ClipCard, inventeur du PV électronique, a du plomb dans l'aile

Posté mar 12/04/2005 - 00:00
Par admin

La société sophipolitaine, qui continue l'expérimentation du PV électronique à Cannes, est en cessation de paiement depuis vendredi. En sommeil depuis juillet 2004, sans chiffre d'affaires, privée de ses brevets, elle risque la liquidation d'ici la fin du mois. Quelques explications.

C'est une nouvelle icône du mouvement start-up azuréen qui risque de disparaître : ClipCard, société sophipolitaine, qui avait réussi une belle percée avec son PV électronique, est en cessation de paiement depuis vendredi dernier. L'entreprise, désormais présidée par Bernard Hanon, ancien Pdg de Renault depuis le départ en juillet dernier de ses fondateurs Philippe Laluyaux et Paul Grison, doit passer devant le Tribunal de commerce de Grasse le 20 avril prochain. Les 14 salariés craignent fort aussi que, vu la situation financière (des dettes et pas de chiffre d'affaires), on en arrive directement à la liquidation. Cannes, qui continue l'expérimentation du PV électronique engagée en septembre 2003, a d'ailleurs été prévenue en fin de semaine dernière par les salariés que ClipCard pourrait cesser son support technique avant la fin du mois ce qui mettrait fin à l'opération.Une stratégie initiale de vente à un grand groupe qui n'a pas été appliquéeComment en est-on arrivé là ? Comment d'une idée qui semblait pouvoir se répandre dans toute l'Europe (le PV électronique avait fait l'objet d'un projet européen et avait été expérimenté également dans ce cadre à Vintimille) on se dirige vers ce qui pourrait être un fiasco ? Jacques Carassus, qui fut l'un des premiers actionnaires fondateurs en juin 2001, a rédigé au nom des actionnaires minoritaires un "memorandum" dans lequel il tente d'expliquer ce qui a conduit à la situation d'aujourd'hui. Très amer, il estime que lui, comme les autres petits actionnaires, ont été "abusés" (les petits actionnaires ont d'ailleurs déposé une plainte en spoliation en début d'année au Procureur de la République)."La stratégie de départ, quand la société a été créée en juillet 2001 par Paul Grison, l'inventeur, et Philippe Laluyaux, gestionnaire et commercialisateur agissant en tant que Pdg de ClipCard, était de démontrer l'intérêt de la carte à puces pour remplacer les contraventions papiers puis de vendre le procédé à un grand groupe qui aurait eu la puissance nécessaire pour en assurer le développement à grande échelle. Mais cela n'a pas pu se faire car la barre a été placée trop haut en terme de prix par les actionnaires majoritaires."Une société sans brevets d'exploitationAujourd'hui la société se débat dans des difficultés qui semblent inextricables. Ainsi en juillet 2004, ClipCard, qui ne pouvait plus payer ses salariés, s'est déjà trouvée à deux doigts du dépôt de bilan. Elle a été sauvée alors par un investisseur libanais qui a remis au pot 1,5 millions d'euros, diluant de 1 à 10 les actions des petits actionnaires et prenant 98% des parts de la société. D'une société qui, cependant, n'avait plus les brevets d'exploitation détenus par Paul Grison, l'inventeur, et qui faute de pouvoir les récupérer ne pouvait plus exploiter le système. A cela s'ajoute, entre autres, un contentieux avec IBM à qui initialement avait été confiées les études techniques et dont le contrat avait été rompu. IBM, qui a gagné son procès en appel, réclame ainsi environ 350.000 euros de dommages et intérêts à ClipCard.Quant aux contrats d'expérimentation, ils ne sont pas allés au-delà de Cannes et de Vintimille. Celui de Vintimille est arrêté depuis avril 2004 date de la fin du projet européen. Celui de Cannes, qui continue à raison de 5.000 PV par mois, a été, lui, signé à perte, le prix de 1€ l'unité ne couvrant pas l'ensemble des frais estimés à 3,5€ le PV électronique quand on y inclus la gestion du système. Autant d'éléments qui laissent peu d'espoir pour une société qui avait réussi à lever environ 5 millions d'euros et que l'on croyait, hier encore, capable de révolutionner le traitement des PV.

Jean-Pierre  Largillet

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