Christian Poujardieu (UIMM Côte d'Azur) : ma vision de la technopole

Posté dim 02/12/2001 - 00:00
Par admin

Une technopole départementale en réseau, à rayonnement mondial : c'est ainsi que le président de l'Union des Industries et des Métiers de la Métallurgie de la Côte d'Azur voit le devenir de Sophia.

Président de l'Union des Industries et des Métiers de la Métallurgie de la Côte d'Azur (180 entreprises liées plus particulièrement à l'électronique et le high tech comme Alcatel Space, IBM, Texas Instruments, etc) Christian Poujardieu, s'est intéressé tout particulièrement à Sophia Antipolis et à son devenir. A travers plusieurs questions, il livre la vision qu'il a de la technopole et de son développement.- Comment situez vous la high tech à Sophia Antipolis ? - Christian Poujardieu : C'est un succès dû à une magistrale vision trentenaire. Actuellement, le degré de mortalité des start-up y est plus faible qu'ailleurs, et malgré les suppressions connues, le solde des emplois est positif sur le premier semestre et le sera sur l'année. Mais 30 ans après le début de cette aventure, il faut se poser les bonnes questions, si l' on veut poursuivre ce succès et cette croissance, bien entendu.J'entends dire que Sophia est la première technopole d'Europe. C'est vrai que cette technopole est une grande réussite, mais première en quoi ? En nombre de prix Nobel ? En quantité de chercheurs ? En nombre ou réputation de grandes écoles ? En nombre d'étudiants ? En capacité de logement pour les nouveaux arrivants ? La hitech est un sport difficile qui se pratique d'emblée au niveau mondial. Il s'agit de participer tous les matins aux jeux olympiques et d'y battre des records presque tous les jours.- Pourquoi ? - Christian Poujardieu : Tout simplement parce que les hautes technologies ont un accès instantané au marché mondial....et à la concurrence !. C'est un sport d'élite où il faut y disposer d'une expertise de niveau mondial et des infrastructures adaptées. Mon appréciation peut paraître sévère, mais elle représente la culture d'une industrie où l'on est plus confronté aux réalités qu'aux discours et elle n'inclut que peu de complaisance pour être cohérent avec un niveau d'ambition élevé.- Sommes nous au bon niveau ? - Christian Poujardieu : Non, pas encore. Ou plus exactement, nous avons tout pour progresser et nous sommes à des niveaux variables selon les secteurs.- Que faut il faire ? - Christian Poujardieu : Comme d'habitude, réfléchir et travailler ! Plus concrètement, il faut revenir aux bases, aux fondamentaux de développement d'une technopole. Ce sont les mêmes à la Silicon Valley, à Cambridge, à Munich, ou ici. On les trouve dans toutes les études publiées et il me semble que cela correspond aux souhaits des entreprises déjà installées.- Quels sont ces "fondamentaux" ? - Christian Poujardieu : En voici pour moi les principaux- Disposer d'une recherche et d'un enseignement supérieur de haut niveau en qualité et quantité : nous n'avons que 35.000 étudiants en les comptant bien tous, c'est à dire autant qu'à Clermont Ferrand et au niveau du 1/3 de Toulouse;- avoir des infrastructures immobilières (bureaux et logements) permettant d'accueillir les nouveaux arrivants (entreprises et employés) : la société SAP recherche depuis 9 mois des logements pour 50 employés;- disposer de moyens de communications - il semble que certaines de nos routes et autoroute saturent plusieurs fois par jour;- de moyens de télécommunications (en Suède, pour 23 euros/mois, on peut disposer de 2 Mbits/s à la maison).Une fois d'accord sur l'analyse, il faut un consensus de développement entre industriels, politiques, CAD et CCI. Nous avons tous les ingrédients non seulement pour réaliser un bon cocktail de croissance durable, mais aussi pour construire une technopole départementale et donner un pied supplémentaire et consolidé à l'économie de la Côte d'Azur. Car en plus de Sophia, il y a déjà des sites que l'on peut enrichir (par exemple Mandelieu, Villeneuve Loubet, La Gaude, Menton, etc). On peut aussi tisser des liens entre les technologies et jeter des ponts entre les sites. L'ensemble ainsi formé sera éco résistant et internationalement attractif.- Que dites vous à ceux qui pensent que la Côte d'Azur n'a pas besoin de la high tech pour exister ? - Christian Poujardieu : L'entreprise est la seule source de création de richesse et d'emploi, et nous avons la chance d'avoir dans ce département une industrie qui a) recrute, b) respecte l'environnement, c) présente une forte valeur ajoutée, d) exporte à plus de 60%, e) contribue au développement d'autres secteurs de l'économie (tourisme,commerce, etc). Si nous, les Azuréens, voulons poursuivre notre croissance économique, le choix me parait limité, mais clair. En plus des secteurs traditionnels, il faut développer ceux qui présentent un potentiel d'avenir indiscutable : l'industrie et la hitech.Et le faire vite : à force de se demander s'il vaut mieux prendre le TGV pour Marseille ou pour Turin, on ne fait plus que le regarder passer. Ailleurs...

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