Covid-19 : polémique sur l'opportunité du couvre-feu à 18 heures

La perspective d'un couvre-feu à 18 heures à partir de samedi ne fait pas l'unanimité. Si Christian Estrosi a demandé cette mesure pour faire face à l'explosion du coronavirus sur Nice, les élus de Cap Azur, le pôle métropolitain de l'ouest des Alpes-Maritimes l'a estimée "inepte et encore plus destructrices d'économie".

Christian Estrosi conseil santé publique

Va-t-on vers un couvre-feu à 18 heures dans l'ensemble du département dès ce samedi ? C'est en tout cas ce qui semble se dessiner face à une forte recrudescence du Covid-19 dans les Alpes-Maritimes. Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, avait ainsi annoncé envisager cette option mardi au 20h de France 2, et il en a de nouveau été question aujourd'hui en fin de matinée lors de la réunion en visioconférence du comité local avec le Préfet. Mais si cette mesure a été demandé par le maire de Nice Christian Estrosi lundi suite à une réunion du conseil local de santé publique de la ville, elle est loin de faire l'unanimité dans le département. (Photo capture d'écran : Christian Estrosi lors de la réunion lundi du conseil de santé publique de Nice).

Les élus du pôle métropolitain CAP Azur vent debout contre l'avancée du couvre-feu

Ainsi les quatre maires de Cap Azur, le pôle métropolitain de l'ouest du département, ont contesté vivement aujourd'hui cette mesure contre la Covid-19 qu'ils dénoncent comme "inepte et encore plus destructrice d’économie " et ont demandé au Gouvernement d'y renoncer. Dans un communiqué, David Lisnard (Cannes), Charles Ange Ginésy (maire de Valberg et président du Département), Jean Leonetti (Antibes) et Jérôme Viaud (Grasse) ont également fait des propositions et déclinent leurs arguments.

"Aucune évaluation sanitaire tend à démontrer que les interactions sociales sont plus fortes à ces heures de la journée et aucune mesure de contrainte et de contrôle particulière n’est annoncée pour accompagner cette mesure."

"Au contraire, elle risque d’avoir un effet contre-productif car les gens vont s’agglutiner dans les grandes surfaces commerciales sur des temps plus réduits et parce que personne ne se retrouve dans ce magma de règles mouvantes."

"Comment les services publics vont-ils s’organiser pour assurer leur permanence (crèches, écoles, etc.) ? Bien évidemment, aucune précision n’est apportée.

Comment vont s’organiser les restaurants qui pratiquent le "click and collect" ? Silence de nouveau.

Et que penser du couple Maire/Préfet, tant vanté par le Gouvernement, qui n’est qu’une illusion ? Aucune concertation préalable n’a été organisée avec les Maires, la décision a été prise depuis Paris. Nous demandons la départementalisation des décisions et la prise en compte de la territorialité.

Le seul effet de cette mesure sera néfaste pour notre économie, pour nos commerces. Encore une fois, par des décisions unilatérales, mal préparées, on tue notre activité économique."

Il aurait été plus efficace d’établir un contrôle strict aux frontières et d’imposer des tests à l’arrivée à l’aéroport de tous les voyageurs.

Il aurait été également plus pertinent de déployer une stratégie de vaccination massive, anticipée, claire pour tous, ce qui éviterait des pressions isolées.

Encore une fois, les Maires et Présidents d’Agglomérations ainsi que le Président du Conseil départemental se trouvent devant le fait accompli de dispositions nationales qui concernent leurs territoires auxquelles ils n’ont été en rien associés et qu’ils devront faire appliquer sans mode d’emploi."

Les nouvelles mesures demandées par Christian Estrosi

Lundi, le conseil local de santé publique de Nice ne s'était cependant pas limité à réclamer un couvre-feu dès 18 heures contre 20 heures depuis le 15 décembre. Christian Estrosi avait ainsi demandé au gouvernement de bien vouloir mettre en œuvre plusieurs autres mesures dans les 24 heures dont le démarrage sans délai de la campagne de vaccination dans les Alpes-Maritimes (elle a commencé aujourd'hui mercredi). Le président de la Métropole avait demandé également une restriction de déplacements transfrontaliers avec l'Italie et avec Monaco en insistant sur une application dans la Principauté du même protocole sanitaire français (à Monaco, bars et restaurants restent ouverts et les Français transfrontaliers ne manquent pas d'en profiter).

Parmi les autres demandes du président de la Métropole sont listés un renforcement des contrôles à l'aéroport Nice Côte d'Azur et un renforcement des contrôles dans les commerces (vente à emporter) avec également la prise d'un arrêté municipal pour limiter la fréquentation des grandes surfaces à 50% des seuils définis par le gouvernement.

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