Capital-risque : Sophia a défié la conjoncture en 2002

Posté jeu 17/04/2003 - 00:00
Par admin

Avec 63 millions d'euros levés (+20% par rapport à 2001), la technopole fait mieux que la moyenne nationale selon l'étude de l'Observatoire Dynamis (Ceram Sophia). Mais attention : le nombre des premiers tours en chute libre annonce une année 2003 plus aléatoire.

Si l'on regarde du point de vue du capital risque, Sophia Antipolis a défié la conjoncture en 2002. C'est ce que met en relief la troisième étude sur le financement par le capital-risque des entreprises de Sophia Antipolis et des Alpes Maritimes qu'a réalisée l'Observatoire Dynamis. Une étude menée par Michel Bernasconi et Franck Moreau, professeurs au Ceram Sophia Antipolis. Alors que partout dans le monde, les sommes investies par le capital-risque sont en net recul, Sophia se trouve en augmentation de 20% avec 63 millions € levés en 2002, par rapport aux 53 millions € de l’année précédente (voir pour l'année 2001 l'article de SN.com "Capital risque : Sophia n'a pas fait mieux que les autres). Pas de sentiments d'euphorie à avoir toutefois, selon Dynamis. Car les financements ont essentiellement porté sur des deuxièmes et troisièmes tours."Ce faible nombre de nouvelles entreprises éligibles au capital-risque d’une part et la diminution du nombre de créations d’entreprises constatée dans notre étude générale 2001 d’autre part, sont de mauvaise augure pour la dynamique qui s’était enclenchée depuis la moitié de la décennie 90 et on ne peut pas faire l’économie d’un scénario 2003 beaucoup plus inquiétant", est-il noté en synthèse. Et de conclure : "le développement endogène de Sophia Antipolis est encore sur la lancée de la vague des technologies de l’information, mais n’a pas d’autres secteurs relais. Sans un redémarrage de ce secteur, on devrait observer un fort renversement de tendance l’année prochaine. Soit cette année, en 2003. Voici les éléments de l'étude de l'Observatoire Dynamis.Une bonne année...mais peu de nouveaux élus.C'est ainsi que 2002 pourrait se résumer en terme de capital-risque. Les montants levés en 2002 se sont élevés à 63 millions d’euros, contre 53 millions d’euros en 2001. Cette augmentation de près de 20% est remarquable en soi sachant que les fonds investis par le capital risque ont été en diminution en Europe et aux Etats-unis.Les fonds levés par les entreprises sont en progression continue depuis 1998 si l’on fait abstraction de l’année 2000, qui fut exceptionnelle avec 98 millions d'euros. Si le montant des fonds levés est satisfaisant, seules deux entreprises nouvelles ont accédé aux fonds des investisseurs en capital-risque en 2002. Cela représente un ralentissement très fort de la dynamique qui existait dans notre région. En 2000, année il est vrai hors norme, seize nouvelles entreprises avaient bénéficié du capital risque (7 en 1999 et 7 également en 2001).Cette diminution du nombre de nouvelles entreprises ayant bénéficié des financements pourrait également traduire un changement d’attitude des entrepreneurs dans leurs modèles de développement. En effet, les modèles à forte croissance et donc à fort besoin de financement sont sans doute moins prisés, au profit de modèles plus progressifs ne nécessitant plus un recours important et prématuré aux fonds de capital-risque dans les jeunes phases. En l’état, il s’agit toutefois d’une hypothèse qui restera à vérifier.De nombreux deuxièmes toursAu cours de l’année, 12 opérations de financement ont eu lieu contre 13 l’année précédente, soit seulement une de moins qu’en 2001. Ce chiffre global témoigne d’une capacité de résistance du territoire, et de la qualité des projets qui continuent leur développement, mais ne doit pas masquer un fort changement. Alors qu’en 2001 la moitié des opérations (7 sur 13) concernaient des premiers tours, il n’y a plus en 2002 que 2 premiers tours sur les 12.De ce point de vue l’année 2002 a vu peu de nouvelles entreprises accéder aux financements des investisseurs en capital-risque. On note toutefois avec intérêt que les deux entreprises concernées ont obtenu une partie de leurs fonds auprès de sociétés de capital-risque implantées sur notre région :Sophia Euro Lab et Finadvance (l'étude ne les cite pas, mais il s'agit des entreprises Quantificare et Lumilog). L’engagement récent de ces acteurs de financement, qui s’ajoutent aux dispositifs existants est un atout pour l’avenir du financement des premiers tours.Ce sont donc essentiellement les deuxièmes tours (8 sur 12) et les troisièmes tours (2 sur 12) qui sont à l’origine de la performance globale. Cela traduit une rupture avec les années précédentes. En effet depuis 1999, hormis l’année 1998, le nombre de premiers tours avait toujours été supérieur à la somme des deuxièmes et troisièmes tours.Montant moyen investi par opération : 5,5 millions d'eurosLe montant moyen investi par opération en 2002 reste très satisfaisant puisqu’il se monte à 5,5 millions €. Ce chiffre est en augmentation par rapport aux années précédentes. Cette augmentation s’explique par le faible nombre de premiers tours et par les troisièmes tours qui mobilisent de grosses sommes. Elle n’est pas due aux montants moyens des deuxièmes tours, eux mêmes en forte baisse (4,4 millions € en 2002, contre 7,6 millions € en 2001). A noter ce que l'étude qui a choisi de ne donner aucun nom ne dit pas que Quescom, a levé en 2002, à elle seule 14 millions d'euros en deux tours de table (12 millions d'euros puis 2 millions d'euros) et n'a été dépassée en France que par TravelPrice (18 millions d'euros).Par ailleurs, le montant moyen des premiers tours est en légère baisse par rapport à l’année précédente (2,2 millions € en 2002, contre 2,4 millions € en 2001), mais il ne représente plus que la moitié des montants des années euphoriques 1998 et 1999.Sophia fait mieux que la moyenne nationaleL’indicateur Chausson Finance , qui recense les investissements faits par les sociétés françaises de capital-risque dans les entreprises françaises et européennes du domaine des nouvelles technologies, fait état d’une diminution de 21% des montants investis en 2002. Selon l’AFIC , ils sont en baisse de 27%. En opposition avec la tendance, les investissements réalisés à Sophia Antipolis sont en hausse de 20% au cours de la même période. Les fonds moyens levés par opération sont de 1,2 millions € selon l’indicateur Chausson contre 5,3 millions € pour Sophia Antipolis.Ces chiffres très favorables à Sophia s’expliquent d’une part grâce à la qualité et à l’ambition des projets, mais aussi par le fait que Sophia a principalement obtenu des financements pour des seconds et troisièmes tours dont les montants sont plus élevés. Toutefois, on note également que même les fonds levés en premier tour à Sophia Antipolis sont supérieurs au niveau national : 2,2 millions € à Sophia Antipolis contre 1,2 million € au niveau national.L’indicateur Chausson Finance indique une forte progression des investissements dans les biotechnologies, qui sont devenues au deuxième semestre 2002 le premier secteur d’investissements. A Sophia Antipolis, compte tenu de la spécialisation dans le domaine des Technologies de l'Information et de la Communication, on n’observe évidemment pas le même phénomène : aucun investissement dans les biotechnologies n’a été réalisé sur Sophia Antipolis au cours de l’année écoulée!

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