"Ceci n’est pas un musée" : les arts visuels dialoguent avec les arts vivants à la Fondation Maeght

Posté dim 30/11/2014 - 18:21
Par admin

Jusqu’au 15 mars, la Fondation Maeght présente « Ceci n’est pas un musée », une exposition mettant en lumière le dialogue entre les arts visuels et les arts vivants, qui s’est noué dans ce lieu magique. Le visiteur pourra ainsi revivre les concerts légendaires des Nuits de la Fondation et découvrir comment certains de ses artistes emblématiques comme Miro ont collaboré à certains spectacles, mais aussi voir le Théâtre ou la Danse inspirer des artistes contemporains.

"Ceci n’est pas un musée" : les arts visuels dialoguent avec les arts vivants à la Fondation Maeght

Rencontre avec le Directeur de la Fondation Maeght, Olivier Kaeppelin qui évoque les objectifs de cette exposition et nous en dévoile les temps forts comme ces œuvres de Marco Del Ré ou Gérard Fromanger, et cet étonnant dialogue entre Damien Deroubaix et Picasso.

Pour la dernière des 3 expositions organisées cette année pour célébrer les 50 ans de la Fondation Maeght, son Directeur Olivier Kaeppelin a souhaité donner un coup de projecteur à l’une des spécificités de la Fondation qui est d’être un lieu de rencontres et de dialogue entre les arts visuels et les arts vivants comme la Musique, la Danse ou le Théâtre. Ce dialogue a souvent pris la forme de spectacles organisés notamment dans le cadre des Nuits de la Fondation créées par Aimé Maeght. Tout en cheminant au sein de l’exposition, le visiteur pourra d’ailleurs revivre, en son et en images, quelques un des concerts de jazz devenus légendaires comme ceux de Cecil Taylor, Albert Ayler ou Sun Ra. Il pourra aussi découvrir les étranges personnages, mi-animaux, mi humains, créés par Joan Miro pour une pièce du Théâtre de La Claca, jouée en 1979 dans son fameux Labyrinthe imaginé pour la Fondation.   

Un collage de Christian Bonnefoi en résonance avec le travail de Miro

Pour faire résonance avec ce travail de Miro, Olivier Kaeppelin a demandé à Christian Bonnefoi de réaliser une œuvre spécifiquement pour cette exposition.  Avec ses formes qui semblent s’échapper de la peinture pour se balader dans les airs, son collage fait écho à Miro en montrant une sorte de monde en expansion et en énergie. Entre le nuage et la particule, ses formes colorées rappellent aussi le principe de vibrion que l’on retrouve chez Miro.

Répondant aussi à la volonté de la Fondation de montrer l’art lorsqu’il est encore une quête, Ceci n’est pas un musée met aussi en lumière les relations qu’entretiennent des artistes contemporains avec le spectacle vivant. Acteur de théâtre d’avant-garde à l’origine,  Marco Del Ré travaille sur la représentation du corps qui existe dans des peintures comme celles de Braque, Matisse ou Picabia. Son œuvre est encore un théâtre, mais un théâtre où il n’y aurait plus de monde extérieur, et elle pourrait s’intituler voyage autour de mon atelier.  

 

Gérard Fromanger, un coloriste ancré dans le social

L’approche de Gérard Fromanger est différente. Ce grand coloriste s’est toujours voulu ancré dans la société et cherche à trouver par sa peinture, une capacité à intervenir sur le monde. Dans « Le Dipri de Gaumont » qui fait référence à une fête annuelle se déroulant dans un village africain, il représente la danse et le mouvement mais avec un sens social  en évoquant un moment de basculement dans une période de carnaval où tout est permis. Dans « Chine, USA, Russie. 1968-2014 », il évoque cette fois la danse des nations à partir du débordement de la couleur rouge. Il montre notamment l’évolution de l’ex Union soviétique, devenue aujourd’hui la Russie dont le drapeau a changé mais qui, avec Poutine aux commandes, a gardé les visions hégémoniques de l’empire soviétique, en particulier vis-à-vis de l’Ukraine

L’étonnant dialogue entre Damien de Roubaix et Picasso

Outre l’interaction entre les arts visuels et les arts vivant, l’exposition a souhaité également accorder une place aux dialogues entre artistes. L’un de ses temps forts et d’ailleurs l’étonnant dialogue noué entre Picasso et Damien Deroubaix. Ce dernier a découvert l’art grâce à la vision de la tapisserie que Picasso a fait réaliser d’après Guernica. Un choc qui a donné un sens à sa vie et lui a inoculé la volonté de devenir artiste. Pratiquement toute l’œuvre de ce jeune peintre réside dans un dialogue ininterrompu avec Picasso chez qui il puise ce qu’il peut y avoir de tauromachique, de crainte de la mort et de liens forts avec la sexualité. Ce dialogue jubilatoire montre également comment un artiste peut repenser la tragédie du XXe siècle, mais aussi l’énergie qui fait que nous ne sommes pas tous morts sous les décombres des 40 millions de morts de la Seconde Guerre mondiale.    

 

Légendes photos (de haut en bas) :

- Gérard Fromanger, Le Dipri de Gaumont, 1988

- Costumes et décors de Joan Miro réalisés pour le spectacle Mori et Merma présenté à la Fondation en 1979 par le Théâtre de la Claca

- Christian Bonnefoi devant son collage qui fait écho au travail de Miro

- Marco Del Re devant l’une de ses œuvres présentées lors de Ceci n’est pas un musée

- Gérard Fromanger devant sa toile « Chine, USA, Russie. 1968-2014 »

- Damien Deroubaix devant « World Downfall », son œuvre inspirée de Guernica de Picasso

 

   

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