Disparition de Pierre Schoendoerffer : retrouver son dernier interview à Cannes

Posté mer 14/03/2012 - 22:43
Par admin

Disparition aujourd’hui de Pierre Schoendoerffer. Retrouver l’interview du réalisateur écrivain que nous avions réalisé fin 2010 à l’occasion de l’hommage que lui avait rendu Cannes Cinéma en proposant une rétrospective de la quasi-totalité de ses films. Il évoquait le film fondateur de sa carrière : la 317ème section, ainsi que ses rencontres et ses discussions avec de jeunes cannois qui lui avaient donné la fierté d’être français en constatant que ces jeunes avaient le sens de la mémoire.

Disparition de Pierre Schoendoerffer : retrouver son dernier interview à Cannes

La 317ème Section vient d’être projetée lors de cette dernière soirée d’hommage. C’est le film fondateur de votre carrière ?

Oui, c’est mon premier film personnel, même si auparavant j’avais aiguisé mon couteau en faisant des documentaires. J’ai mis 5 ans pour pouvoir le tourner et c’était pour moi un quitte ou double car si le film n’avait pas eu  de spectateurs, ce qui voulait dire que les gens ne s’intéressaient pas à cette histoire, j’avais décidé de ne plus jamais faire de films de fiction.

Vous aviez aiguisé votre couteau en tant que caméraman de guerre, cela a eu une influence sur votre manière de filmer en plaçant constamment la caméra au milieu des soldats ?

Absolument, j’ai été marqué par cela, c’est mon expérience. Les metteurs en scène ont chacun leur propre route. Resnais est arrivé par le montage, Truffaut par la critique de cinéma, moi c’est par la caméra et la caméra comme soldat. J’étais là avec eux, un des leurs.

Dans la 317ème Section, il y a un thème qui revient souvent dans vos films : celui d’un combat perdu d’avance mené par des militaires ?

Oui, c’est très étrange. Il y a à la fois la conscience que c’est la fin de la route, et d’un autre coté il y a l’espérance, sans aucune logique ni raison. C’est mystérieux mais jusqu’au bout on avait l’espérance que nos rapports avec ce Vietnam qu’on aimait vraiment, n’iraient pas jusqu’à la déchirure complète.

Ce film a été restauré cette année, cela lui a donné une nouvelle jeunesse ?

Oui, parce qu’un film c’est comme un personnage, cela vieillit et là, tout d’un coup il a retrouvé sa jeunesse virginale du moment où il est sorti du ventre de sa mère, si j’ose dire. De plus, le travail considérable de restauration a été fait sous le contrôle de Raoul Coutard, le plus grand chef opérateur français qui avait eu une influence considérable dans la manière de le tourner.

C’est grâce à cette restauration qu’une succession d’hommages vous a été rendu cette année?

Oui, je suis très ému de cela car c’est un film qui a 45 ans et je suis touché de voir que les gens s’y intéressent encore, car cela veut dire que ce que je croyais volatil, comme le vent qui emporte les poussières, et bien non, c’est un peu plus que cela. La réception formidable que l’on m’a fait à Cannes, cela m’honore et me donne un peu de fierté.

Ici, au terme de 3 jours d’hommage, que retirez vous des discussions que vous avez eues avec différents publics ?

 Il y a d’abord les très jeunes dont le monde dont je parle leur est totalement étranger, presque préhistorique. Que ces jeunes soient capables de venir, de ressentir et de poser des questions intelligentes, cela me donne une fierté d’être français car je trouve que ces jeunes ont quelque chose qui me semble nécessaire : pas le devoir de mémoire, mais le sens de la mémoire.

Parmi ces jeunes, il y avait des étudiants en Cinéma, vous leur avez fait partager votre passion du 7ème Art ?

Je ne sais pas si j’ai pu leur communiquer cela. Je leur ai dit que c’était un métier très dur pour lequel il faut avoir une peau de crocodile et l’âme chevillée au corps. S’ils ont ça et foi en eux mêmes, ils y arriveront, mais c’est un métier où il n’y a pas de cadeau.

 

 

  

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