Laubeuf où se trouve l'embarquement pour les îles, sous le parking de surface actuel (500 places au minimum) ;
  • la construction d'un pôle de service pour les usagers à Laubeuf (la capitainerie actuelle devrait y être transférée et le bâtiment restera uniquement à l'usage de l'événementiel) ;
  • la création d'un petit village de pêcheurs pour garder ce qui fait le charme de Cannes.

Le parking de la Pantiero, qu'avait construit la CCI au milieu des années 90, rentrera quant à lui dans le giron de la ville et bénéficiera de la politique tarifaire cannoise qui fait mouche, avec notamment 3 heures gratuites le week-end et les jours fériés. 

La CCI ne se privera pas d'utiliser les recours juridictionnels qui s'offriraient éventuellement à elle

Interrogée sur sa position, la CCI Nice Côte d’Azur attend d'en savoir plus pour s'exprimer. Nous allons "demander le rapport d’analyse des offres. Dans l’hypothèse où nous pointerions des incohérences dans la notation, nous ne nous priverons pas d’utiliser tous les recours juridictionnels qui s’offrent à nous" a-t-elle tout juste déclaré.

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