Compétitivité : la France perd du terrain

Posté mer 05/05/2004 - 00:00
Par admin

Suivant le classement 2004 de l'IMD Lausanne publié hier, la France passe de la 23e à la 30e place des 60 économies nationales ou régionales passées en revue. Elle plonge notamment sur les critères d'efficacité de l'administration (41e) et de la performance des entreprises (43e).

En ces temps de mondialisation, il est intéressant de voir comment se positionne la France dans le grand concert économique international. Une France qui perd du terrain si l'on regarde le classement annuel du World Competitiveness Yearbook 2004 publié hier soir par l'Institute for Management Development (IMD), l'école de commerce renommée de Lausane. Ainsi en 2004, la France a été classé au 30e rang des 60 économies nationales ou régionales étudiées de par le monde. Par rapport à 2003, elle perd 7 places (23e alors et 22e en 2000).Derrière la plupart des pays de l'Union européenneEn 2004, elle est largement distancée par les trois premiers (Etats-Unis, Singapour, Canada), mais se trouve également derrière une bonne partie des économies de l'Union européenne (Danemark 7e, Finlande 8e, Irlande 10e, Allemagne 21e, le Royaume-Uni 22e, l'Estonie 28e).) En Europe elle se retrouve juste classée devant l'Espagne (31e) et l'Italie (51e). Dans le monde la France est classée par l'IMD derrière notamment la Chine classée 24e (Hong Kong étant 6e), ainsi que derrière la Malaisie (16e), le Japon (23e), le Chili (26e),La France, qui paie notamment ses résistances aux grandes réformes économiques et sociales, a perdu du terrain sur les quatre grands critères du classement. La chute a été la plus brutale pour pour l'efficacité de l'administration (41e contre 32e) ainsi que pour la performance des entreprises (43e contre 34e). La France perd également un peu de terrain sur les critères où elle se trouve le mieux placé : 16e contre 14e pour les infrastructures au sens large (science, technologie, santé, éducation, environnement...), 13e contre 10e pour la performance économique globale (économie domestique, commerce international, prix, emploi, investissements internationaux). Autant de classements et de critères qui pourront bien entendu toujours être discutés, mais qui donnent une idée quand même du regard que les autres portent sur notre économie.Une nouvelle "race" de concurrents se lève à l'EstL'IMD dans son "livre de l'année sur la compétitivité mondiale", met également en relief trois éléments d'ordre macroéconomique. Le premier c'est que la délocalisation des économies (l'offshoring) crée de nouveaux déficits dans les grands pays industrialisés. Ainsi, aux Etats-Unis, pour chaque dollar investi dans le pays, quatre dollars sont investis à l'étranger. Ce mouvement planétaire profite particulièrement à l'Asie (60% des investissements réalisés dans les économies émergeantes). Mais remarque encore l'étude, la moitié des produits importés par les USA sont en fait fabriqués par des entreprises américaines établies à l'étranger...Second élément : si les investissements vont de l'ouest vers l'est, cela ne concerne pas que l'Asie. Le mouvement suit en quelque sorte les disparités salariales. Le travail vaut plus de 20 dollars de l'heure dans les pays industrialisés (avec une pointe à 30 en Allemagne). Il est en dessous d'une moyenne de 1 dollar en Chine, Russie et Inde. En Estonie, pays désormais partie intégrante de l'Union européenne, il est à 2,70 dollars.Troisième élément : à travers l'externalisation, c'est une nouvelle race de concurrents qui émerge principalement d'Asie mais très bientôt de Russie et d'Europe centrale. Des pays qui ne font pas seulement que sous-traiter des produits et services pour les économies développées mais qui partent à la bataille pour leur propre compte avec leurs propres marques et qui savent très bien intégrer les technologies et le management les plus pointus. Ils vont attaquer les marchés occidentaux comme l'avait fait auparavant le Japon, mais à une échelle bien supérieure prédit l'IMD. Le choc de la mondialisation est loin d'être derrière nous...

Jean-Pierre  Largillet

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