CO2 et acidification des océans : ce qu'ont trouvé les chercheurs

Posté ven 30/03/2012 - 10:17
Par admin

Plus de cent chercheurs de dix pays européens se réunissent du 2 au 5 avril à Saint Jean Cap Ferrat pour tirer les conclusions du projet EPOCA (European Project on Ocean Acidification), premier grand projet international de recherche autour des conséquences de nos émissions de CO2 sur les organismes et écosystèmes marins.

CO2 et acidification des océans : ce qu'ont trouvé les chercheurs

La question nous concerne tous : quelles sont les conséquences de nos émissions de CO2 sur les organismes et écosystèmes marins? Question vitale autour de laquelle on en saura un peu plus la semaine prochaine. Plus de cent chercheurs de dix pays européens se retrouvent en effet du 2 au 5 avril prochains à Saint Jean Cap Ferrat pour la réunion de clôture du projet EPOCA (European Project on Ocean Acidification), coordonné par le CNRS. Une réunion qui marquera la fin du premier grand projet international de recherche scientifique sur l’acidification des océans.

Un programme coordonné par un chercheur CNRS azuréen

En croissance exponentielle, les émissions de gaz carbonique (CO2) dues aux activités humaines ont un effet notoire sur le climat. Moins connue, leur absorption par l'océan entraîne une inexorable acidification de l'eau de mer. Mais quel est l'impact de ce phénomène sur les organismes et les écosystèmes marins ?

Le projet européen EPOCA, lancé en mai 2008, a visé à mieux comprendre l'acidification des océans, à étudier ses conséquences sur la biologie marine, les prédire pour le siècle à venir et émettre des recommandations vers les décisionnaires politiques. Coordonné par Jean-Pierre Gattuso, chercheur CNRS au Laboratoire d'Océanographie de Villefranche-sur-mer (LOV), le programme a réuni 32 partenaires répartis sur 10 pays européens (Allemagne, Belgique, France, Grande Bretagne, Islande, Italie, Norvège, Pays-Bas, Suède et Suisse).

Le programme a bénéficié d'un budget de 16,5 millions d'euros sur 4 ans, dont 6,5 millions d'euros financés par l'Union européenne. Les chercheurs d’EPOCA ont publié plus de 150 articles pendant la durée du projet.

Parmi les découvertes

  • des organismes marins clés tels que les coraux profonds et les ptéropodes (escargots planctoniques) pourraient être profondément affectés par l’acidification des océans dans les années à venir. Une étude menée au LOV montre que le ptéropode Limacina helicina construit sa coquille à une vitesse 30 % plus faible lorsqu'il est maintenu dans une eau de mer ayant les caractéristiques attendues en 2100.  Une diminution encore plus forte (50 %) a été mesurée chez le corail d'eaux froides Lophelia pertusa.
  • le phytoplancton calcaire, maillon important du cycle du carbone océanique, apparaît très sensible à l'acidification. Une étude impliquant notamment des chercheurs du CNRS (CEREGE, Aix en Provence) a montré que la sécrétion du squelette calcaire d'une espèce de microalgues : les coccolithophores, diminue quand les eaux marines deviennent plus acides, mais certaines souches hyper-calcifiées se sont adaptées aux milieux les plus corrosifs. Leurs résultats ont été publiés le 4 août 2011 dans la revue Nature.
  • certains organismes calcificateurs (moules, coquillages et coraux) protègent leur coquille ou leur squelette de l'action corrosive de l'eau de mer. Cela leur confère une extraordinaire capacité à résister à l'acidification des océans. Malgré tout, celle-ci est amoindrie quand ces organismes sont exposés à une température élevée (supérieure à 28,5°C) durant une longue période. Des résultats qui laissent à penser que le réchauffement prévu de la mer Méditerranée, couplé à l'acidification de ses eaux, va accroître la fréquence des épisodes de mortalité de ces organismes.
  • un groupe de chercheurs allemands, norvégiens et anglais a relevé des résultats inquiétants sur des poissons d’intérêt commercial. Des lésions importantes dans plusieurs organes vitaux dans des larves de cabillaud ont été constatées lorsque les larves ont été soumises à des conditions de CO2 attendus pour la fin du siècle.
  • les résultats d’une expérience phare du projet, une campagne au Spitzberg l’été 2010, sont toujours en cours d’analyse. Pendant cette campagne, neuf "mésocosmes", une sorte de tube à essai géant, ont été déployé dans le fjord de Ny-Alesund (Konsfjord). Dans ces tubes géants de 17 mètres de haut contenant environ 50 m3 d'eau de mer, les communautés planctoniques ont été soumises à des niveaux de concentration en CO2 correspondant aux différents scénarios d'évolution proposés pour le siècle à venir.

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