Comme Venise, Nice va-t-il bannir les gros bateaux de croisières de son périmètre ? L’annonce de Christian Estrosi, lors du meeting de rentrée de l’association des amis du maire, lundi, a provoqué une onde de choc dans le milieu touristique de la Côte. Le maire de Nice a ainsi déclaré son intention de se débarrasser des bateaux de croisières dès la prochaine saison estivale. Selon lui, ils n’ont pas de place à Nice. “Les croisières qui polluent, qui déversent leur clientèle low cost qui ne consomme rien, mais laissent leurs déchets derrière elles, je le dis : elles n’ont pas leur place chez nous" a-t-il notamment asséné. (Photo WTM : un paquebot en baie de Cannes où se pose la question du pouvoir des maires sur l'accueil de ces "hôtels flottants" ancrés en mer face à la Croisette).
A France 3 Côte d'Azur, Christian Estrosi a précisé ses intentions. Il a "décidé d’interdire, en fonction des contrats signés en 2025, ces grosses unités et de n’autoriser que celles qui n’excèdent pas 190 mètres et une capacité de 900 passagers, c’est à dire en moyenne 70% de fréquentation en moins". Un arrêté devrait être signé en ce sens à partir du 1er juillet 2025.
Et si la ville ne peut pas interdire à un bateau de mouiller dans la rade au-delà de la limite des 300 mètres (c’est du ressort de l’Etat), en revanche elle compte jouer des autorisations d’accoster à la gare maritime de Villefranche-sur-mer pour en finir avec les “villes flottantes”. C'est dit : ces gros paquebots, qui peuvent transporter jusqu’à 5.000 personnes, ne correspondent pas au modèle de tourisme que la métropole veut développer.
En fait cependant, cette interdiction ne concerne pas vraiment le port de Nice. Le quotidien Nice-Matin relève que l'été dernier, dans la centaine de navires qu’il a accueillie, aucun ne dépassait cette jauge des 190 mètres de longueur et des 900 passagers. La question en revanche se pose pour Villefranche-sur-mer, taillée pour recevoir ces grosses unités. La commune a déjà réduit la voilure passant de 200 navires en 2010 à une centaine aujourd'hui et n'accepte que les bateaux de moins de 3.500 passagers. Mais l’interdiction l’obligerait à réduire encore d’un cran et la priverait d’une partie des 200.000 croisiéristes reçus chaque année.
Si l'on prend les trois ports de la Côte d'Azur, ils accueillent près de 700.000 passagers avec, selon la direction interégionale de la mer Méditerranée, 117 escales dans le port de Nice, 107 à Villefranche-sur-mer et 175 à Cannes (essentiellement au mouillage). Pour le tourisme azuréen, qui au début des années 2000 avait cherché à attirer les compagnies de croisières à travers des opérations séduction, c'est aussi un changement de cap qui s'annonce.