Coup dur pour NicOx : AstraZeneca claque la porte

Posté mer 24/09/2003 - 00:00
Par admin

Le laboratoire anglo-suédois met fin à son partenariat pour le développement d'une nouvelle génération d'anti-inflammatoires. La biotech sophipolitaine, tabassée hier sur le Nouveau Marché (-26,6%), a annoncé qu'elle recherchait de nouveaux partenaires pour continuer.

Le divorce entre NicOx, la "success story" des biotechs françaises et le grand groupe pharmaceutique AstraZeneca est cette fois engagé. Ainsi, hier, la jeune société sophipolitaine a annoncé sur son site "la prochaine récupération auprès d’AstraZeneca Ltd de l’ensemble des droits de la nouvelle classe de produits anti-inflammatoires et analgésiques CINOD, y compris les deux principaux composés de cette classe: AZD3582 et AZD4717 "(voir le communiqué NicOx va récupérer auprès d’AstraZeneca les droits de la classe des CINOD). NicOx réagit ainsi à la décision du groupe anglo-suédois de ne pas vouloir aller plus loin et de ne pas s'engager dans la phase III aboutissant à la commercialisation des nouveaux médicaments.

Un torchon qui brûlait depuis février

Le torchon, il est vrai, brûlait depuis février dernier. Le groupe anglo-suédois AstraZeneca qui avait noué un partenariat pour la conception d'une nouvelle génération d'anti-inflammatoires avait alors annoncé que la molécule phare de NicOx à la base de ces traitements n'avait pas satisfait à un test important de phase II relatif aux ulcères gastro-intestinaux. Un point évidemment essentiel, puisque toute la valeur ajoutée de NicOx était de donner une puissance accrue à des médicaments déjà connus tout en leur enlevant les effets secondaires au niveau gastrique. Fin février, NicOx et AstraZeneca avaient alors déclaré d'un commun accord (forcé) qu'ils réexaminaient leur programme. Ce qui entraînait le risque de ne pas amener le produit jusqu'à la phase de commercialisation et donc de perdre tous les investissements réalisés jusqu'alors pour mener le projet.

La nouvelle avait alors semé carrément la panique chez les investisseurs. Le titre, fin février, avait été suspendu au Nouveau Marché et il avait perdu plus de 80% à la reprise de la cotation, tombant autour de 1,8 euros, alors qu'il naviguait auparavant sur les 10 euros. Depuis, NicOx avait péniblement remonté le courant sans toutefois retrouver son niveau boursier d'avant ce grand coup de tocsin. Des contre-feux avaient été allumés avec notamment un contre-rapport sur les tests cliniques menés et décriés par AstraZeneca, contre-rapport qui concluait que les tests n'avaient rien de significatifs.

Le mois dernier, en plein coeur de canicule, NicOx avait d'autre part annoncé une alliance avec le groupe pharmaceutique américain Merck & Co pour une évaluation des médicaments à base d'oxyde nitrique, concept qui est à la base même de la stratégie de la start-up azuréenne. Regain d'optimisme boursier : le titre avait rebondi de près de 20% au dessus de 6 euros mais très loin des 100 euros qu'il avait atteint en mars 2000 au sommet de l'euphorie.

L'annonce faite hier de la fin du partenariat avec AstraZeneca a réactivé les angoisses quant à l'avenir du traitement phare anti-douleur Cinod et de la technologie même de NicOx (greffer une structure libérant de l'oxyde nitrique sur des médicaments existants afin de limiter leurs effets secondaires). La première biotech française du même coup a affronté un nouveau trou d'air boursier : moins 26,52% dans la séance d'hier avec une clôture à 3,90 euros.

Michele Garufi, Pdg, surpris par la décision stratégique d'AstraZeneca

Et maintenant ? NicOx continue de parier sur la famille des Cinod. Dans son communiqué, la société annonce qu'elle va "chercher de nouveaux partenaires pour assurer le développement de la classe des CINOD qui a démontré au terme d’un programme très complet d’essais cliniques de Phase II, incluant plus de 3000 patients, les avantages additionnels procurés par la donation d’oxyde nitrique avec notamment une excellente efficacité, une grande tolérabilité gastrique et un profil favorable de sécurité cardiovasculaire". Président Directeur Général de NicOx, Michele Garufi, a déclaré de son côté avoir été surpris par "la décision stratégique d’AstraZeneca d'abandon du programme consacré aux CINOD". Mais ajoute-t-il, "nous restons fermement convaincus du potentiel de cette classe et sommes très confiants quant à notre capacité à conclure de nouveaux partenariats tant pour ces composés que pour les autres projets de notre portefeuille”.

Reste encore à NicOx qui, en 2001 avait réalisé la plus grosse augmentation de capital du marché européen des biotechs (plus de 55 millions d'euros levés), à restaurer la confiance en son avenir. Ce ne sera pas chose facile.

 

Jean-Pierre  Largillet

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