Dominique Pages : Où aura lieu le "Yalta" de 2010 ?
Vive la crise ! s'écrie de façon volontairement provocatrice Dominique Pages. Actuellement en mission en Russie, le fondateur du cabinet conseil Promest à Sophia Antipolis et docteur es "poil à gratter" estime que ce que nous vivons aujourd'hui est une sorte de 3ème guerre mondiale avec des "morts économiques" à la place de "morts physiques". Pour lui, ce conflit d'un genre nouveau devrait ouvrir sur un nouveau "partage" du monde entre les trois univers culturels et idéologiques qui dominent. Cela à l'instar du Yalta de 1945, symbole du nouvel ordre planétaire qui a suivi la seconde guerre mondiale. Ce point de vue, il le développe dans une tribune libre intitulée "Où aura lieu le « Yalta » de 2010 ?". Avec une conclusion qui justifie ce "vive la crise" : la création d’une nouvelle culture individuelle intégrant au plus profond du quotidien les références d’univers fortement hétérogènes à leur origine. Un challenge au long cours à relever, qui donnerait au monde un horizon constructif et potentiellement pacifique. Voici le texte de Dominique Pages. Où aura lieu le « Yalta » de 2010 ? "Et si la crise n'était pas une crise, mais une 3ème guerre mondiale d’un genre nouveau et peu habituel:
Mais malgré tout il s’agit bien d’une confrontation entre des univers culturels et idéologiques fortement hétérogènes et à la recherche d’une influence sur la planète :
L'émergence de ces modèles, comme historiquement a prospéré le modèle soviétique, était d'autant plus réalisable que géographiquement l'espace à occuper en dehors de leur territoire d'origine paraissait infini. Puis est arrivée la mondialisation, disons le droit d’extension au monde de chaque modèle économique, surtout quand il était au format occidental avec ses référentiels présentés comme universels. Mais en quelques années, ce qui était un terrain d’exportation et de conquête (au sens de la terra incognita) est devenu –du moins intellectuellement- le bac à sable commun. Et en même temps, le monde rétrécissant, l’expansion qui reste un des ressorts fondamentaux de la nature humaine n’a plus trouvé d’espace pour s’exprimer. De fait ces trois méta-modèles dominants se sont trouvés confrontés sur un espace limité, imposant une recomposition des termes de l’échange et de leurs territoires d’influence…. Une longue périphrase pour éviter d’appeler une guerre une guerre ! Mais comme il y aujourd’hui plus le sentiment d’une culpabilité internationale partagée que de la défaite d’un modèle au profit d’un autre, nous sommes plus dans une logique de recomposition des règles que celle d’un armistice. A cet égard la métaphore de Yalta peut reprendre du sens, si on la revoit sous l’angle d’une redéfinition consensuelle des modes relationnels entre les meta-modèles, non pas en partage géographique des zones d’influence. Car c’est bien vers la prise en compte culturelle de l’intervention – lourde - des autres modèles dans chacun des univers évoqués ci-dessus qu’il faut orienter la réorganisation des rapports de toutes natures entre leurs populations. Cela signifie probablement de « revoir le logiciel » dans de nombreux domaines, du quotidien concret au plus institutionnel:
De fait, dans un tel aggiornamento mondial, la « nouvelle frontière » sera pour tous la création d’une culture individuelle intégrant au plus profond du quotidien les références d’univers fortement hétérogènes à leur origine. Mondialisation diriez-vous ? Oui, si c’est une démarche d’appropriation individuelle du monde encouragée par l’Etat et non un mot d’ordre lancé par ce dernier, destiné à conquérir tel ou tel marché ou espace. Et avec un tel challenge à relever, dont l’assimilation nécessitera plusieurs générations, le monde aurait devant lui à nouveau un horizon constructif et potentiellement pacifique. Vive la crise !"
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