Conjoncture : la Côte d'Azur rattrapée par la crise

Posté mar 23/06/2009 - 12:45
Par admin

Un chiffre d'affaires global qui plonge de 9% au premier trimestre 2009 par rapport au 1er trimestre 2008, un taux de chômage qui remonte en flèche, tous les moteurs azuréens (tourisme, high tech, commerce, services, construction, etc…) en perte de vitesse en même temps et des chiffres d'affaires qui plongent dans tous les bassins de travail azuréens : les Alpes-Maritimes qui, jusqu'à présent semblaient épargnées, ont été rattrapées par la crise économique internationale.

 

La construction en chute de 14,5%

 

Dans le dernier bilan de conjoncture présenté par Dominique Estève, président de la CCI Nice Côte d'Azur, Laurent Lackhar, président de l'UPE 06, et Jean-François Agostini, directeur Entreprises et Territoires, les quatre secteurs d'activités majeurs de la Côte sont en forte baisse. Mais c'est la construction qui pique le plus avec un CA en chute de 14,5%, suivi du commerce (-8,5%), l'industrie et les services chutant de 7% en moyenne. Géographiquement, chaque bassin de travail azuréen est à la peine avec là aussi des chutes de chiffres d'affaires plus importantes que celle du PIB national. La baisse va de 9,5% (Nice) à 7% (Grasse) les autres zones (Carros-Plaine du Var, Cannes, Antibes-Sophia ou Menton) s'inscrivant en baisse de 8,5%. Morne plaine.

 

Les NTIC fortement impactées tandis que les sciences du vivant résistent

 

Le premier trimestre 2009 aura été aussi redoutable pour les NTIC, les Nouvelles technologies de l'information et de la communication dont Sophia Antipolis est le drapeau. Le bilan 2008, pourtant, ne laissait pas augurer d'un début 2009 si terrible, avec un chiffre d'affaires global de 4,2 milliards d'euros, proche de ses sommets de ces dernières années. Mais ce résultat s'avère trompeur du fait que la chute s'est opérée sur le deuxième semestre 2008 avec une tendance à la baisse qui s'est encore accélérée au 1er trimestre 2009. Résultat : avec un chiffre d'affaires de 783 M€ sur 3 mois, les NTIC réalisent leur plus mauvais trimestre de la décennie (916 M€ en 2000 pour le plus bas et 1.012 M€ en 2003 pour le plus haut).

Seules les sciences du vivant qui avaient tenu leur année record en 2008 avec près de 2,2 milliards d'euros se maintiennent bien. Certes le rythme a un peu baissé sur le premier trimestre 2009 avec 449 M€ (-5%). Mais ce chiffre reste parmi les meilleurs de la décennie (470 M€ au 1er trimestre 2008, et 373 M€ au 1er trimestre 2000).

 

Tourisme : retour 15 ans en arrière

 

Pas de "rattrapage" en revanche à espérer d'une poussée providentielle du moteur "tourisme". La demande touristique continue de refluer avec, sur les quatre premiers mois de l'année, un taux d'occupation qui s'étiole. Il est tombé à 50 % en avril, mois pourtant de début de saison alors qu'il se trouvait à 62,8% en 2007, l'année record. Il faut remonter à avril 93-94 (les années noires du tourisme azuréen) pour retrouver un taux d’occupation si faible. Même si le nombre de chambres d'hôtel a beaucoup augmenté en une quinzaine d'années, le compte n'y est pas : ainsi le total des nuitées hôtelières est en baisse de -9% et toutes les catégories d’hôtels subissent des pertes.

 

De plus, le marché étranger étant très atone, la destination Côte d’Azur devra compter, dans les mois à venir, sur la clientèle française pour soutenir son activité. Dans ce panorama morose, seule l'activité croisière garde le sourire. Mais, pesant 80 M€ de retombées annuelles pour la Côte, elle ne peut à elle seule, redresser la situation.

 

Le chômage remonte en flêche

 

Inutile de s'étonner que, dans ce contexte, le chômage remonte en flèche. Le point le plus bas avait été atteint en décembre 2007 avec 35.050 demandeurs d'emplois alors que le département était monté à plus de 60.000 chômeurs à la fin des années 90. On en est désormais à 42.000 avec surtout la mauvaise tendance d'une courbe qui remonte à vive allure. Nous sommes déjà revenus avec 434.100 emplois pour le département (soit une perte de 1.800 emplois en un an) à un niveau comparable au 4e trimestre 2007 avec la perspective de chiffres qui continueront à se dégrader.

 

Coupes sombres dans les intentions d'embauche

 

Présentées par Laurent Lachkar, les intentions d'embauche des employeurs azuréens pour 2009 ont été singulièrement revues à la baisse avec des chutes de 40% par rapport au même sondage l'an dernier dans les secteurs les plus touchés comme la construction. Le secteur de Nice, où se trouvent concentrées bon nombre d'entreprises du bâtiment, est particulièrement touché (-27% d'intention d'embauches toutes catégories confondues).

 

Si les intentions d'embauches diminuent très légèrement dans l’hôtellerie-restauration (-1%) en revanche elles plongent dans les fonctions sociales (-26%), tirées vers le bas par les métiers d’assistantes sociales, d’aides-soignants ou de techniciens médicaux et préparateurs en pharmacie. C'est encore pire pour les "techniques" (techniciens, agents de maîtrise), dans les secteurs de la chimie et du BTP (-40%), ou pour les ouvriers que ce soit dans la construction (-39%) ou dans l’industrie (-40%).

 

La Côte embarquée avec quelques mois de décalage

 

Difficile de trouver dans la conjoncture de ce début d'année des points positifs. La Côte d'Azur a été embarquée, avec quelques mois de décalage, dans la première crise économique véritablement mondiale avec tous ses marchés et activités touchés en même temps. Seul petit réconfort relevé par Dominique Estève : des efforts significatifs pour conserver au maximum les compétences avec une évolution négative du chiffre d'affaires azuréen qui n’est pas répercuté dans les mêmes proportions sur l’emploi. Mais combien de temps cela peut-il tenir ?

 

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