Donation Jean Ferrero : tout le foisonnement de l'Ecole de Nice!
Arman, César, Ben, Claude Gilli, Robert Malaval, Bernar Venet, Sacha Sosno et les autres : les 853 œuvres de la donation Jean Ferrero sont entrées dans le patrimoine de Nice. Un florilège d'une quarantaine de pièces est déjà exposé dans l’ancien Forum de l’Urbanisme de la Place Pierre Gautier.
C'est un peu toute l'histoire de l'Ecole de Nice que résume la donation Ferrero dont l'acte officiel a été signé mercredi signé par Christian Estrosi, député-maire de Nice, et Jean Ferrero, sur le site de l’ancien Forum de l’Urbanisme (Place Pierre Gautier à Nice). Au total, 853 oeuvres dont 48 d’Arman, 37 de César, 33 de Ben et pour le reste des oeuvres d’artistes dits de l’Ecole de Nice comme Claude Gilli, Robert Malaval, Bernar Venet, Serge III, Edmond Vernassa, Pinoncelli, Albert Chubac, Sacha Sosno… Tous les grands noms de ce qui reste comme l'une des grands mouvements artistiques du XXème siècle s'y retrouvent.
L’expertise de cette donation réalisée en novembre 2013 par le cabinet d’experts Maréchaux (Paris) pour l’art contemporain a estimé sa valeur totale à 2.500.000 euros. Mais au-delà, c'est son intérêt historique et artistique qui peut être apprécié. Les œuvres offertes par le collectionneur et galeriste niçois portent le foisonnement artistique de toute une période qui a vu naître et s’affirmer l’Ecole de Nice. Une période dont Jean Ferrero, fondateur de la galerie du même nom et acteur de la vie artistique niçoise des cinquante dernières années, a été un témoin privilégié.
Selon les termes de la convention de donation, certaines conditions devront être respectées. Les oeuvres devront être exposées au public à Nice, dans un lieu dédié. Elles ne pourront être dissociées sauf pour des manifestations temporaires. Pour l'exposition, c’est l’ancien Forum d’Urbanisme qui a été choisi. Un florilège d'une quarantaine de pièces donne déjà le ton. L’occasion de découvrir l’ "Estafette" de Ben, "Le Concerto de Pékin", seule oeuvre réalisée en Chine et en direct par Arman, les premières peintures de Venet datant de 1964 mais aussi des oeuvres de César, Gilly…
La ville de Nice a la chance de bénéficier régulièrement de donations ou de legs. Les donations Niki de Saint Phalle, Albert Chubac, du chef d’oeuvre "La Piscine" par la famille Matisse, de Bernar Venet, du Docteur Khalil Nahoul ou encore très récemment du collectionneur Berggreen, pour n’en citer que quelques-uns, sont ainsi déjà venues enrichir son patrimoine. S'y ajoute aujourd'hui l'Ecole de Nice de Jean Ferrero.
Ferrero : le souffle du XXème siècle et de l'Ecole de NiceLa biographie de Jean Ferrero recoupe le XXème siècle avec Nice et son foisonnement artistique. Né à Nice le 1er mars 1931, d’un père émigré italien et d’une mère française, Jean Ferrero obtient le certificat d’études en 1945 après que la guerre l’ait expédié deux ans dans une ferme des Alpes. Stage dans un collège d’apprentissage où il décroche un diplôme d’électricien en 1947. Découvre la boxe. Appelé pour son service militaire et refusant de porter les armes, il le termine en prison dans un bataillon disciplinaire d’où il sera libéré début 1951 à 20 ans passés. 36 petits métiers, autant de grosses misères ! Cette période difficile lui laisse le temps de pratiquer les sports de combat et autres, il rencontre Yves Klein et Arman qui s’adonnent au judo dans le même club que lui. Fervent adepte de la photographie, il commence sa carrière professionnelle en travaillant comme "photostoppeur", sur la Promenade des Anglais notamment, puis devient reporter dans des journaux (Le Patriote, Nice-Matin, la Stampa) et diverses agences. Il photographie même la faune et la flore de l’arrière-pays pour le National Geographic. Il navigue dans les milieux des arts et du spectacle et rencontre Charles Trénet, Charles Aznavour, Jacques Prévert, Marcel Carné ou Jean Cocteau… Il se spécialise dans les nus masculins athlétiques et sa réputation dépasse les frontières. Il poursuivra cette activité jusqu’en 1975. Boulimique, il accumule tableaux, sculptures, art africain… Sa notoriété lui ouvrant la porte de grands magazines (comme la revue XXème Siècle), il réalise des reportages photo et cinéma sur les grands artistes du moment, faisant connaissance de Picasso, Chagall, Miro, Moore, Fontana et autres, sans pour cela oublier ses amis, les Nouveaux Réalistes. Cette débauche d’achat le pousse vers le métier des arts à part entière, il ouvre sa première grande galerie sur le port de Nice suivie de celle de la rue de France et du grand espace rue du Congrès. Grandement aidé par sa compagne Michelle, il peut en parallèle réaliser photos et films sur les évènements artistiques de la Côte. Son espace devient le rendez-vous incontournable des artistes et marchands d’art contemporain. Les années passent, la roue tourne … Les disparitions de ses proches, de ses meilleurs amis, César, Restany, Folon et Arman et la séparation d’avec sa compagne l’incitent à céder son commerce en 2003. Libéré, il peut, aidé de ses assistants, s’occuper enfin à temps complet de ses archives photos, films et commencer à montrer ses collections dans diverses expositions. |