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Claude Bonucci, une vie à combattre l’uniformité

Claude Bonucci, une vie à combattre l’uniformité

Déjà récompensé à de multiples reprises, aussi bien en France qu’à l’étranger, Claude Bonucci a reçu récemment, des mains de Bernard Brochand, les insignes de Chevalier de l’Ordre National du Mérite. Rencontre avec le célèbre couturier cannois qui revient sur sa carrière et sur son combat pour la transmission du savoir.

 

Claude Bonucci, la distinction que vous venez de recevoir récompense une carrière que vous avez débuté très jeune, auprès d’un maître d’apprentissage sourd muet ?

 Oui, c’était extraordinaire parce qu’il était très content de m’apprendre et surtout de voir que j’apprenais à son contact. Il y avait une grande communion entre nous et tout était facile, on se parlait et on se comprenait avec les yeux. Pour nous, les journées faisaient presque deux jours car on ne perdait pas de temps en bavardages. C’était formidable.

Très vite, vous êtes partis en Angleterre où vous dénotiez avec votre volonté d’apporter de la couleur dans vos vêtements ?

C’est vrai que je suis arrivé là bas en 1959 et que je me suis vite rendu compte que si la mode anglaise était formidable, il y avait une grande tristesse dans les couleurs. Je me suis dit que les hommes devaient, comme les femmes, profiter de la couleur et arriver à se constituer une garde robe pas seulement avec du noir, du gris et du marron. En même temps, cela leur donnait la possibilité de recevoir des compliments car dès l’instant où quelqu’un s’habille différemment, élégamment mais avec un peu de couleurs, cela suscite des compliments. L’utilisation de la couleur, c’est ma marque de fabrique et  j’ai toujours mis de la couleur dans mes collections car la couleur apporte pour moi la joie de vivre.

Vous vous êtes toujours révolté contre l’uniformisation de la mode ?

Toujours, car je trouve inadmissible qu’il y ait une direction prise par quelques uns qui ne laisse pas la porte ouverte à davantage de possibilités pour faire autre chose. Il faut que les gens puissent avoir le loisir de s’habiller comme ils veulent, dans la couleur qu’ils veulent. Il ne faut pas qu’ils soient incités à porter tous la même chose.

Vous avez toujours également attaché une grande importance à l’apprentissage et à la transmission du savoir ?

Absolument, je pense qu’un bon apprentissage est la condition essentielle à la sauvegarde des métiers qui sont un peu en train de disparaître faute de combattants. Je dis souvent aux jeunes que s’ils apprennent bien le métier, ils peuvent, avec un simple dé à coudre et une aiguille, devenir les rois du Monde. On est capable de gagner sa vie partout car dans tous les pays on a besoin de couturiers qui fassent bien leur travail. On a donc la possibilité de gagner de l’argent partout dans le monde.

Roi du Monde, vous l’êtes un peu devenu en exportant et en allant dans de nombreux pays, notamment en Russie ?

Oui, j’aime bien porter la bonne parole hors des frontières et sensibiliser les gens à venir ici sur la Côte d’Azur qui est un endroit extraordinaire pour bien vivre. L’on pourrait parfois aussi s’inspirer de ce qui ce fait à l’étranger, en particulier pour la formation. Moi, je prône la création de véritables sections métier études à l’instar de ce qui se fait avec les sections sports études. En Russie, cela se passe un peu comme cela et les lycées professionnels sont de véritables universités. On va à l’université de la Mode comme on va à la Fac de médecine.  

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