Décentralisation : les CCI ne veulent pas se faire "plumer"

Posté jeu 27/02/2014 - 19:50
Par admin

Les CCI de France ont vivement réagi face aux intentions du gouvernement de les faire passer sous tutelle des Conseils régionaux dans le cadre du nouveau projet de loi de décentralisation. Président de la CCI de région PACA, Dominique Estève plaide pour une décentralisation respectant la place de chacun et jouant la complémentarité entre CCI et région.

Pourtant toujours très pondéré, le réseau des CCI de France fait montre aujourd'hui de sa colère. Il l'avait laissée éclater mardi 25 février à travers une intervention dans les médias nationaux. Dans le quotidien économique La Tribune, André Marcon, président de CCI France, ne mâchait pas ses mots : "Nous sommes en train de nous faire enfumer" rugissait-il à l'adresse du gouvernement qu'il suspectait fortement de vouloir faire passer les CCI sous tutelle des Conseils régionaux dans le cadre du nouveau projet de loi de décentralisation.

Dominique Estève (CCIR) : "ne pas occulter le rôle intrinsèque des CCI"

Une colère relayée aujourd'hui par les CCI Régionales. Ainsi dans un communiqué, Dominique Estève, président de la CCI de région Provence-Alpes-Côte d’Azur, monte au créneau. Il explique pourquoi il se joint au message commun de CCI France, du MEDEF et de la CGPME de mardi. "Simplifier l’organisation territoriale, améliorer la coordination des acteurs publics et économiques, éviter les doublons de structures et de services : les objectifs de la nouvelle loi de décentralisation du Gouvernement servent réellement, à mon sens, les besoins des entreprises, notamment les plus petites.

"En revanche, cette décentralisation ne peut se faire qu’en respectant la place de chacun, non en occultant le rôle intrinsèque des CCI, la légitimité et l’expertise de nos élus, eux-mêmes entrepreneurs, pour concevoir, adapter et déployer les meilleurs outils pour les chefs d’entreprise", poursuit Dominique Estève. Et de rappeler qu'il est bon de jouer complémentarité des deux parties.

"C’est le défi que nous relevons déjà, ensemble, avec la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : notre combat côte à côte en faveur de la réalisation d’infrastructures majeures pour l’attractivité de notre territoire, telle la Ligne Nouvelle Provence Côte d’Azur ; nos actions communes autour de la RSE comme levier de compétitivité pour les TPE et PME ; le co-pilotage de l’ARII qui va permettre de renforcer l’appui aux entreprises en termes d’Internationalisation et d’Innovation… "

Les CCI revendiquent un rôle central dans le développement économique

Quant à André Marcon, il explique les enjeux de ce bras de fer. Cette OPA "conduirait à priver les entreprises, en particulier les PME et les TPE, de l’expertise et de la légitimité des élus des Chambres de Commerce et d’Industrie, chefs d’entreprise eux-mêmes, ainsi que de l’ensemble des collaborateurs, pour définir les meilleurs outils à destination du monde économique".

Des enjeux aussi financiers. "Le transfert envisagé des missions des CCI vers les Régions permettrait à l’Etat, dans une relative discrétion, de doter les collectivités territoriales de nouvelles ressources fiscales." En clair ce seront "les entreprises qui paieront la facture d’une nouvelle étape de la décentralisation et qui pâtiront d’une offre de services dégradée".

Face à cette tentative, les présidents de CCI revendiquent un rôle central dans le développement économique. Ils ont rappelé leur attachement à la décentralisation s’il s’agit de renforcer l’appui aux entreprises et aux territoires de manière efficiente. Mais dans le même temps, ils ont appelé au respect du rôle de chacun, collectivités territoriales et chambres consulaires. Décentralisation oui; confiscation non.

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